France: une sculpture en hommage à Abd el-Kader vandalisée avant son inauguration

Des drapeaux français et européens flottent devant une sculpture en hommage au héros national algérien Abdelkader, intitulée «Passage Abdelkader», réalisée par l'artiste Michel Audiard, à Amboise, dans le centre de la France, le 5 février 2022. (AFP)
Des drapeaux français et européens flottent devant une sculpture en hommage au héros national algérien Abdelkader, intitulée «Passage Abdelkader», réalisée par l'artiste Michel Audiard, à Amboise, dans le centre de la France, le 5 février 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 février 2022

France: une sculpture en hommage à Abd el-Kader vandalisée avant son inauguration

  • Cette œuvre, installée pour les 60 ans de l'indépendance de l'Algérie, avait été proposée par l'historien Benjamin Stora dans son rapport remis au président français Emmanuel Macron en janvier 2021
  • L'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, a dénoncé «un acte de vandalisme d'une bassesse inqualifiable»

AMBOISE: Une sculpture en hommage à Abd el-Kader, héros national algérien du refus de la présence coloniale française à la fin du 19e siècle, a été vandalisée avant son inauguration samedi à Amboise, dans le centre de la France, un acte largement condamné.


Cette œuvre, installée pour les 60 ans de l'indépendance de l'Algérie, avait été proposée par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie", remis au président français Emmanuel Macron en janvier 2021.


C'est à Amboise qu'Abd el-Kader (1808-1883) avait été détenu avec plusieurs membres de sa famille de 1848 à 1852.


La sculpture, signée de l’artiste français Michel Audiard, représente l'émir découpé dans une feuille d'acier rouillé. C'est sa partie basse qui a été largement dégradée.

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La sculpture, signée de l’artiste français Michel Audiard, représente l'émir découpé dans une feuille d'acier rouillé. C'est sa partie basse qui a été largement dégradée. (AFP)


Une enquête pour "dégradation grave de bien destiné à l'utilité publique et appartenant à une personne publique" a été ouverte et confiée à la police locale, a dit à l'AFP le procureur de Tours (centre), Grégoire Dulin.


"Il n'y a pas de revendication", a indiqué à l'AFP un responsable de la gendarmerie, Hugues Loyez. "L’œuvre était en parfait état depuis sa mise en place il y a dix jours". 


L'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, a dénoncé "un acte de vandalisme d'une bassesse inqualifiable", ajoutant: "il faut dépasser cela (…). Le rapprochement franco-algérien continue. Il y a une dynamique, une volonté de part et d'autre d'aller de l'avant".


De son côté, Benjamin Stora a dénoncé "l'obscurantisme, l'analphabétisme et l'ignorance" de ceux qui ont dégradé la sculpture.


"L'émir Abd el-Kader a eu plusieurs vies. Il a combattu la France, bien sûr, mais il a été aussi un ami de la France. Ceux qui ont fait ce geste ne connaissent rien à l'histoire de France", a déclaré l'historien à l'AFP.


"C'était un guerrier mais aussi un philosophe, un mystique, un personnage extrêmement important qui a sauvé les chrétiens d'Orient à Damas en 1860", a-t-il rappelé.


L'inauguration de la stèle a été maintenue. Juste avant la cérémonie prévue à 10H00 GMT, les passants et la centaine de personnes présentes ont découvert les dégradations.

«Inqualifiable»
Le maire d'Amboise, Thierry Boutard, a indiqué que l’œuvre serait "restaurée et refaite". Selon l'artiste, Michel Audiard, la sculpture peut être refaite d'ici un mois.


"J’ai eu honte qu'on traite une œuvre d’art et un artiste de cette sorte", a dit le maire à l'AFP. "Le deuxième sentiment est bien sûr l’indignation. C’est une journée de concorde qui doit rassembler et un tel comportement est inqualifiable".


En pleine campagne pour l'élection présidentielle d'avril, "c'est une période politiquement tendue ou que certains se plaisent à tendre" encore plus, a ajouté M. Boutard.


"Rappelons-nous ce qui nous unit. La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle n'oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statues", a condamné le président Emmanuel Macron dans une réaction transmise à l'AFP. 


Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a aussi condamné "cet acte qui est profondément débile". "L’augmentation des actes antireligieux n’est pas un bon signe de santé de la société française", a-t-il dit.


L'artiste Michel Audiard a confié sa peine de voir son œuvre en partie détruite. Pour lui, "c'est réellement un saccage prémédité. Il faut une disqueuse, il faut couper, il faut tordre. C'est un acte de lâcheté (...) ce n'est pas signé, c'est gratuit". 


Parmi les personnes présentes à l'inauguration, Ouassila Soum, Franco-Algérienne de 37 ans, avait "le coeur serré".


"C'est dommage et en même temps ce n’est pas surprenant avec le discours de haine, le climat nauséabond actuel", a-t-elle confié à l'AFP, voyant dans cette stèle "un symbole de rapprochement entre les peuples et les civilisations".


L'émir Abd el-Kader ibn Mahieddine (1808-1883) est une figure de l'histoire de l'Algérie. Surnommé "le meilleur ennemi de la France", il est considéré comme l'un des fondateurs de l'Algérie moderne.


Après sa reddition, il a été emprisonné à Toulon (sud-est), Pau (sud-ouest) puis au château d'Amboise de 1848 à sa libération en 1852.


Cet "homme passerelle" comme le qualifie M. Stora, s'est ensuite exilé à Damas où sa défense en 1860 des chrétiens de Syrie, en proie aux persécutions, fera de lui un symbole de tolérance. Il sera récompensé en France de la Grand Croix de la Légion d'honneur.


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.