La Libye avec deux Premiers ministres après un vote controversé du Parlement

Les législateurs basés dans l'Est ont nommé jeudi l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête d'un nouveau gouvernement intérimaire. (Dossier/AFP)
Les législateurs basés dans l'Est ont nommé jeudi l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête d'un nouveau gouvernement intérimaire. (Dossier/AFP)
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Publié le Jeudi 10 février 2022

La Libye avec deux Premiers ministres après un vote controversé du Parlement

Les législateurs basés dans l'Est ont nommé jeudi l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête d'un nouveau gouvernement intérimaire. (Dossier/AFP)
  • Le Parlement a désigné l'influent ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête du gouvernement intérimaire
  • Bachagha et Dbeibah, tous deux originaires de l'ouest du pays, disposent chacun du soutien de groupes armés en Tripolitaine

TRIPOLI: La Libye s'est retrouvée jeudi avec deux Premiers ministres après un vote controversé du Parlement susceptible d'exacerber les luttes de pouvoir dans ce pays miné par les crises.  

Dans ce qui s'apparente à un coup de force institutionnel du camp de l'Est libyen contre celui de Tripoli, le Parlement siégeant à Tobrouk a désigné l'influent ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête du gouvernement intérimaire.  

Or M. Dbeibah, anticipant ce vote, a fait savoir à plusieurs reprises  qu'il ne céderait le pouvoir qu'à un gouvernement sorti des urnes.  

Et dans la nuit de mercredi à jeudi, le véhicule de M. Dbeibah a essuyé des tirs à Tripoli, ont rapporté des médias locaux sans préciser si le Premier ministre se trouvait à bord. Aucune confirmation n'a pu être obtenue de source officielle au sujet de ces tirs.  

La Libye s'est enlisée dans une crise politique majeure après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 avec des rivalités entre les principales régions, les luttes de pouvoir et les ingérences étrangères.  

En pleine guerre civile, le pays avait été dirigé entre 2014 et 2016 par deux Premiers ministres rivaux à l'Ouest et à l'Est.  

« Autorité parallèle »   

Après des années de conflits armés et de divisions, le gouvernement Dbeibah a été mis sur pied il y a un an, sous l'égide de l'ONU, pour mener la transition jusqu'aux élections présidentielle et législatives, qui étaient prévues en décembre avant d'être reportées sine die.  

Ce report avait été décidé sur fond de désaccords persistants entre un pouvoir à l'Est incarné par le Parlement et le maréchal Haftar, et un autre à l'Ouest autour du gouvernement de Tripoli et le Haut Conseil d'Etat.  

Alors que ce report se profilait, M. Bachagha --l'un des candidats le plus en vue de l'ouest libyen à la présidentielle-- s'était rapproché du camp rival en se rendant à Benghazi. Il y avait rencontré le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen et chef de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL).  

L'ANL a d'ailleurs salué jeudi la désignation de M. Bachagha comme Premier ministre et affirmé « soutenir la décision du Parlement ».  

Le Parlement, qui estime que le mandat de M. Dbeibah a expiré avec le report des élections, avait retenu deux prétendants sur un total de sept pour le remplacer: M. Bachagha, 59 ans, et l'outsider Khaled Al-Bibass, un ancien haut fonctionnaire au même ministère.  

Avant de faire procéder au vote, le président du Parlement Aguila Saleh, l'un des principaux rivaux du gouvernement Dbeibah, a affirmé que M. Bibass avait retiré sa candidature, laissant M. Bachagha seul en lice.  

La séance était retransmise en directe avant d'être interrompue au moment du vote. Cité par des médias libyens, M. Bibass a démenti avoir retiré sa candidature.   

MM. Bachagha et Dbeibah, tous deux originaires de l'ouest du pays, disposent chacun du soutien de groupes armés en Tripolitaine.  

« Je n'accepterai aucune nouvelle phase de transition ou autorité parallèle », a averti M. Dbeibah mardi dans un discours télévisé, affirmant que son gouvernement intérimaire ne remettrait le pouvoir qu'à « un gouvernement élu ».  

L'ONU continue de soutenir Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre

L'ONU continue de soutenir Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre intérimaire en Libye, a déclaré jeudi le porte-parole de l'Organisation, Stéphane Dujarric, après la désignation d'un autre Premier ministre lors d'un vote controversé du Parlement libyen. 

Interrogé lors de son point-presse quotidien pour savoir si l'ONU continuait de reconnaître Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre intérimaire, le porte-parole a répondu: « Oui, pour faire court, oui. » 

« Les dirigeants libyens doivent s'unir pour se mettre d'accord ou se remettre d'accord sur la voie à suivre », a réclamé Stéphane Dujarric. 

« Nous avons vu les informations sur la nomination d'un autre Premier ministre. Notre position reste inchangée », a-t-il aussi déclaré, précisant que l'ONU essayait »d'obtenir des détails sur la décision prise » par le Parlement. 

« L'ONU n'est pas un proconsul ou une autorité générale en Libye », a tenu à souligner Stéphane Dujarric. « Nous sommes ici et là-bas pour aider le peuple libyen et (...) c'est très important pour tous les dirigeants et parties prenantes libyens de garder à l'esprit le peuple libyen », a-t-il fait valoir.

« Fait accompli »   

Au début de la séance à Tobrouk, le Parlement a aussi voté pour prolonger de 14 mois son mandat qui a théoriquement expiré en décembre.  

La chambre des représentants est considérée comme la chasse gardée de son président Aguila Saleh, un cacique de l'Est. M. Saleh est accusé d'avoir enfreint toutes les procédures pour faire nommer M. Bachagha. 

Il avait déjà été accusé d'avoir fait dérailler le processus politique, en promulguant en septembre, sans vote, une loi électorale controversée taillée sur mesure pour son allié Khalifa Haftar qui était lui aussi candidat à la présidentielle.  

« Nombreux voient les événements d'aujourd'hui en Libye --où un nouveau Premier ministre a été fabriqué pour tenter de consolider certaines factions politiques-- comme un fait accompli », a commenté du Twitter Tarek Megrisi, analyste au Conseil européen des relations internationales.  

« Il s'agit en fait d'un jeu de confiance qui se déroule depuis déjà un certain temps et qui a pour seul but de dévoyer les efforts en faveur du processus électoral. »  


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.