PARIS : Marine Le Pen a accusé mercredi le président Emmanuel Macron, de retour d'une tournée diplomatique sur la crise ukrainienne, d'être le "petit télégraphiste de l'Otan et de l'UE" et de mentir.
"Il est arrivé à Moscou non pas comme le président français mais comme le petit télégraphiste de l’Otan et de l'Union européenne, ce qui lui a (valu) un accueil dont la froideur n’a échappé à personne", a déclaré sur Europe 1 la candidate d'extrême droite à la présidentielle. Elle reprenait une formulation utilisée par le socialiste François Mitterrand en 1980 contre son adversaire et président à l'époque, Valéry Giscard d'Estaing.
La candidate française, qui avait été reçue lors de la précédente campagne présidentielle par Vladimir Poutine et continue de rembourser à un créancier russe un prêt d'environ 9 millions d'euros, a aussi jugé que certains propos de M. Macron étaient "un mensonge qui a été immédiatement contredit par le Kremlin".
Le Pen dit « comprendre » les « convois de la liberté »
La candidate RN Marine Le Pen a dit mercredi "comprendre" le mouvement des "convois de la liberté" opposé au pass vaccinal, en appelant ces manifestants à aussi voter à l'élection présidentielle.
Le président des députés LR Damien Abad y voit des convois "de l'oppression", tandis que le numéro 2 de La France insoumise Adrien Quatennens "encourage" "les Insoumis qui souhaitent y aller", réclamant "l'abrogation" du pass vaccinal.
Des milliers d'opposants au pass vaccinal ont annoncé sur les réseaux sociaux vouloir "rouler sur Paris" samedi dans le cadre d'une action citoyenne baptisée "convois de la liberté", inspirée par celle des routiers canadiens qui bloquent le centre de la capitale Ottawa.
"Evidemment que je le comprends, c’est une autre forme de +gilets jaunes+", a dit sur Europe 1 la candidate d'extrême droite à la présidentielle.
"La mondialisation sauvage, sans régulations, sans limitations posées par le pouvoir politique pour protéger les populations, ont fait de nos sociétés des cocottes-minute et le moindre événement peut faire sauter le couvercle", a-t-elle souligné.
Elle a assuré que son soutien n'était "pas de la récupération" et a invité "ceux qui sont scandalisés par le pass vaccinal, par la hausse terrible du (prix du) carburant", à "voter". "Manifester sa colère oui bien sûr, alerter le pouvoir oui bien sûr, mais le moment venu, et c’est une fois tous les cinq ans, (...) c'est la présidentielle, c'est à ce moment-là que se décident véritablement les grandes orientations de notre pays".
A gauche, le numéro 2 de LFI Adrien Quatennens a estimé sur franceinfo qu'"il fa(llait) abroger maintenant le pass vaccinal et en finir avec toutes ces mesures liberticides qui n'ont pas d'efficacité". "Donc s'il y a des Insoumis qui souhaitent y aller (dans ces convois), moi je les encourage à y aller", a-t-il dit.
"Il y a aussi la question du pouvoir d'achat en France et j'ai vu certains qui ont l'intention d'utiliser ces convois pour revenir avec des revendications des gilets jaunes qui n'ont pas été satisfaites. Evidemment que nous les soutenons toujours", a-t-il ajouté.
Le chef de file des députés LR, Damien Abad, a affirmé à l'inverse sur franceinfo qu'il ne "croyait pas à la violence, aux oukazes. Ce convoi des libertés, c’est parfois malheureusement un convoi de l'oppression".
Ce n'est "pas par la violence, la manifestation perpétuelle qu'on retrouvera le chemin de la liberté" mais "en résolvant la crise sanitaire (du Covid-19), en permettant plus de liberté" notamment pour les jeunes, a-t-il ajouté, en suggérant de lever le port du masque dans les classes de primaire.
Emmanuel Macron avait assuré mardi avoir "obtenu", lors de ses discussions lundi avec Vladimir Poutine, "qu'il n'y ait pas de dégradation ni d'escalade" dans la crise russo-occidentale liée à l'Ukraine.
Le président russe avait lui estimé, sans évoquer un accord, que "certaines des idées" de M. Macron pourraient "jeter les bases d'avancées communes".
Marine Le Pen a de nouveau invoqué des engagements non écrits pris par l'Otan auprès de Moscou dans les années 1990-91 lors de la réunification de l'Allemagne, par lesquels l'Otan s'était engagée à ne pas faire entrer en son sein des pays "frontaliers à la Russie" pour "qu’il n’y ait pas de positionnements militaires à la frontière russe", selon elle.
"En voulant faire entrer l’Ukraine dans l’Otan, il y a une rupture de cet accord non écrit et donc la Russie masse ses troupes à la frontière ukrainienne", a justifié Mme Le Pen, qui souhaite que la France quitte le commandement intégré de l'Otan et juge sans "intérêt" les sanctions contre Moscou.
La présence de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière ukrainienne fait craindre aux Occidentaux une invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014 et soutient les séparatistes en guerre avec les forces ukrainiennes depuis la même année.