Nasser Kamel: «Nous mettons en place le cadre qui permet aux Méditerranéens de parler entre eux»

«L’UpM est un cadre institutionnel de coopération régionale entre les deux rives de la Méditerranée», déclare Nasser Kamel. Photo fournie.
«L’UpM est un cadre institutionnel de coopération régionale entre les deux rives de la Méditerranée», déclare Nasser Kamel. Photo fournie.
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Publié le Mercredi 09 février 2022

Nasser Kamel: «Nous mettons en place le cadre qui permet aux Méditerranéens de parler entre eux»

  • «L’UpM est un cadre institutionnel de coopération régionale entre les deux rives de la Méditerranée», déclare Nasser Kamel
  • «L’UpM propose des projets et des stages professionnels pour les jeunes du sud et du nord de la Méditerranée», souligne le secrétaire général de l’UpM

MARSEILLE: Nasser Kamel, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), répond aux questions d’Arab News en français en marge de la tenue du Forum des mondes méditerranéens.

Pouvez-vous nous parler du rôle de l’Union pour la Méditerranée?
L’UpM est un cadre institutionnel de coopération régionale entre les deux rives de la Méditerranée. Il regroupe les vingt-sept pays membres de l’Union européenne et quinze pays du pourtour sud et est de notre mer commune: la Méditerranée. L’organisation s’occupe des questions de développement durable et humain de la région et intervient dans plusieurs disciplines: environnement, éducation et emploi, recherche scientifique, transport et développement urbain, développement économique et commerce.

La tenue du Forum des mondes méditerranéens est-elle inscrite dans le cadre d’une nouvelle dynamique ou s’agit-il d’une orientation de stratégie autour de la concrétisation des projets méditerranéens?
Nous ne sommes pas dans une logique de projet ou de cadre institutionnel, parce que ce dernier existe déjà. L’UpM, c’est la continuation du processus de Barcelone, qui a été lancé en 1995. La tenue du Forum des mondes méditerranéens est une confirmation de la conviction et de l’orientation politique du président de la république, Emmanuel Macron, et de la France au sens large: nouer des liens très étroits avec le voisinage au sud de l’Europe.

Pour le réaliser, nous nous donnons les moyens. Nous mettons en place les dispositifs et le cadre qui permettent aux Méditerranéens de parler entre eux. L’UpM est non seulement à l’écoute des États concernés, mais aussi de la société civile. Comme vous voyez, ce forum est principalement orienté vers la société civile, et plus particulièrement vers la jeunesse, qui ne représente pas seulement l’avenir mais aussi le présent.

Quelles sont les attentes de cette jeunesse aujourd’hui?
Elles sont énormes, parce que la région fait face à de nombreux défis. L’enjeu climatique est un sujet grave, car la Méditerranée est l’une des régions des plus affectées par le changement climatique. Les pays méditerranéens, et pas seulement ceux de la rive sud, font aussi face à la problématique de l’emploi des jeunes. Nous avons aussi à relever le défi de la transformation digitale, sans laquelle on ne pourra pas être en mesure de répondre aux exigences de la compétitivité sur la scène internationale.

Nous devons apporter des réponses à toutes les questions par l’emploi, la formation et l’insertion professionnelle. Il nous faut adopter une politique environnementale qui repose sur une approche saine, durable et verte, axée sur le déploiement des énergies renouvelables, la protection de la biodiversité et la préservation des patrimoines.

Il faut faire fructifier nos échanges, encourager la mobilité intelligente et positive de la jeunesse méditerranéenne. Nous constatons aussi le manque d’inclusion. La pandémie de Covid-19 a encore creusé l’écart entre les pays et au sein des pays. La vision de l’UpM œuvre à développer une politique d’inclusion, de coexistence et de vivre ensemble.

Concrètement, quelles sont les actions à mener pour répondre à ces besoins?
L’une de ces actions concerne, par exemple, la décision du président de la république, Emmanuel Macron, de consacrer une enveloppe de 100 millions d’euros pour répondre aux besoins des investisseurs français ou franco-maghrébins afin de les encourager à investir dans les pays du sud de la Méditerranée.

En ce qui concerne la migration et la formation professionnelle, l’UpM propose des projets et des stages professionnels pour les jeunes du sud et du nord de la Méditerranée.

L’Union européenne (UE) apporte sa pierre à l’édifice avec Oliver Varhelyi, commissaire en charge de l’élargissement et de la politique de voisinage, qui participe à ce forum. Il vient apporter des réponses concrètes grâce au nouvel agenda pour la Méditerranée, qui permet d’ouvrir un nouveau chapitre, et son plan économique d’investissement, qui mobilisera 30 milliards d’euros. De nombreuses actions seront menées pour accompagner la jeunesse méditerranéenne dans l’accomplissement des projets et des ambitions pour la région.

Il faut savoir que, dans le cadre des énergies renouvelables, les études démontrent que les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont capables de produire, à des coûts très compétitifs, cent fois les besoins de l’Europe en énergie. Nous pourrons proposer des solutions et des actions concrètes pour investir dans le solaire, notamment.

Ces actions consistent-elles aussi à apporter une réponse à la question migratoire?
Bien évidemment! La réponse à la question migratoire consiste à adopter une stratégie globale. En travaillant et en agissant sur les causes, sur les déséquilibres économiques et sociaux entre les deux rives de la Méditerranée, on pourra répondre aux problématiques liées à la crise migratoire. Dans ce cadre précis, la diaspora a son rôle à jouer, car elle représente le pont naturel entre les deux rives de la Méditerranée, ces régions très riches en ressources humaines, naturelles et économiques.


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."