Présidentielle: les parrainages au cœur des préoccupations, Pécresse et Jadot en meeting

Le candidat à la présidentielle Eric Zemmour et la candidate à la présidence du parti d'extrême droite du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen (Photo, AFP).
Le candidat à la présidentielle Eric Zemmour et la candidate à la présidence du parti d'extrême droite du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 22 février 2022

Présidentielle: les parrainages au cœur des préoccupations, Pécresse et Jadot en meeting

  • A moins de deux semaines de la clôture des inscriptions, trois des candidats les mieux placés dans les sondages d'intentions de vote, affichent leur inquiétude pour rassembler les fameux sésames
  • La candidate LR Valérie Pécresse, qui a déjà pour sa part largement dépassé le seuil des 500 parrainages, a précisé que si elle est élue, elle rétablirait «l'anonymat des parrainages»

PARIS: Une campagne en cache une autre : plusieurs candidats les plus en vue pour la présidentielle ont sonné lundi la mobilisation générale en quête des 500 parrainages d'élus nécessaires pour se présenter au scrutin du 10 avril.

A moins de deux semaines de la clôture des inscriptions, trois des candidats les mieux placés dans les sondages d'intentions de vote, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon affichent leur inquiétude pour rassembler les fameux sésames.


"Je lance un appel aux maires: si vous ne m'aidez pas, des millions d'électeurs seront privés d'élection", a prévenu la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen dans une vidéo publiée lundi sur son compte Twitter. Marine Le Pen a obtenu 366 paraphes à ce jour malgré ses 16 à 17% dans les sondages.


Selon l'eurodéputé du RN Thierry Mariani, c'est "la mobilisation générale aujourd'hui, tous les élus du RN sont appelés à passer des coups de fil toute la journée".


Le Conseil constitutionnel, qui publiera mardi et jeudi des listes de parrainages actualisées, a fixé au vendredi 4 mars, 18H00, l'échéance pour présenter ses 500 signatures et se déclarer formellement candidat.


Même branle-bas de combat du côté d’Éric Zemmour (291 parrainages), qui a dû annuler un déplacement prévu cette semaine à La Réunion pour se consacrer à appeler des élus.


A gauche, le leader de la France insoumise, qui malgré ses 10 à 11% d'intentions de vote n'a que 370 paraphes, a reçu dimanche le parrainage du maire LR de Cannes David Lisnard "par souci civique" et "pour que les démagogues ne jouent pas les victimes". 


Interrogée lundi lors d'un déplacement à Châteauroux, la candidate LR Valérie Pécresse, qui a déjà pour sa part largement dépassé le seuil des 500 parrainages, a salué sa démarche mais a précisé que, si elle est élue, elle rétablirait "l'anonymat des parrainages".


De son côté, Christiane Taubira, qui ne dispose que de 86 signatures a lancé un nouvel appel, admettant que "sa campagne est suspendue aux parrainages".

Présidentielle: la majorité en ordre de bataille en attendant Macron

Quelque 200 cadres de la majorité, dont Jean Castex et son prédécesseur à Matignon Edouard Philippe, se sont rassemblés lundi soir au QG de LREM pour préparer la présidentielle, "prêts à faire campagne", en attendant qu'Emmanuel Macron se lance.


A six semaines du premier tour de l'élection, et alors que le chef de l'Etat ne s'est toujours pas officiellement déclaré, les différentes composantes de la majorité (La République en marche, MoDem, Horizons, Agir, Parti radical...) ont exprimé, à l'image de M. Philippe, leur "hâte que cela commence", selon plusieurs participants interrogés par l'AFP.


"Mon sentiment profond, c’est que ce soir nous sommes prêts! Prêts à faire cette campagne ensemble", a déclaré en introduction le N.1 de LREM Stanislas Guerini. 


Devant une quinzaine de membres de son gouvernement, et avant de partir pour un Conseil de défense imprévu sur la situation en Ukraine, le Premier ministre a exhorté à "être ceux qui mettent de l’huile dans les rouages", quand "beaucoup cherchent à mettre de l’huile sur le feu" dans la campagne.


"Beaucoup ont le nez dans le rétroviseur, certains voudraient même remonter à Charles Martel. On ne reviendra pas en arrière, ça n’existe pas", a notamment taclé M. Castex, à l'adresse des candidats d'extrême droite Eric Zemmour et Marine Le Pen. 


M. Philippe a de son côté averti contre la menace d'un "gros tsunami" populiste en cas de défaite à la présidentielle. "On ne peut plus se rater", a-t-il prévenu.

«Tsunami démocratique»
Le président du MoDem François Bayrou a mis en garde lundi contre "un tsunami démocratique si ces candidats ne pouvaient pas se présenter". Son collectif "Notre Démocratie", une banque de parrainages pour aider les candidats qui font plus de 10% d'intentions de vote, a réuni environ 80 élus, assure-t-il.


A 48 jours du premier tour, la campagne qui peine à décoller reste suspendue à l'annonce de la candidature à sa réélection du président Macron. 


Favori des sondages, le président est plongé dans une intense séquence diplomatique autour de la crise ukrainienne et désormais, son entourage laisse entendre que sa déclaration de candidature devrait être repoussée à la semaine du 28 février.


Le chef de l’État a "une volonté évidente" d'y aller, mais "faire campagne aujourd'hui est effectivement beaucoup plus difficile", a souligné le patron de LREM Stanislas Guerini sur Franceinfo, assurant que "tout est prêt" pour les jours qui suivront le lancement. 


Quelque 200 cadres de la majorité, dont le Premier ministre Jean Castex, son prédécesseur Edouard Philippe et une bonne quinzaine de membres du gouvernement, se sont ainsi rassemblés lundi soir pour préparer la campagne. 


"Ceux qui font de la boxe le savent, il n'y a rien de pire que de penser que le match est gagné: c’est à ça moment là que l’on prend un mauvais coup et c’est à ce moment là que ça vous met par terre", a cependant averti M. Philippe.

Présidentielle: Pécresse veut dessiner «la France de l'après-Covid»

Venue au chevet de la ruralité lundi dans l'Indre, Valérie Pécresse a promis de "redessiner la France de l'après-covid" avec plusieurs mesures pour revitaliser les territoires, allant du livret d'épargne régional au prêt à taux zéro.


"Nous voulons redessiner la carte du territoire de la France post-Covid" qui "ne sera plus du tout la même", a affirmé lors d'un point presse la candidate LR à la présidentielle, qui a débuté sa visite à la "Cité du numérique" de Châteauroux, une pépinière installée dans une ancienne usine de draps.


Promettant de "faire rimer ruralité avec modernité", elle a assuré qu'"il faut profiter de cette opportunité de la France post-covid pour revitaliser les départements ruraux en s'appuyant sur les villes les plus dynamiques, qui seraient des pôles d'attractivité".


Pour cela "fixer sur une armature de 350 villes moyennes l'aménagement du territoire de demain, c'est fondamental", a affirmé Jean-Christophe Fromantin, le maire (Territoires en mouvement) de Neuilly-sur-Seine, qui vient de rallier Valérie Pécresse ce week-end.


Il faut aussi "jouer davantage l'épargne que l'impôt", a-t-il ajouté, et pour cela la candidate a prôné un livret d'investissement régional baptisé "Fier", acronyme de "fonds d'investissement dans l'économie régionale".


Pour aider à "l'investissement de voisinage" dans des entreprises, commerces, exploitations agricoles... elle a proposé de "pouvoir investir jusqu'à 20.000 euros" qui seraient "défiscalisés à hauteur de 50%".

Face au Medef 
De son côté, Mme Pécresse a depuis l'Indre envoyé des signaux à la ruralité, qu'elle a promis de "faire rimer avec modernité" lors d'un meeting dans la salle des fêtes de La Châtre. Après un discours bref, la candidate LR a échangé avec la salle, invitant à "profiter de cette opportunité de la France post-covid pour revitaliser les départements ruraux".


Le candidat EELV Yannick Jadot a, lui, opté pour une formule en plein air devant la cathédrale de Rouen. Sous un vent puissant, il a notamment livré un plaidoyer pour les énergies renouvelables et contre le nucléaire durant près d'une heure de discours.


Une ambiance bien différente de son "grand oral" devant le patronat lundi matin, où il s'est exprimé comme d'autres prétendants à l'Elysée (Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Marine Le Pen), afin de défendre son programme économique.


La question de la compétitivité a été au centre des discours, les candidats pointant tous devant le Medef le déficit commercial record enregistré par la France l'an dernier.


Mis en cause par Mediapart, le candidat communiste Fabien Roussel a aussi dû se défendre lundi assurant avoir "les documents" prouvant son activité alors que l'organe de presse affirme qu'il aurait été payé entre 2009 et 2014 comme assistant parlementaire sans avoir réellement travaillé.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.