MARSEILLE, France : Pour sentir le «Bruit du monde», Marie-Pierre Gracedieu et Adrien Servières ont choisi la bouillonnante Marseille, chose rare dans le milieu de l'édition très parisien, d'où ils ambitionnent de publier «de nouvelles voix» de la littérature étrangère et francophone.
Lors du lancement mardi depuis des bureaux élégants et chaleureux, ce couple, qui a travaillé chez Stock ou Gallimard, s'est mis sous la houlette du numéro deux de l'édition en France, Editis, propriété de Vivendi.
«C'est compliqué dans des maisons très institutionnelles de faire de la place à de nouvelles voix et de nouvelles formes. On souhaite embarquer le lecteur dans une destination à laquelle il n'était pas préparé, les histoires les plus surprenantes», a expliqué Marie-Pierre Gracedieu qui dirigeait la collection Du Monde Entier chez Gallimard avant de se lancer dans ce projet personnel.
Le choix de Marseille s'est imposé tant «cette ville est à la fois pour la tête et le corps» et doit permettre «de décentrer nos regards et ceux des lecteurs».
C'est ici que Robert Laffont avait fondé en 1941 les éditions du même nom. Depuis la région Provence-Alpes-Côte d'Azur est surtout connue pour accueillir les éditions Actes Sud, ancrées à Arles. Et, Marseille fourmille de plus petites maisons comme Les mots et le reste ou les éditions du Typhon ou encore Agone.
Il y a quelques jours l'ancien président du Rugby club toulonnais Mourad Boudjellal, lui aussi adossé au groupe Editis, annonçait son retour dans l'édition en bande dessinée, avec comme premier titre une fiction sur une présidence d'Éric Zemmour.
«Marseille est un lieu romanesque, une ville bruyante et le bruit c'est la vie», a surenchéri Christian Astolfi, un des premiers auteurs qu'ils publieront avec un roman dans les chantiers navals de la Seyne-sur-Mer (Var), «De notre monde emporté».
D'ici là, Le bruit du monde fera découvrir début mars aux lecteurs français l'autrice néerlandaise Hanna Bervoets pour un roman sur les modérateurs de contenus, «Les choses que nous avons vues».
Ou l'Américaine Alice Kaplan, spécialiste de Camus, qui va publier sa «Maison Atlas» sur l'histoire d'une famille juive qui a choisi de rester en Algérie envers et contre tout.
A terme une vingtaine d’oeuvres seront publiées par an dont au moins une graphique.