KHARTOUM : Habituellement, ce sont des cohortes de jeunes qui conspuent dans la rue le pouvoir militaire au Soudan, mais samedi, des milliers de pères et de mères sont sortis pour "dire aux jeunes qu'ils ne sont pas seuls" face à la répression.
Depuis le putsch du 25 octobre, 83 manifestants ont été tués dont une dizaine d'adolescents et plus de 2.000 autres blessés, selon des médecins prodémocratie.
"On manifeste aujourd'hui pour dire à nos fils et à nos filles qu'ils ne sont pas seuls et pour dire au pouvoir qu'il doit arrêter de tuer nos enfants", a déclaré à l'AFP Faïza Hussein, l'une des manifestantes dans la capitale Khartoum.
"On est là pour soutenir les jeunes dans leur révolution", a renchéri Hassan Ali, 63 ans, "et pour réclamer la fin des tueries".
Les tirs réguliers à balles réelles ou l'utilisation de grenades lacrymogènes comme projectiles mortels contre les manifestants par les forces de sécurité ont été pointés du doigt par l'ONU.
Son émissaire pour les droits humains, le Sénégalais Adama Dieng, les a dénoncés cette semaine après une visite à Khartoum, appelant le pouvoir du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée et auteur du putsch, à "revoir sa réponse" aux manifestants.
Le général Burhane a reconnu que des officiers avaient utilisé "leurs fusils Kalachnikov" contre des manifestants mais assure qu'il s'agit d'initiatives personnelles contrevenant aux ordres.
La rue, elle, continue de réclamer justice pour les victimes de la répression, mais aussi pour les plus de 250 manifestants tués lors de la révolte qui renversa en 2019 le dictateur Omar el-Béchir.
Elle exhorte également les autorités à libérer les militants arrêtés après le coup d'Etat et encore derrière les barreaux.
D'après M. Dieng, il s'agit d'une "vingtaine" de militants pour beaucoup des jeunes, qui "n'ont jamais rencontré d'avocats".