TUNIS : Les relations entre la France et l'Algérie sont "dans une phase ascendante", a estimé vendredi le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra en marge du sommet de l'Union africaine, où Alger a proposé une médiation dans la crise politique au Mali.
"Nous sommes dans une phase ascendante et nous espérons que ça ira de mieux en mieux", a répondu le ministre à RFI et France24 à Addis Abeba, où est organisé le sommet de l'UA.
M. Lamamra a assuré que les présidents algérien Abdelmajid Tebboune et français Emmanuel Macron avaient "une excellente relation personnelle", "cordiale et confiante".
Mais "cela ne suffit pas à masquer certains problèmes", a dit le ministre algérien, en rappelant que la brouille d'octobre dernier était née de ce qu'Alger a perçu comme "des atteintes à la mémoire, à l'histoire et à la dignité de nos compatriotes".
À propos des questions mémorielles, le ministre a jugé que "l'histoire doit être laissée aux historiens et l'appropriation par chacun des peuples de son histoire doit se faire sans acrimonie et sans accusations pas forcément avérées".
Concernant le 60e anniversaire en mars des accords d'Evian (cessez-le-feu à la fin de la guerre d'Algérie), et un éventuel geste de Paris, le chef de la diplomatie a souhaité que l'Algérie puisse récupérer "des archives", "et même quelques crânes de héros de la résistance algérienne contre l'invasion française", dont "on se demande si c'est vraiment humain de les garder dans des musées".
Par ailleurs, M. Lamamra "n'exclut rien" quant à une possible participation de M. Tebboune à un sommet à la mi-février à Bruxelles entre l'Union européenne et l'Union africaine, à l'invitation de la France qui assure la présidence tournante de l'UE.
Sur l'interdiction de survol de l'Algérie par les avions français, M. Lamamra a évoqué une "mesure technique qui n'a pas vocation à durer éternellement", dans un moment où "des ponts de la coopération algéro-française sont en train de se remettre en place".
M. Lamamra a par ailleurs évoqué une proposition de médiation de l'Algérie entre le Mali et la CEDEAO, soulignant que "tant que les efforts algériens seront en cours, cela aura un effet suspensif sur l'application des sanctions" de la CEDEAO. "Nous attendons que le gouvernement malien et les instances de la CEDEAO nous disent s'ils sont disposés à négocier", a-t-il dit.
Au sujet du sommet de l'UA, il a rappelé l'opposition de l'Algérie au statut d'observateur accordé en juillet par cette instance à Israël, estimant que cette décision "prise sans consultations préalables met en péril la solidarité qui doit exister entre les nations africaines".