DAMAS : La Russie, qui a envahi l'Ukraine le 24 février, est militairement présente en Syrie où depuis 2015 elle intervient au côté des forces du régime de Bachar al-Assad et a pu mettre à l'épreuve son armement et ses tactiques.
Elle a renforcé ses liens économiques avec ce pays du Moyen-Orient, son allié de longue date, où la guerre a fait environ 500.000 morts depuis son déclenchement en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, mais aussi marqué son empreinte culturelle.
Présence militaire
En 2015, la Russie mène ses premières frappes aériennes en Syrie pour soutenir les forces du régime, qui étaient en déroute, contre les rebelles et les jihadistes.
Cette intervention marque un tournant dans le conflit, permettant aux forces prorégime de regagner au fur et à mesure des territoires perdus.
Selon Moscou, plus de 63.000 militaires russes ont servi dans la campagne syrienne. Il n'est pas clair combien de soldats y sont toujours présents aujourd'hui, mais en 2019 la Russie a fait état de 3.000 de ses soldats déployés en Syrie.
La Russie dispose aussi de deux bases militaires dans l'ouest syrien: une base aérienne à Hmeimim et une base navale au port de Tartous.
Ces bases sont protégées par des systèmes de défense équipés de missiles S-300 et S-400.
La Russie domine en grande partie l'espace aérien syrien. Des avions bombardiers tels que les Tupolev Tu-22 et Tu-160 ont frappé des cibles à plusieurs reprises.
Les navires de guerre et les sous-marins russes ont également contribué aux combats en ciblant notamment le groupe jihadiste Etat islamique (EI) avec des missiles tirés depuis la Méditerranée.
La plupart des systèmes d'armes russes ont été testés en Syrie, selon des déclarations en 2021 du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou rapportées par l'agence de presse TASS.
Des responsables et des observateurs ont signalé la présence d'une "armée de l'ombre" de mercenaires russes en Syrie, dont ceux travaillant pour la société de sécurité privée russe Wagner qui intervient également en Ukraine.
Accords avec des compagnies russes
Le Kremlin exerce un rôle croissant dans l'économie syrienne grâce à ses liens et politiques et militaires solides avec le régime, qui remontent au temps de l'URSS.
Damas et Moscou ont signé plusieurs accords ces dernières années dans les domaines de l'énergie, la construction et l'agriculture.
La compagnie Stroytransgaz a ainsi obtenu la gestion pour une durée de 49 ans du port de Tartous, un des plus importants de Syrie.
Cette même compagnie a signé un accord pour la production de phosphate dans la région de Palmyre (centre).
Et en mars 2020, un contrat évalué à 22 millions de dollars a été conclu entre Damas et Stroytransgaz, selon le site économique "The Syria Report".
Il autorise la compagnie russe à déminer, réhabiliter, explorer et développer les champs pétroliers d'Al-Thawra (est), avec une exonération fiscale, d'après le site.
La Syrie a accordé quatre autres contrats d'exploration de champs pétroliers à plusieurs sociétés russes, entre septembre 2019 et janvier 2020, selon la même source.
L'aide financière russe à la Syrie est très limitée mais Moscou lui fournit du blé.
Influence culturelle
Le président Vladimir Poutine, qui s'est rendu à deux reprises en Syrie depuis 2017, est populaire dans les régions contrôlées par le régime.
Dans des villages proches des bases militaires russes, des photos de M. Poutine et des drapeaux russes ornent des poteaux électriques et des bâtiments, tout comme sur les marchés et quelques bâtiments gouvernementaux.
En 2014, le ministère syrien de l'Education a ajouté la langue russe comme option facultative dans les écoles, en plus de l'anglais et du français.
Plus de 100 écoles enseignent le russe et la Faculté des Lettres de l'Université de Damas abrite un département de cette langue.
Au coeur de Damas, un centre culturel russe a ouvert en 2019 et la télévision d'Etat syrienne diffuse un bulletin d'informations quotidien en russe.