Marine Le Pen avec ses alliés européens à Madrid sans éteindre le feu français

Marine Le Pen, candidate du parti d'extrême droite français Rassemblement national à l'élection présidentielle française de 2022, s'entretient avec la presse en marge du sommet "Défendre l'Europe", à Madrid, le 29 janvier , 2022. (Photo, AFP)
Marine Le Pen, candidate du parti d'extrême droite français Rassemblement national à l'élection présidentielle française de 2022, s'entretient avec la presse en marge du sommet "Défendre l'Europe", à Madrid, le 29 janvier , 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 janvier 2022

Marine Le Pen avec ses alliés européens à Madrid sans éteindre le feu français

  • A Varsovie, les responsables présents avaient discuté de la possibilité de votes communs à Strasbourg mais sans parvenir à conclure une alliance formelle
  • Viktor Orban doit aussi rencontrer samedi à Paris l'ancien président français Nicolas Sarkozy, a-t-on appris auprès de l'entourage de ce dernier

MADRID : Marine Le Pen, candidate d'extrême droite à la présidentielle, a revu samedi à Madrid ses alliés européens pour asseoir sa crédibilité sans parvenir à éteindre le feu de la saga familiale et politique qui couve autour de sa nièce Marion Maréchal, tentée de rejoindre Éric Zemmour.

La candidate du Rassemblement national avait pris soin d'emmener à Madrid l'eurodéputé Nicolas Bay, premier vice-président du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen - où siège le RN - et qui est cité parmi ceux tentés de rejoindre Eric Zemmour.

Mais l'eurodéputé a refusé de dire samedi s'il serait à ses côtés jusqu'au premier tour. "Je suis aujourd'hui à Madrid aux côtés de notre candidate et de nos alliés européens pour travailler à un projet qui dépasse largement ces petites péripéties politiciennes", a-t-il déclaré sur BFMTV.

"Ceux qui veulent partir (du RN) partent, mais ils partent maintenant parce que ce qui est insupportable c'est la taqiya (la dissimulation, ndlr) qu'ils reprochent eux-mêmes aux islamistes", lui a indirectement répondu la candidate du RN lors d'un bref point presse.

"Avoir des gens qui aujourd'hui font semblant d'être ici, alors qu'en réalité leur cœur ou leur esprit est ailleurs, c'est insupportable. C'est un manque total de dignité et de respect à l'égard de l’ensemble de nos militants", a-t-elle ajouté.

Le mari de Marion

Marine Le Pen avait déjà jugé vendredi "violent" que sa nièce Marion Maréchal songe à rejoindre son rival, en insistant sur "l'aspect personnel" de leur relation et en assurant être "mieux placée" pour gagner en avril que l'ancien éditorialiste.

La candidate du RN (autour de 17%) est donnée dans les sondages à la deuxième place au premier tour, au coude-à-coude avec la candidate LR Valérie Pécresse, devant Eric Zemmour (13%).

Alors que des rumeurs enflaient, Marion Maréchal s'est confié au Parisien et au Figaro pour dire qu'elle "penchait" pour Eric Zemmour, sans le rallier à ce stade.

Au risque de raviver les plaies familiales, ce que Marion Maréchal veut à tout prix éviter.

Marine Le Pen a été rattrapée par sa nièce jusque dans l'enceinte de la réunion avec ses alliés d'extrême droite et souverainistes, parmi lesquels figuraient les Premiers ministres hongrois Viktor Orban et polonais Mateusz Morawiecki, mais aussi... le mari de Marion Maréchal, Vincenzo Sofo, qui représentait le parti Fratelli d'Italia (néo-fascistes). Et que Mme Le Pen a salué.

Tête-à-tête avec Orban

La candidate n'exclut pas non plus à Madrid de "discuter" avec ses alliés polonais de l'avenir des deux anciens eurodéputés partis chez Eric Zemmour, Jérôme Rivière et Gilbert Collard. Les deux élus ont été exclus du groupe ID, mais pourraient être tentés de rejoindre un autre groupe.

L'eurodéputé Thierry Mariani, donné parmi les possibles partants, l'a assurée samedi sur FranceInfo de son soutien. "Je reste avec Marine Le Pen", qui est "la seule qui est en position de gagner", a-t-il dit.

En s'affichant avec ses alliés, Marine Le Pen conforte sa stature internationale et sa crédibilité sur sa capacité à accéder au pouvoir, alors qu'elle a obtenu pour sa campagne présidentielle un prêt de 10,6 millions d'euros d'une banque européenne.

Elle se démarque aussi d'Eric Zemmour qui avait connu des déplacements chahutés à Londres et Genève.

Après un petit déjeuner en tête-à-tête samedi matin avec M. Orban, Marine Le Pen s'est dite "très optimiste sur la capacité que nous avons tous ensemble de pouvoir constituer cette grande force politique au Parlement européen".

Les formations réunies à Madrid, après Varsovie il y a deux mois, aspirent à constituer un groupe commun au Parlement européen, où elles sont divisées entre le groupe ID (RN français, Ligue italienne, AfD allemande) et le groupe CRE des Conservateurs et réformistes européens (Droit et Justice polonais, Vox espagnol, Fratelli d'Italia). Le Fidesz de Viktor Orban, qui a divorcé du groupe du Parti populaire européen, est lui à la recherche d'autres partenaires.

A Varsovie, les responsables présents avaient discuté de la possibilité de votes communs à Strasbourg mais sans parvenir à conclure une alliance formelle.

Viktor Orban doit aussi rencontrer samedi à Paris l'ancien président français Nicolas Sarkozy, a-t-on appris auprès de l'entourage de ce dernier.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».