LONDRES: Une tentative a été lancée pour porter devant la Cour pénale internationale des cas de crimes de guerre qui auraient été commis par des responsables militaires iraniens et syriens, a-t-on appris mercredi.
Le Centre de documentation iranien sur les droits de l'homme, basé aux États-Unis, en collaboration avec l'avocate britannique Haydee Dijkstal, apporte des preuves recueillies auprès de Syriens contraints de fuir vers la Jordanie à la suite d'attaques et d'intimidations par le gouvernement du président syrien, Bachar al-Assad, et des milices soutenues par l'Iran, a signalé le Guardian.
Selon les preuves du Centre iranien de documentation sur les droits de l'homme (IHRDC), les victimes syriennes, parmi lesquelles des journalistes, ont été ciblées entre 2011 et 2018 en raison de leurs activités professionnelles, considérées par le régime syrien comme des «activités d'opposition».
Les preuves présentées à la Cour internationale de justice de La Haye indiquent que les civils syriens se sont sentis forcés de fuir face aux bombardements, aux exécutions extrajudiciaires, aux arrestations et détentions arbitraires, ainsi qu'à d'autres atteintes aux libertés civiles.
Le Centre ajoute que des milices soutenues par l'Iran, notamment le Hezbollah libanais, ont attaqué leurs villes et villages avec l'aide de factions armées du gouvernement syrien.
Cette affaire marquerait la première fois que des responsables iraniens seraient tenus de répondre de leurs actes en Syrie et s'inscrit dans le cadre d'une pression accrue pour qu'ils soient tenus responsables de leurs crimes présumés devant les tribunaux internationaux. Les efforts en cours au sein de l'ONU sont au point mort face à la vive opposition de la Russie.
Gissou Nia, une avocate de l'équipe juridique chargée de l'affaire, a révélé: «Jusqu'à présent, peu d'attention publique a été accordée à la responsabilité juridique de la République islamique d'Iran dans le conflit syrien qui dure depuis une décennie, malgré l'intervention importante de responsables iraniens en Syrie et la perpétration d'atrocités.
«Téhéran a fourni beaucoup de soutien militaire et non militaires pour atteindre ses objectifs, principalement pour empêcher à tout prix la chute du président syrien en disgrâce Bachar al-Assad.
«Malheureusement, cet objectif a été atteint au prix de centaines de milliers de civils syriens tués, blessés et déplacés», a-t-elle ajouté.
La Syrie n'est pas signataire du traité de Rome de la Cour pénale Internationale (CPI), mais l'IHRDC a souligné que la Cour était compétente dans cette affaire parce que les victimes, qui sont majoritairement des musulmans sunnites et en désaccord avec le régime alaouite d'Assad soutenu par l'Iran chiite, ont fui en Jordanie, un État partie au traité.
Dans une affaire précédente, en 2018, la CPI a été jugée compétente pour les Rohingyas après qu'ils ont été forcés de fuir au Bangladesh, partie à la CPI, depuis le Myanmar, qui n'est pas un pays signataire du traité de Rome.
La CPI devra désormais prendre une décision préliminaire avant de lancer toute enquête. Il n'y a pas de date limite à laquelle la Cour doit se prononcer.
Ce texte est la traduction article paru sur Arabnews.com