Ethiopie: des attaques «sans précédent» contre les réfugiés érythréens

Des filles vues à travers une vitre dans l'enceinte de l'hôtel Agda, en Éthiopie, où des milliers de réfugiés érythréens ont fui à pied pour échapper à des tirs. (AFP).
Des filles vues à travers une vitre dans l'enceinte de l'hôtel Agda, en Éthiopie, où des milliers de réfugiés érythréens ont fui à pied pour échapper à des tirs. (AFP).
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Publié le Lundi 28 février 2022

Ethiopie: des attaques «sans précédent» contre les réfugiés érythréens

  • La scène est devenue commune dans une Ethiopie ravagée par la guerre: des milliers de réfugiés érythréens, fuyant à pied les tirs d'artillerie et d'armes à feu
  • «L'Ethiopie n'est plus un lieu sûr pour les réfugiés érythréens - c'est assez évident», affirme Sarah Miller, membre de l'ONG Refugees International

SEMERA, Éthiopie: La scène est devenue commune dans une Ethiopie ravagée par la guerre: des milliers de réfugiés érythréens, choqués, séparés de leurs proches, et fuyant à pied les tirs d'artillerie et d'armes à feu.

En février, à nouveau, un camp de réfugiés situé à Bahrale, dans le nord-est de la région Afar, a été attaqué. Les assaillants étaient, selon des victimes, des rebelles de la région voisine du Tigré, où le conflit a débuté il y a 15 mois.

Au moins cinq personnes ont été tuées et un nombre inconnu de femmes ont été kidnappées. 

Ceux qui ont eu la chance de fuir sont maintenant éparpillés à travers l'Afar, perdus dans un pays qu'ils considéraient comme un havre de paix comparé à leur terre natale, avant que n'éclate la guerre.  

Pour la première fois à Bahrale, des réfugiés érythréens ont été ciblés en dehors du Tigré, renouvelant les inquiétudes quant à la prise en charge de cette population extrêmement vulnérable. 

"Je ne peux insister assez sur le caractère sans précédent de (ce qu'il se passe)", affirme Sarah Miller, membre de l'ONG Refugees International, soulignant "l'échelle et l'étendue" des abus commis contre les Érythréens depuis le début du conflit. 

"L'Ethiopie n'est plus un lieu sûr pour les réfugiés érythréens - c'est assez évident". 

«Crimes de guerre»

La présence de ces réfugiés remonte à plus de vingt ans, les premiers étant arrivés en 2000, vers la fin de la guerre frontalière qui a opposé l'Erythrée à l'Ethiopie. 

Avant le début de la guerre au Tigré, quelque 113.000 réfugiés érythréens étaient enregistrés au Tigré et en Afar, selon les Nations unies.

La plupart ont fui le régime autoritaire d'Issaias Afeworki, le président de l'Erythrée, surnommée la "Corée du Nord de l'Afrique" en raison des violations répétées des droits humains dans ce pays. 

Le Premier ministre Abiy Ahmed a reçu en 2019 le prix Nobel de la paix en partie pour le rapprochement surprise qu'il a conclu avec M. Issaias, mettant fin à deux décennies d'impasse politique. 

Le président érythréen et le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF) restent cependant des ennemis jurés. Les réfugiés érythréens avaient ainsi continué à se sentir en sécurité au Tigré. 

Tout a changé lorsque M. Abiy a envoyé l'armée fédérale dans cette région en novembre 2020, et y a reçu l'appui de l'armée érythréenne. 

Au début du conflit, deux camps situés près de la frontière ont connu des violences - meurtres, viols et pillages - de la part de rebelles tigréens et de soldats érythréens, ce que l'ONG Human Rights Watch a qualifié de "crimes de guerre évidents". Les deux camps ont finalement été détruits et des milliers de personnes ont été portées disparues. 

En juillet, les combats ont touché deux autres camps, plus au sud du Tigré. Depuis, les réfugiés y ont fait face à des pénuries de nourriture et d'aide médicale. Trois réfugiés y ont été tués par des tirs de drones en janvier.

Pillages, enlèvements

L'attaque sur le camp de Bahrale a débuté le 3 février, dans le cadre d'une offensive plus large du TPLF en Afar, qui a éloigné un peu plus les espoirs de paix, selon les diplomates.

"Des armes lourdes ont été envoyées dans le camp de réfugiés et les forces tigréennes ont pris le contrôle de la zone. Le même jour, ils ont commencé à piller les biens", se rappelle un survivant dont le témoignage a été recueilli par une agence humanitaire puis transmis à l'AFP. 

"Ils ont kidnappé des femmes réfugiées, nous ne savons pas où elles sont", a expliqué cette femme, séparée de sa soeur et de son fils de neuf ans. 

Des centaines de réfugiés de Bahrale ont trouvé un nouveau refuge dans la cour de l'hôtel Agda, à Semera, la capitale afar, s'abritant sous des cartons pour échapper au soleil brûlant.

"Pendant trois jours nous n'avons pas eu la moindre nourriture, ni eau, mais parce que nous avions peur nous n'avons même pas pensé à cela", raconte l'un d'eux, Abdu Ahmed à l'AFP.

Un porte-parole du TPLF a qualifié de "mensonges" les allégations selon lesquelles ses troupes avaient attaqué Bahrale. 

«Responsabilité particulière»

Sur les 34.000 réfugiés enregistrés dans et autour de Bahrale, moins de la moitié – 14.250 – ont pu dernièrement être comptabilisésa déclaré la semaine dernière à l'AFP le porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés, le HCR, Neven Crvenkovic.

L'Ethiopie dit prévoir de les héberger sur un "site temporaire" à Serdo, à 40 kilomètres de Semera. Mais, ailleurs dans le pays, la lenteur de ces projets a pu être observée. 

Des réfugiés ont dit à l'AFP avoir le coeur brisé de devoir fuir Bahrale.

"Si Dieu m'a pris ma famille et ma maison, je n'ai personne vers qui me retourner, je l'accepterai", observe Halima Kedir, qui n'a pu retrouver qu'un seul de ses huit enfants depuis l'attaque. 

Pour Mme Miller, de Refugees International, les malheurs des Erythréens illustrent plus largement la difficulté de protéger les civils en temps de guerre. 

Le conflit a fait des milliers de morts et, selon l'ONU et les Etats Unis, poussé des centaines de milliers de personnes vers la famine. 

"Nous avons une responsabilité particulière envers les réfugiés érythréens (...) qui n'ont personne pour les protéger", conclut-elle.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.