ADDIS ABEBA: Les troupes érythréennes combattant dans la région du Tigré «ont commencé à évacuer», un jour après que les pays du G7 ont appelé à leur retrait rapide, a assuré samedi l'Ethiopie.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé la semaine dernière que les forces érythréennes quitteraient le Tigré, trois jours après avoir finalement reconnu leur présence et face à des informations faisant état de massacres et de violences sexuelles généralisées.
Mais les habitants de certaines villes du Tigré ont continué à signaler la présence de soldats érythréens ces derniers jours. Le G7 a estimé vendredi que leur départ devait être «rapide, inconditionnel et vérifiable».
Il a également souhaité «la fin de la violence et la mise en place d'un processus politique clair, inclusif et acceptable pour tous les Éthiopiens, y compris ceux du Tigré».
Dans un communiqué publié sur internet samedi soir, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déclaré que le processus avait commencé.
«Comme annoncé la semaine dernière, les troupes érythréennes qui avaient franchi la frontière lorsqu’elles ont été provoquées par le TPLF ont maintenant commencé à évacuer», précise le texte, ajoutant que l’armée éthiopienne est désormais «chargée de garder la frontière nationale».
Le TPLF est le Front populaire de libération du Tigré, ancien parti au pouvoir au Tigré qui a dominé la politique nationale en Éthiopie pendant près de trois décennies avant l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en 2018.
Il a envoyé des troupes au Tigré en novembre, une décision qui, selon lui, a fait suite à des attaques du TPLF contre des camps de l’armée fédérale.
Addis Abeba et Asmara ont longtemps nié que les Érythréens étaient actifs dans le Tigré, malgré les témoignages de résidents, de groupes de défense des droits humains, de diplomates et même de certains responsables civils et militaires éthiopiens.
Les forces fédérales éthiopiennes ont reçu l'appui de forces venues d'Érythrée, pays frontalier du Tigré au nord, et de la région éthiopienne de l'Amhara, qui borde le Tigré au sud, et M. Abiy a proclamé la victoire le 28 novembre, après la prise de la capitale régionale Mekele.
Les troupes érythréennes sont accusées d'atrocités (massacres, viols, pillages...) au Tigré.
Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé les troupes érythréennes d’avoir notamment tué des centaines de personnes dans la ville sainte tigréenne d'Aksoum en novembre.
L'AFP a également documenté un massacre qui aurait été perpétré en novembre par les troupes érythréennes dans la ville de Dengolat.
Jeudi, des chercheurs de l'Université de Gand (Belgique) ont affirmé dans un article avoir identifié 1 942 victimes civiles, dont seulement 3% sont mortes dans des bombardements et des frappes aériennes. Ils ont également recensé 151 «massacres», dans lesquels au moins cinq civils non armés ont été tués.
Leurs conclusions n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.