Le sort du Soudan en jeu alors que la transition démocratique piétine

Des manifestants soudanais réclament un gouvernement civil lors d'un rassemblement à Omdourman, ville-jumelle de Khartoum, le 14 février 2022 (Photo, AFP).
Des manifestants soudanais réclament un gouvernement civil lors d'un rassemblement à Omdourman, ville-jumelle de Khartoum, le 14 février 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 avril 2022

Le sort du Soudan en jeu alors que la transition démocratique piétine

  • Les forces de sécurité ont violemment dispersé des manifestations contre le coup d'État à Khartoum, Omdurman, Darfour et ailleurs
  • Le manque d'informations fiables en provenance de l'intérieur du pays constitue un défi pour les observateurs des droits de l'Homme

DUBAÏ: La photographe et militante Lana Haroun, 34 ans, était à Khartoum en 2019, à l'épicentre de la révolution au Soudan. Elle a contribué à documenter la rage et l'optimisme du mouvement qui a mis fin au règne de 30 ans du dictateur Omar al-Bachir en avril de la même année.
Comme des milliers de Soudanais qui rêvaient depuis longtemps d'un changement politique, Haroun était pleine d'espoir lorsque le pays a ensuite entamé une transition difficile vers un régime civil démocratique. Ces espoirs se sont cependant vite mués en désarroi.
Abdalla Hamdok, un diplomate respecté de l'ONU, nommé Premier ministre en août 2019, a offert un espoir de paix et de prospérité au pays. Mais avec une économie en crise, le Soudan a rapidement commencé à manquer de nourriture, de carburant et de médicaments.

Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok (Photo, AFP).

Tout en reconnaissant les difficultés découlant des mesures d'austérité adoptées, Hamdok a émis l'espoir que leur impact positif se ferait bientôt sentir.
Cependant, les manifestations de rue quotidiennes devenant de plus en plus violentes, Haroun décide qu'il est temps de quitter le pays. En novembre 2020, elle plie bagage avec sa famille et s'installe à Dubaï, où elle travaille désormais pour une entreprise pétrolière.
«La situation économique était très mauvaise au Soudan et il y a beaucoup de choses que je voulais faire dans ma vie», raconte-t-elle à Arab News. «Je devais partir.»

Le général Abdel Fattah al-Burhan (Photo, AFP).

La transition démocratique du Soudan s'est interrompue en octobre 2021 et le renversement du gouvernement Hamdok par le coup d'Etat du général Abdel Fattah al-Burhan.
En réponse à la condamnation internationale qui a suivi, les militaires ont proposé un accord de partage du pouvoir et réintégré Hamdok au poste de Premier ministre en novembre. Cet accord s'est toutefois avéré impopulaire auprès des groupes pro-démocratiques, ce qui a conduit Hamdok à démissionner le 2 janvier.

«Personne ne sait ce qui va se passer maintenant», explique Haroun. «Beaucoup de gens quittent le Soudan parce qu'ils ont peur de perdre leur vie, pas seulement parce qu'il n'y a pas de nourriture ou d'argent, mais parce qu'ils ont peur d'être tués».
«Le Soudan est aujourd'hui pire qu'à l'époque de Bachir. Nous n'avons pas ce dont nous avons besoin pour vivre normalement et le nombre de personnes tuées est plus élevé que jamais.»

Dans une allocution télévisée après sa démission, Hamdok a déclaré que le pays se trouvait dans un «tournant dangereux qui menace toute sa survie». Ce n'était pas exagéré ; avec une inflation croissante, des pénuries de produits de base et des troubles meurtriers à Khartoum, les perspectives ont rarement été aussi sombres.
«Le Soudan est malheureusement passé de la grâce d'être une rare histoire positive dans la Corne de l'Afrique à tomber aux mains d'un autre régime militaire», a déclaré à Arab News Mohammed Osman, ancien journaliste soudanais et spécialiste indépendant de la région.
«C'est l'histoire qui se répète pour la troisième fois depuis l'indépendance du pays. Mais cette fois, c'est une combinaison poignante de tragédie et de farce.»
Un défi majeur pour les observateurs internationaux est le manque d'informations fiables provenant de l'intérieur du Soudan, en grande partie du aux fréquentes coupures d'internet.


Parmi les personnes visées figurent les membres du Comité pour le démantèlement du régime du 30 juin 1989.


Par conséquent, la responsabilité des meurtres de manifestants - qu'ils soient le résultat de luttes intestines entre factions, de la criminalité ou d'un ciblage délibéré par les redoutables Forces de soutien rapide - est difficile à établir.
«Personne ne sait qui tue dans les rues», explique Haroun, qui tente de suivre les événements du mieux qu'elle peut depuis son exil auto-imposé à Dubaï.
«C'est de la folie. Mais il est sûr que ces tueries sont le fait des militaires eux-mêmes, car ce sont eux qui mènent la danse au Soudan maintenant.»
Depuis octobre, la valeur de la livre soudanaise s'est dépréciée de façon alarmante, aggravant la pression inflationniste. Le retrait du Soudan en 2020 de la liste américaine des États soutenant le terrorisme était censé stimuler les flux financiers susceptibles de favoriser la croissance. À tous égards, cet avantage a été gâché.
«L'économie avait déjà du mal à se redresser», détaille Osman. «Maintenant, ce coup d'État a aggravé sa situation, rendant la vie à Khartoum très difficile. Beaucoup de gens n'ont plus d'argent et tentent de quitter le pays.»
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, environ 14,3 millions de personnes au Soudan, soit près d'un tiers de la population, auront besoin d'une aide humanitaire cette année - soit environ 0,8 million de plus que l'année dernière.
Pour compliquer encore les choses, les litiges concernant les terres, le bétail, l'accès à l'eau et aux pâturages ont déclenché, depuis octobre 2021, un pic d'affrontements tribaux, de pillages et de viols dans la vaste région aride du Darfour.
Le Programme alimentaire mondial a suspendu ses opérations à la suite du pillage de ses entrepôts dans l'État du Nord-Darfour, un acte qui a «privé près de deux millions de personnes de la nourriture et du soutien nutritionnel dont elles ont désespérément besoin», a déclaré l'agence.
Bien que le conflit principal du Darfour se soit apaisé, les parties du Darfour qui bordent le Tchad sont truffées d'armes et abritent la plupart des trois millions de personnes déplacées du Soudan.

Manifestants soudanais lors du soulèvement de 2019 contre Omar al-Bachir (Photo, Lana Haroun).

«La situation à court et moyen terme est très sombre», explique Rachid Abdi, analyste de la Corne de l'Afrique au think tank Sahan Research, basé à Nairobi. «L'armée, retranchée, a refusé toute idée de résolution. Ils veulent une solution selon leurs propres conditions.»
«Je pense qu'ils comprennent qu'ils ne poursuivront pas la stratégie de Bachir et espèrent qu'un gouvernement militaire sera acceptable à long terme.»
Mais Abdi pense que le public soudanais n'acceptera pas ce statu quo, donc les chefs de l'armée veulent probablement établir une administration civile qui soit faible et qu'ils puissent contrôler. Si tel est le schéma de l'armée, il est peu probable, selon lui, que l'opinion publique soudanaise l'accepte.
«Ils espéraient que Hamdok sera la personne capable de conduire le pays vers des jours meilleurs», indique-t-il. «Je pense qu'il s'est retrouvé piégé par les militaires, qu'il n'a pas pu manœuvrer et qu'il a fait ce qu'il fallait, à savoir démissionner.»
Le 26 janvier, les clivages au sein de la société soudanaise ont semblé se creuser davantage lorsque des milliers de manifestants pro-militaires se sont rassemblés devant le bureau de Khartoum de la Mission intégrée d'assistance à la transition des Nations unies au Soudan (UNITAMS), exigeant la fin de «l'ingérence étrangère» et le «retour au pays» du représentant spécial des Nations unies pour le Soudan, Volker Perthes.
Perthes, qui a été nommé à la tête de l'UNITAMS en janvier 2021, a tenté d'amener les parties prenantes soudanaises à la table des négociations pour discuter d'une solution politique pacifique et relancer la transition démocratique.
Selon lui, l'ONU elle-même «ne présentait aucun projet, aucune ébauche ou vision en vue d'une solution.» Mais le gouvernement soudanais dirigé par l'armée a rejeté ses efforts, affirmant qu'il devait travailler en tant que «facilitateur et non médiateur.»
Dans le même temps, les manifestants anti-coup d'État, majoritairement jeunes, ont continué à défiler dans les rues de Khartoum, où ils se heurtent régulièrement aux forces de sécurité dans le cadre d'une répression féroce des dissidents. Depuis le coup d'État, au moins 79 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées.

Des partisans de l'armée soudanaise se rassemblent devant les bureaux de la mission des Nations Unies, à l'ouest de Khartoum, la capitale du Soudan, le 5 février 2022 (Photo, AFP).

La tâche colossale de rétablir la transition démocratique incombe à une population qui en a assez des incessants conflits internes, des déplacements de population et de la paupérisation.
«Les manifestations ne se déroulent pas seulement à Khartoum, mais aussi au Darfour et dans d'autres régions du pays», déclare Erika Tovar Gonzalez, coordinatrice de la communication et de la prévention au Comité international de la Croix-Rouge depuis la capitale soudanaise.
Il en résulte deux visions a priori irréconciliables, avec le sort de la nation suspendu dans la balance.
«Même les partis politiques soudanais qui auraient été prêts à accorder le bénéfice du doute à Al-Burhan pour des raisons pragmatiques sont plus prudents maintenant», ajoute Gonzalez.
«Parce qu'une fois qu'ils s'allient avec les militaires, ils nuisent à leur crédibilité et n'obtiennent aucun soutien de la part du public. Al-Burhan est devenu un allié plus toxique.»

Le plus haut général du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, salue des soldats lors d'un exercice militaire dans la région de Maaqil le 8 décembre 2021 (Photo, AFP).

Les experts estiment donc qu'il est peu probable qu'Al-Burhan et les militaires puissent maintenir leur emprise sur le pouvoir.
«Je ne pense pas que la (stratégie) militaire soit claire», enchérit Abdi. «On peut spéculer que les militaires sont conscients qu'ils ne seront pas acceptés, mais ce qu'ils essaient de faire, c'est de gagner du temps pour concrétiser leur promesse de sortie.»
Pour Osman, les militaires ont mal calculé la tournure que prendraient les événements après le coup d'État d'octobre dernier.
«Qui leur donnera de l'argent maintenant ?», demande-t-il. «L'aide occidentale est suspendue. Les pays du Golfe ne leur donneront pas assez d'argent. Vous ne pouvez pas stabiliser un régime sans argent. Les militaires se sont tiré une balle dans le pied. La situation économique ne peut qu'empirer s'ils poursuivent ce coup d'État.»
D'après lui, «Il n'y a aucun espoir de compromis politique si l'armée ne met pas d'abord fin à sa répression meurtrière des manifestations.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".