Zones à faibles émissions, risque de ségrégation sociale?

Cette photo prise le 17 janvier 2022 montre l'église Saint-Eustache et le centre Georges Pompidou alias Beaubourg parmi les toits de Paris. Christophe ARCHAMBAULT/AFP
Cette photo prise le 17 janvier 2022 montre l'église Saint-Eustache et le centre Georges Pompidou alias Beaubourg parmi les toits de Paris. Christophe ARCHAMBAULT/AFP
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Publié le Lundi 14 février 2022

Zones à faibles émissions, risque de ségrégation sociale?

  • Les zones à faibles émissions (ZFE, ou ZFEm) se mettent en place en ordre dispersé, avant leur généralisation prévue par la loi le 31 décembre 2024 dans les agglomérations de plus de 150.000 habitants de France métropolitaine
  • Il y a en France au moins 40.000 décès prématurés liés à la pollution de l'air selon une étude de Santé publique France qui fait référence, et jusqu'à 100.000 selon une étude de Harvard

PARIS: Elles devraient protéger mais divisent déjà: les zones à faibles émissions (ZFE) prévues dans les principales agglomérations françaises pour que les populations respirent mieux, sont aussi accusées d'exclure les précaires et ruraux des centres-villes.
"Les ZFE, aujourd'hui, c'est ce qui va conduire nombre de nos concitoyens à se révolter", a récemment lancé le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand.
La Loi climat rend les ZFE --officiellement appelées ZFEm pour "zones à faibles émission mobilité"-- obligatoires à partir du 31 décembre 2024 dans toutes les agglomérations métropolitaines de plus de 150.000 habitants. Il y en aura 43.
Seuls les véhicules porteurs d'une vignette Crit'Air 1, 2 ou verte seront alors autorisés à y rouler, des interdictions devant frapper auparavant les véhicules les plus polluants.

 

Des ZFE en ordre dispersé dans les agglomérations françaises

Les zones à faibles émissions (ZFE, ou ZFEm) se mettent en place en ordre dispersé, avant leur généralisation prévue par la loi le 31 décembre 2024 dans les agglomérations de plus de 150.000 habitants de France métropolitaine.
Les premières agglomérations ont été Lyon, Grenoble et Paris, avec des restrictions variables.
Dans le Grand Paris, où la ZFE est pour l'instant théorique faute de sanctions, son durcissement a été repoussé à 2023, la métropole voulant notamment être reconnue comme un territoire d'expérimentation pour la mise en œuvre d'un prêt à taux zéro afin de diminuer le reste à payer des ménages les plus modestes qui devront changer de véhicule.
Lyon bannit déjà --comme Rouen-- les poids lourds et utilitaires Crit'Air 3, 4 et 5, et compte l'étendre aux voitures Crit'Air 5 en septembre prochain. Celles-ci sont déjà interdites au cœur de l'agglomération de Reims depuis septembre dernier, avec désormais des contrôles.
Strasbourg, qui disposait déjà d'une "mini ZFE" appliquée aux poids lourds dans l'hypercentre, a interdit les véhicules Crit'Air 5 et les non-classés sur tout le territoire de l'agglomération le 1er janvier, mais cette première année est considérée comme pédagogique: il n'y aura pas de verbalisation, mais des contrôles visant à expliquer la mesure avec une communication autour des aides au changement.
L'Eurométropole de Strasbourg a adopté une enveloppe de 50 millions d'euros d'aides, cumulables avec les aides nationales, pour accompagner particuliers et professionnels vers des mobilités alternatives à la voiture individuelle.
Les aides prévues diffèrent d'ailleurs selon les endroits. Montpellier, qui doit lancer sa ZFE le 1er juillet, mise surtout sur le développement et la gratuité des transports en commun pour les habitants.
A Nice, la ZFE est officiellement née le 31 janvier dernier, ne concernant pour l'instant que les poids lourds polluants, avant une extension progressive aux voitures à partir de l'an prochain.
Toulouse va créer sa zone le 1er mars au cœur de l'agglomération, en commençant aussi par les camions, fourgons et fourgonnettes les plus polluants.
A Lille, les élus avaient voté en 2019 le principe d'une ZFE couvrant 11 communes, mais la concrétisation n'a pas suivi, l'idée étant désormais d'élargir la zone pour englober au moins la moitié de la population de l'agglomération.
D'autres villes ont choisi de prendre leur temps, comme Limoges qui va commencer par un inventaire du parc automobile. A Bordeaux, les consultations vont commencer cette année pour une mise en place "dans le courant de l'année 2023". Marseille est en plein débat, avec un objectif de concrétisation progressive entre septembre 2022 et septembre 2024.

Il y a en France au moins 40.000 décès prématurés liés à la pollution de l'air selon une étude de Santé publique France qui fait référence, et jusqu'à 100.000 selon une étude de Harvard. Cette pollution en grande partie due au transport routier --avec le diesel comme accusé numéro 1-- touche particulièrement les grandes agglomérations.
Reims, par exemple, exclut déjà les véhicules Crit'Air 5 (diesel d'avant 2001). "Les contrôles sont effectifs depuis le 1er janvier 2022", assure-t-on à l'agglomération.
Dans l'agglomération parisienne, toute la zone située à l'intérieur de l'autoroute A86 est déjà interdite aux Crit'Air 4 et 5 (diesel d'avant 2006) et aux véhicules sans vignette.
L'interdiction des Crit'Air 3 (diesel d'avant 2011 et essence d'avant 2006) vient d'être repoussée d'au moins six mois, à janvier 2023 au plus tôt. En 2024 si la date ne change pas, plus aucun véhicule diesel ne pourra circuler dans la ZFE de la métropole du Grand Paris, puis en 2030 ce sera au tour des voitures essence.
"Quand tout le monde aura compris ce que ça veut dire, on va recréer les conditions d'une crise des +gilets jaunes+", a grondé Xavier Bertrand.

Embêter les gens

Car en réservant fin 2024 l'accès aux ZFE des principales agglomérations aux Crit'Air 1, 2 et vignettes vertes, on l'interdit à près de 40% des voitures et véhicules légers (en prenant en compte la composition actuelle du parc).
"Souvent passé sous silence et encore ignoré de la plupart des Français, l'impact de la mise en place des ZFE sera brutal pour une grande partie de la population", a résumé la Fédération de la distribution automobile (FEDA).
"Leur extension trop rapide (...) constituera un facteur d'aggravation des fractures sociales et territoriales", a-t-elle ajouté.
La Fédération française des motards en colère va jusqu'à fustiger un "+Pass Mobilité+ privant de liberté de circuler les citoyens les plus démunis qui n'ont pas les moyens d'acheter des véhicules neufs ou électriques", le comparant au pass vaccinal.
"Si on les déploie, ce n'est pas pour embêter les gens", a plaidé le député LREM Jean-Marc Zulesi, alors que l'Association des maires de France juge le calendrier "intenable".
"Quand on fait de la régulation environnementale, il faut que les gens en face aient les moyens de changer de véhicule", a expliqué le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
"La logique est de se dire (...): +si ne circulent à un moment que des véhicules propres dans les ZFE, ils faut que les gens connaissent l'offre, que l'offre existe et qu'ils soient en capacité de l'approcher". D'où des aides "très importantes", pouvant aller "jusqu'à 17.000 à 18.000 euros à l'échelle de la métropole du Grand Paris, pour des véhicules qui commencent à 26.000 euros", a-t-il ajouté.
Un prêt à taux zéro doit en outre être expérimenté pendant deux ans, à partir de 2023, pour aider les ménages les plus modestes qui vivent dans des ZFE à changer de véhicule, en complément des aides déjà prévues.
Les ZFE inquiètent aussi les professionnels.
Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, a estimé mardi qu'il ne fallait pas "aller plus vite que la musique", agitant le spectre d'un "état d'exception" en cas de blocages pour cause de réglementation inadaptée.
"Nous pensons qu'il serait judicieux de ne pas interdire des véhicules pour lesquels il n'y a pas de substitution", a-t-elle indiqué, aucun poids lourd vraiment vert n'étant actuellement disponible.
Le problème est le même pour les autocars de tourisme.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.