Un podcast musulman britannique fait la lumière sur les problèmes de santé mentale «inavoués»

Supporting Humanity publiera chaque mois un épisode traitant de différents problèmes. (Shutterstock)
Supporting Humanity publiera chaque mois un épisode traitant de différents problèmes. (Shutterstock)
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Publié le Vendredi 25 février 2022

Un podcast musulman britannique fait la lumière sur les problèmes de santé mentale «inavoués»

  • Le podcast est animé par trois mères musulmanes spécialisées dans la santé mentale et le soutien émotionnel
  • «Les choses dont nous voulons parler peuvent mettre les gens mal à l'aise. Mais la seule façon de lutter contre la stigmatisation est d'en parler»

LONDRES: Un nouveau podcast visant à agir contre la stigmatisation existant autour de la santé mentale dans la communauté musulmane du Royaume-Uni analysera des sujets qui sont rarement évoqués et souvent négligés, affirment ses animatrices.

Le podcast, qui sera lancé cette semaine, sera diffusé par l'association britannique caritative pour la santé mentale et le deuil Supporting Humanity, le 25 de chaque mois.

Il est animé par trois mères musulmanes spécialisées dans la santé mentale et le soutien émotionnel.

«Il existe de nombreux podcasts, mais je pense qu'il y a un manque de podcasts suffisamment axés sur la communauté musulmane, et en particulier, se concentrant sur des choses dont on ne parle pas vraiment», a affirmé à Arab News Tahreem Noor, animatrice et responsable des opérations et de la communication à Supporting Humanity.

Divers invités participeront au podcast, notamment des personnes qui ont connu des problèmes de santé mentale, des bénévoles pour le soutien émotionnel, des imams, des conseillers et des thérapeutes.

Les animateurs et les invités conseilleront les auditeurs sur la façon d'obtenir de l'aide et offriront des recommandations pratiques en conjuguant santé mentale et conseils spirituels.

Noor, âgée de 37 ans, a affirmé que de nombreux podcasts existants ne traitaient que de «sujets prudents» – chose que les trois animateurs espèrent éviter.

«Ce que nous voulons vraiment accomplir avec le podcast Supporting Humanity, c'est d’évoquer des vérités dont on ne parle pas, parce qu’on a trop peur d'ouvrir cette boîte de Pandore, ne sachant pas vraiment où cela peut conduire», a précisé Noor.

L'épisode de lancement, qui sera diffusé vendredi, présentera les trois animatrices et l'association caritative, qui a été créée au début de la pandémie de Covid-19. À partir de là, les trois animatrices discuteront de ce à quoi les auditeurs s'attendent dans les prochains épisodes, notamment les problèmes que Supporting Humanity a notés au cours des deux dernières années et qui sont importants pour la communauté musulmane britannique.

Originaire du Pakistan, Noor, mère de deux enfants, a affirmé qu'elle avait elle-même connu des problèmes de santé mentale et qu'elle avait «ignoré» et «négligé» le sujet en raison de son éducation dans un foyer et une communauté musulmans asiatiques.

«En grandissant, je me suis toujours qualifiée de forte émotionnellement et je pense que c'était faux, parce que je me suis conditionnée à croire que j'étais émotionnellement forte. Le fait était que je cachais mes émotions et que je n'en parlais pas», a-t-elle confié.

Dans un premier temps, les trois animatrices effectueront une série sur le deuil, destinée aux personnes qui ont perdu des membres de leur famille et des amis en raison de la pandémie de Covid-19.

Supporting Humanity diffusera des épisodes mettant en évidence des stratégies pour faire face à la perte d'êtres chers et la façon de gérer le deuil en tant qu'individu au sein d'un mariage et d'une famille.

Un épisode qui sera diffusé avant le mois sacré musulman du Ramadan fournira aux gens une plate-forme pour parler des difficultés qu'ils ont rencontrées lors de la perte d’un être cher, ainsi que de l’importance de ce mois de jeûne.

Rebecca Kibria, bangladaise britannique, mère de deux enfants, et animatrice principale du podcast, a affirmé que le message essentiel qu'elle essayait de faire passer était le fait que les problèmes de santé mentale existaient et que les personnes «n'avaient pas besoin de souffrir en silence».

Tayiba Syed, 37 ans, pakistanaise britannique, mère de deux enfants, est la troisième animatrice avec Kibria et Nour.

Kibria a indiqué que les trois femmes aborderaient également la question de la violence domestique, avec une approche qui dépasse la focalisation sur la violence physique.

D'autres épisodes analyseront différents types de dépendance, allant de l'alcool aux drogues, au jeu, au sexe, ainsi qu’à leurs effets sur les enfants ou le mariage, a-t-elle ajouté.

Diplômée en psychologie, Kibria, âgée de 27 ans, a affirmé que Supporting Humanity voulait rendre le podcast aussi «diversifié que possible».

«Nous voulons aborder tous les sujets. À titre d’exemple, pendant le mois de l'Histoire des Noirs, nous inviterons un musulman noir pour parler des difficultés qu'il a connues, car il a également été victime de racisme au sein de la communauté», a ajouté Kibria.

«Les choses dont nous voulons parler peuvent mettre les gens mal à l'aise. Mais la seule façon de lutter contre la stigmatisation est d'en parler.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).