L'Europe et l’Afrique du Nord face à une pollution plastique catastrophique en Méditerranée

Les pays où le tourisme occupe une place importante, comme la France, l’Italie, la Grèce et Chypre, unissent leurs efforts pour lutter contre le problème. (AFP)
Les pays où le tourisme occupe une place importante, comme la France, l’Italie, la Grèce et Chypre, unissent leurs efforts pour lutter contre le problème. (AFP)
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Publié le Lundi 22 novembre 2021

L'Europe et l’Afrique du Nord face à une pollution plastique catastrophique en Méditerranée

  • Pour les 21 pays qui se partagent les 28 000 kilomètres de littoral méditerranéen, le problème des déchets plastiques est de plus en plus grave
  • L’Égypte se dirige rapidement vers ce que l’ONU définit comme une pénurie d’eau absolue, quand l’approvisionnement annuel en eau pour chaque personne devient inférieur à 500 m3

LONDRES: Aux yeux de millions de personnes à travers le monde, la Méditerranée représente une destination de vacances idéale: de jolis villages au bord de l’eau, une cuisine des plus exquises, de belles plages et, surtout, des eaux d’un bleu limpide. Si ces paysages sont dignes d’une carte postale, la mer Méditerranée, elle, est en proie à une crise environnementale causée par l’homme.

En septembre, lors du Congrès mondial de la nature, organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Marseille, la crise du plastique en Méditerranée était inscrite noir sur blanc à l’ordre du jour. Des représentants de pays où le tourisme occupe une place importante, comme la France, l’Italie, la Grèce et Chypre, ont uni leurs voix pour dénoncer le niveau de pollution plastique et mettre en lumière leurs propres efforts en vue de lutter contre le problème.

Selon un rapport publié l’année dernière par l’UICN, le volume total de déchets plastiques – trouvés principalement sous les vagues – en Méditerranée s’élèverait à 3,5 millions de tonnes, avec 150 000 à 610 000 tonnes supplémentaires se frayant un chemin jusqu’à la mer chaque année.

Pour les 21 pays qui se partagent les 28 000 kilomètres de littoral méditerranéen, le demi-milliard de personnes qui vivent le long des 1 693 bassins versants qui l’alimentent et les 340 millions de touristes qui visitent ces pays chaque année, ce problème est de plus en plus grave.

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La mer Méditerranée est en proie à une crise environnementale causée par l’homme. (AFP)

Cependant, parmi tous ces pays, un seul a été désigné comme la principale source du problème. Les doigts accusateurs sont pointés vers l’Égypte qui, selon l’UICN, rejette plus de plastique dans la mer que tout autre pays. Ce taux est d’ailleurs deux fois plus élevé que celui du deuxième pays le plus polluant.

Selon le rapport, baptisé «La Méditerranée: Mare Plasticum» – «la mer de plastique» en latin – cette région est «largement considérée comme l’un des environnements les plus menacés au monde» et elle «est soumise à une catastrophe d’origine humaine désormais omniprésente: la pollution plastique».

Le pays le plus polluant, rapporte l’UICN, est l’Égypte, responsable chaque année de la «fuite» de plus de 74 000 tonnes de macroplastiques – des morceaux d’un diamètre supérieur à 5 mm – puis l’Italie (34 000 tonnes) et la Turquie (24 000 tonnes).

Ensemble, ces trois pays les plus polluants sont responsables de plus de 50 % des 216 269 tonnes de macroplastiques qui finissent dans la mer Méditerranée chaque année, en grande partie à cause de «déchets mal gérés».

En ce qui concerne les microplastiques – dont plus de 13 000 tonnes se retrouvent dans la mer – l’Égypte s’en tire légèrement mieux et se classe deuxième derrière l’Italie (3 000 tonnes par an) avec 1 200 tonnes. La poussière des pneumatiques représente plus de la moitié du total des microplastiques, suivie par les textiles (33 %) et les microbilles de plastique utilisées dans les cosmétiques (12 %).

Bien que les bouteilles et autres déchets plastiques soient omniprésents sur les plages méditerranéennes, la plupart des plastiques polluants se trouvent sous la surface, encrassant les sédiments et perturbant les cycles de vie de plusieurs espèces de poissons et de plantes aquatiques.

Les chiffres sont choquants: parmi les 100 principaux sites du bassin méditerranéen qui contribuent à la fuite annuelle de macroplastiques, pas moins de 75 se trouvent en Égypte. Cependant, on ne sait toujours pas à quel point l’Égypte est réellement responsable des torts qui lui sont imputés.

Après tout, le bassin versant du Nil, qui contribue à lui seul à 25 % des fuites totales de plastique dans la Méditerranée, est partagé par l’Égypte avec 10 autres pays en amont, tous ayant leur part de responsabilité dans la pollution du puissant système fluvial déversé dans la mer.

Marine Moulin, porte-parole de l’Union pour la Méditerranée – dont l’Égypte est membre et dont le secrétaire général, Nasser Kamel, est un ancien diplomate égyptien – déclare: «De nombreux littoraux ont été identifiés comme les endroits de la Méditerranée les plus pollués par le plastique, mais nous le savons tous, le plastique, une fois en mer, ne connaît plus de frontières.»

Un porte-parole de l’organisation non gouvernementale WWF insiste sur la «nécessité pour tous les pays de mettre en place des politiques solides pour réduire la consommation de plastique, assurer une collecte des déchets à 100 % et augmenter les systèmes de recyclage et de réutilisation, car la Méditerranée est un bassin à moitié fermé».

En outre, «les pays de l’Union européenne (UE) devraient aider les pays du sud de la Méditerranée à augmenter les investissements visant à renforcer les installations de collecte et de recyclage. Dans le même temps, les pays de l’UE devraient veiller à ce que les pays qui importent leurs déchets disposent des installations nécessaires pour gérer efficacement tous leurs déchets, tant internes qu’importés.»

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Greenish a organisé un certain nombre d’opérations de nettoyage de plages pour éliminer les déchets plastiques. (Photo fournie).

«Il n’est guère réaliste», ajoute l’Union pour la Méditerranée, «de s’attendre à ce que l’Égypte règle seule le problème. Il existe de solides arguments pour que les États méditerranéens européens plus riches aident leurs pays voisins plus pauvres, compte tenu de l’importance des pertes en matière de tourisme.»

«Les gouvernements, le secteur privé, les institutions de recherche et les institutions financières doivent tous collaborer pour repenser les processus et les chaînes d’approvisionnement, investir dans l’innovation et adopter des modes de consommation durables, ainsi que des pratiques améliorées de gestion des déchets pour fermer le robinet de plastique.»

 

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Pour les 21 pays qui se partagent les 28 000 kilomètres de littoral méditerranéen, le problème des déchets plastiques est de plus en plus grave. (AFP).

L’Égypte est très consciente du problème de la pollution plastique. L’année dernière, l’agence pour l’environnement du pays a déclaré que les Égyptiens utilisaient près de 12 milliards de sacs en plastique par an, causant de «graves problèmes» dans le Nil, la Méditerranée et la mer Rouge.

Greenish, une entreprise sociale qui organise des activités éducatives pour atteindre les objectifs de développement durable, a organisé un certain nombre d’opérations de nettoyage de plages pour éliminer les déchets plastiques. Le cofondateur, Shady Khalil, affirme que «les Égyptiens sont de plus en plus conscients du plastique que nous utilisons, ainsi que des déchets sur les plages et dans les stations balnéaires autour de l’Égypte».

Il précise toutefois que «la gestion des déchets en Égypte est un travail en cours». Lui aussi pense que «les pays du nord de la Méditerranée devraient aider financièrement l’Égypte et, surtout, faire pression sur les entreprises européennes, comme Nestlé et L’Oréal, pour les inciter à réduire l’utilisation de plastiques dans leurs produits».

«En nettoyant les plages, nous trouvons beaucoup de produits de ces entreprises, dans le Nil mais aussi en Méditerranée», indique M. Khalil. «Une grande partie des déchets plastiques en Égypte appartiennent à des entreprises d’un pays du nord», précise-t-il.

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La Méditerranée est «largement considérée comme l’un des environnements les plus menacés au monde». (AFP).
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En avril 2019, le gouvernorat égyptien de la mer Rouge, qui abrite certaines des destinations touristiques les plus célèbres du pays, comme le centre de plongée de Hurghada, a annoncé qu’il interdisait l’utilisation d’objets en plastique à usage unique, comme les pailles, les sacs en plastique et les couverts.

Au cours d’un événement parallèle peu médiatisé lors du Congrès mondial de la nature le mois dernier, l’Égypte faisait partie des sept pays (avec la France, la Grèce, l’Algérie, le Maroc, l’Italie et Monaco) qui ont lancé une nouvelle initiative, baptisée «La Méditerranée: une mer exemplaire d’ici à 2030», pour «mettre fin à la surpêche, limiter la pollution plastique et développer un transport maritime durable d’ici à 2030».

Cependant, la crise du plastique n’est ni le seul problème environnemental de l’Égypte ni d’ailleurs le plus urgent. Les défis environnementaux auxquels le pays est confronté sont innombrables. Nombre d’entre eux exigent une action urgente et au moins un problème représente une véritable menace existentielle.

Pour les 21 pays qui se partagent les 28 000 kilomètres de littoral méditerranéen, le problème des déchets plastiques est de plus en plus grave. (AFP)

La pénurie d’eau chronique en Égypte figure en tête de liste. C’est un problème qui s’aggrave à mesure que les populations des dix pays qui se développent rapidement le long du Nil se multiplient et sollicitent de plus en plus le débit limité du fleuve.

L’Égypte se dirige rapidement vers ce que l’Organisation des nations unies (ONU) définit comme une pénurie d’eau absolue, quand l’approvisionnement annuel en eau pour chaque personne devient inférieur à 500 m3. Avec seulement 20 m3 d’eau provenant de ressources internes, la population égyptienne et l’importante industrie agricole dépendent totalement de l’eau douce du Nil. L’ONU affirme que le pays pourrait connaître une pénurie d’eau absolue d’ici à 2024.

L’érosion côtière et l’affaissement progressif du delta du Nil constituent d’autres problèmes étroitement liés aux demandes de plus en plus impossibles imposées au fleuve.

Le problème réside en partie dans la hausse du niveau de la Méditerranée, qui devrait s’accélérer avec les changements climatiques. Mais les scientifiques ont également découvert que le delta du Nil, qui n’est en moyenne qu’à un mètre au-dessus du niveau de la mer, s’affaisse lentement, en grande partie en raison de la réduction de la quantité de sédiments déposés dans le delta à cause du débit réduit du Nil.

D’autres défis environnementaux nécessitent l’attention du gouvernement. En août, le pays a été frappé par une vague de chaleur inhabituellement violente, que l’Autorité météorologique a attribuée au changement climatique. De plus, le pays continue de lutter contre la malédiction saisonnière des «nuages noirs», le smog annuel qui s’accumule au-dessus des villes égyptiennes entre septembre et novembre.

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La plupart des plastiques polluants se trouvent sous la surface, encrassant les sédiments et perturbant les cycles de vie de plusieurs espèces de poissons et de plantes aquatiques. (AFP).

Une étude menée par le ministère de l’Environnement sur les causes de ce phénomène donne une idée des multiples enjeux auxquels le gouvernement doit faire face pour tenter d’atteindre ses objectifs climatiques. L’incinération des déchets agricoles représente 42 % du problème; les émissions des usines, 23 %; les gaz d’échappement des véhicules, 23 % et la combustion des déchets urbains, 12 %.

Le réchauffement climatique figure, bien entendu, en tête de liste pour tout le monde, mais les fonds demeurent largement insuffisants.

Lorsque les 42 pays membres de l’Union pour la Méditerranée se sont réunis pour discuter des questions environnementales et de l’action climatique au Caire le 5 octobre, l’accent a été mis sur l’échec des pays développés à tenir l’engagement qu’ils avaient pris en 2009 pour allouer 100 milliards de dollars (1 dollar = 0,89 euro) par an, jusqu’en 2020, en vue d’aider les pays en développement à faire face à la crise climatique.

Quoi qu’il en soit, lors de cette même réunion, la ministre égyptienne de l’Environnement s’est engagée, au nom de son gouvernement, à «écologiser» la moitié de ses programmes d’ici à 2024. C’est une tâche considérable, compte tenu du volume actuel des émissions de CO2 de l’Égypte et du niveau général de pollution.

En octobre, l’Égypte a fait part de son souhait d’accueillir la Conférence des nations unies sur les changements climatiques l’année prochaine à Charm el-Cheikh – une excellente nouvelle pour les hôtels et restaurants de la station balnéaire de la mer Rouge, durement touchés par la pandémie mondiale.

Toutefois, accueillir le principal événement mondial sur le changement climatique mettra en lumière les multiples défis environnementaux auxquels l’Égypte est confrontée. Alors que Le Caire intensifie ses efforts en la matière avant la COP27, l’espoir est que la crise de la pollution plastique qui se cache sous la surface de la Méditerranée se retrouve en tête du programme écologique du gouvernement.

 

Twitter: @JonathanGornall

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Corée du Nord affirme que tout nouveau comité de surveillance des sanctions est voué à l'échec

L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
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  • La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire
  • Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique

SEOUL: Les efforts visant à mettre en place un nouveau comité d'experts pour surveiller l'application des sanctions internationales visant la Corée du Nord sont voués à l'échec, a déclaré son ambassadeur à l'ONU dans des propos rapportés par un média d'Etat dimanche.

"Les forces hostiles pourraient installer (un) deuxième et (un) troisième comités d'experts à l'avenir mais ils sont tous destinés à connaître l'autodestruction", a lancé l'ambassadeur Kim Song dans un communiqué en langue anglaise diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

En mars, la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions des Nations Unies visant Pyongyang.

Cette dissolution est un "jugement historique à l'encontre d'une organisation illégale et fomenteuse de complots (...) en vue d'éliminer le droit à l'existence d'un Etat souverain", selon Kim Song.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire en Corée du Nord, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

Armes 

N'ayant pas obtenu gain de cause, Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence.

Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique pour son programme de satellites espions.

Lors d'une visite en Corée du Sud en avril, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a souligné l'importance de garantir l'application des sanctions en Corée du Nord.

D'après l'ambassadrice, Washington travaille avec Séoul, Tokyo et d'autres capitales à trouver "des moyens créatifs" pour reprendre la surveillance des sanctions.

En 2023, la Corée du Nord a conduit un nombre record d'essais de missiles en dépit des sanctions. L'année précédente, Pyongyang a déclaré son statut de puissance nucléaire "irréversible".


Attaque au couteau en Australie, un adolescent de 16 ans «radicalisé» abattu par la police

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
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  • L'homme «d'âge mûr» blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état «grave» mais stable
  • Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé

SYDNEY: Un adolescent de 16 ans "radicalisé" et atteint de troubles mentaux a été abattu samedi soir par la police dans la banlieue de Perth, dans l'ouest de l'Australie, après avoir blessé une personne lors d'une attaque au couteau, ont rapporté les autorités dimanche.

L'adolescent, armé d'un couteau, "s'est précipité" sur les forces de l'ordre et a été mortellement touché par le tir d'un agent, a indiqué le Premier ministre de l'Etat d'Australie-Occidentale Roger Cook lors d'une conférence de presse.

"Il y a des indications selon lesquelles il s'était radicalisé en ligne. Mais je tiens à rassurer la population, à ce stade il semble qu'il ait agi seul", a déclaré M. Cook.

La police a reçu un appel samedi soir de la part d'un homme avertissant qu'il allait commettre "des actes de violence" mais sans donner son nom ni sa localisation, a fait part aux journalistes le responsable de la police de l'Etat, Col Blanch.

Quelques minutes plus tard, a-t-il ajouté, la police a reçu un appel d'urgence pour les avertir qu'un "homme avec un couteau courait" au niveau d'un parking de Willetton, dans la banlieue sud de Perth.

L'individu était armé d'un couteau de cuisine de 30 centimètres de long et d'après des images d'une caméra-piéton de la police, l'adolescent a refusé de le poser à terre comme le demandaient les forces de l'ordre, a indiqué M. Blanch.

Les agents ont tiré au moyen de deux pistolets à impulsion électrique mais "aucun des deux n'a eu totalement l'effet escompté", a-t-il relaté.

"L'homme a continué à avancer vers (un agent) muni d'une arme à feu qui a tiré un seul coup et mortellement blessé" l'individu, a raconté le responsable de la police. L'adolescent est décédé à l'hôpital plus tard dans la nuit.

«Radicalisation en ligne»

L'homme "d'âge mûr" blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état "grave" mais stable, a dit le responsable policier.

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police, a-t-il expliqué sans divulguer d'informations sur leur contenu.

L'adolescent avait "des problèmes de santé mentale mais aussi des problèmes de radicalisation en ligne", d'après la même source.

Ces dernières années, l'assaillant était suivi dans le cadre d'un programme de lutte contre la violence et l'extrémisme.

"Il ne s'agit pas d'une approche fondée sur la dimension criminelle, c'est un programme visant à aider des individus qui expriment des idéologies préoccupantes pour notre communauté", a expliqué M. Blanch.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a expliqué avoir été tenu au courant des faits par la police et les services de renseignement selon qui il n'y a pas de "menace en cours".

"Nous sommes une nation attachée à la paix et il n'y a pas de place pour l'extrémisme violent en Australie", a écrit M. Albanese sur les réseaux sociaux.

Les crimes violents sont rares en Australie, mais cet incident survient moins d'un mois après une autre attaque au couteau qui a fait six morts dans un centre commercial de Sydney (sud-est).

L'auteur de cette attaque, Joel Cauchi, un homme de 40 ans souffrant de troubles mentaux, avait été abattu par la police. Ses parents ont indiqué que leur fils a été diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans, puis qu'il a quitté leur domicile du Queensland (nord-est) et abandonné son traitement.

Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé lors d'un sermon diffusé en direct dans une église de Sydney. La victime a survécu à ses blessures. Un adolescent de 16 ans a depuis été inculpé d'"acte terroriste".


Comme un «air de révolution» en Hongrie face au système Orban

Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
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  • Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation
  • Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix

DEBRECEN: Acteur en vue en Hongrie, Ervin Nagy a délaissé les planches et studios de tournage pour battre le pavé. Comme des milliers d'autres, il est saisi par la fièvre Magyar, du nom de ce dissident qui défie Viktor Orban.

Dimanche, il participera à un grand rassemblement dans la ville de Debrecen (est), bastion du parti Fidesz du Premier ministre nationaliste, à un mois des élections européennes.

Depuis l'irruption en février sur la scène politique de Peter Magyar, ex-haut fonctionnaire entré en rébellion, le comédien de 47 ans s'est lancé à ses côtés dans ce combat "pour un renouveau" du pays d'Europe centrale.

Il a même mis à disposition son camion à plateau d'où le tribun s'est adressé à la foule un soir, de manière spontanée.

"Nous n'avions pas le temps de trouver un podium", raconte Ervin Nagy à l'AFP. "Il flottait comme un air de la révolution de 1956", s'enflamme-t-il, en allusion au soulèvement de la Hongrie contre la mainmise soviétique.

«Galvanisés»

Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation, de l'avis des experts, qui évoquent un défi sans précédent pour le dirigeant.

Après le scandale provoqué par la grâce accordée à un homme condamné dans une affaire de pédocriminalité, Peter Magyar a su capitaliser sur la colère pour drainer des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Budapest.

"Apathiques et frustrés" par un pouvoir indéboulonnable, "ils ont été soudainement galvanisés par l'arrivée de cet homme sensé et téméraire", lance l'acteur.

S'il a adhéré par le passé à la cause des enseignants, il n'avait pas d'ambitions politiques jusqu'à ce que Peter Magyar le contacte. "Il m'a convaincu en une heure", se souvient-il.

En trois mois à peine, cette nouvelle figure de l'opposition a évincé les partis existants, avec son discours conservateur pourfendant la corruption qui ruine à ses yeux le pays.

Son mouvement Tisza (Respect et liberté), qui se veut "ni à gauche ni à droite", est désormais crédité de 25% d'intentions de vote auprès des électeurs sûrs de leur choix, selon un récent sondage réalisé par l'institut Median auprès de 1.000 personnes en vue du scrutin européen du 9 juin.

Sa force, pour ses partisans: connaître le système de l'intérieur. Longtemps diplomate à Bruxelles, le charismatique avocat de 43 ans a aussi partagé pendant des années la vie de Judit Varga, ancienne ministre de la Justice, avec laquelle il a eu trois enfants.

«Mini-dictature»

Si Viktor Orban balaie l'arrivée de ce concurrent d'un revers de la main, son parti "se démène pour tuer dans l'oeuf" cette vague de contestation, décrypte pour l'AFP l'analyste Zoltan Lakner.

Des affiches le taxant de "serviteur de Bruxelles" ont fleuri dans le pays, tandis que les journaux pro-gouvernementaux ont publié des dizaines d'articles pour salir sa réputation, d'accusations de violences conjugales - qu'il nie fermement - à des remarques sur ses "lunettes de soleil de femme".

Une nouvelle autorité de surveillance, créée pour prévenir "les interférences étrangères" dans le processus électoral, a également lancé une enquête à son encontre.

"Si Magyar parvient à unir les électeurs de l'opposition", aujourd'hui fragmentée en plusieurs partis sans envergure, il pourrait alors présenter un réel danger pour le pouvoir, estime le politologue.

Même si d'autres jugent le mouvement éphémère et incapable de déstabiliser la solide assise construite par le Premier ministre, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs en 14 ans et installé une redoutable propagande selon l'Union européenne, l'ONU et l'OSCE.

Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix, son passage à Debrecen lui permettant tester sa popularité.

Sur scène, il sera entouré de plusieurs célébrités hongroises "suffisamment courageuses" pour s'afficher à ses côtés, souligne Ervin Nagy, qui affirme avoir été "placé sur une liste noire" pour avoir osé un jour critiquer un membre du Fidesz.

La Hongrie est devenue "une sorte de mini-dictature", assène-t-il. "Ils ne vous battent pas à mort, mais si vous vous élevez contre les autorités, il y aura des conséquences".