Verdict crucial au tribunal pour les néonazis grecs d’Aube Dorée

Le fondateur et chef d’Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, devant la justice (Photo, Aris MESSINIS/AFP).
Le fondateur et chef d’Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, devant la justice (Photo, Aris MESSINIS/AFP).
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Publié le Lundi 05 octobre 2020

Verdict crucial au tribunal pour les néonazis grecs d’Aube Dorée

  • Le parti, accusé depuis des années de meurtres et de violences, bénéficiait jusqu'alors d'une quasi-impunité
  • Soixante-huit personnes sont jugées et trente-neuf d'entre elles, dont le fondateur et chef d'Aube dorée, d'anciens députés et des membres du parti, accusées de « direction d'une organisation criminelle » ou d' « appartenance » à une telle organisation

ATHENES: La cour criminelle d'Athènes doit prononcer mercredi, après un procès marathon, un verdict crucial pour la direction et des dizaines de membres du parti néonazi Aube dorée, accusé d' « organisation criminelle » et du meurtre d'un rappeur.

Militant de gauche, le musicien Pavlos Fyssas a été assassiné à l'arme blanche dans la nuit du 18 septembre 2013, à l'âge de 34 ans, devant un café de son quartier de Keratsini, une banlieue de l'ouest d'Athènes.

Son assassin, Yorgos Roupakias, membre d'Aube dorée, qui a avoué le crime, risque la prison à vie.

Le choc provoqué par ce meurtre, dans une Grèce alors en pleine crise financière, a contraint les autorités à arrêter et à traduire en justice la direction et de nombreux membres du parti, accusé depuis des années de meurtres et de violences mais qui bénéficiait jusqu'alors d'une quasi-impunité.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a fustigé samedi dans un article de presse « le passage catastrophique de la formation nazie » dans la vie politique grecque, soulignant l'« inertie » dont le monde politique a fait preuve devant « ce danger ».

Composée de trois magistrats dont Maria Lepenioti, qui a présidé 417 séances pendant cinq ans et demi, la cour doit également se prononcer mercredi sur deux « tentatives d'homicide » impliquant des membres d'Aube dorée : l'une contre des pêcheurs égyptiens le 12 juin 2012 et la seconde contre des membres du syndicat communiste Pame le 12 septembre 2013.

« Organisation criminelle » ?

Soixante-huit personnes sont jugées. Trente-neuf d'entre elles, dont le fondateur et chef d'Aube dorée Nikos Michaloliakos, d'anciens députés et des membres du parti, sont accusées de « direction d'une organisation criminelle » ou d' « appartenance » à une telle organisation. Ces accusés encourent des peines allant de 5 à 15 ans de prison. 

Les autres accusés sont mis en cause pour d'autres chefs liés aux affaires jugées.

Ce long procès a vu défiler 153 témoins, des dizaines d'avocats, et le volume du dossier s'élève à 1,5 téraoctet.

Le principal enjeu du verdict « est de savoir si la cour va condamner la direction et les membres du parti pour le crime de ‘constitution et/ou appartenance à une organisation criminelle’ », explique Me Kostas Papadakis, avocat de la partie civile.

Car en décembre 2019 la procureure Adamantia Iconomou a requis leur acquittement. Elle a déclaré que la preuve d'une « planification centrale des attaques » attribuées à Aube n'avait pas été apportée et que par conséquent l'existence d'une « organisation criminelle » n'avait pas été prouvée.  

Une opinion qui a suscité de vives critiques de juristes et l'indignation d'une grande partie de la société grecque.

« Il est juridiquement très difficile pour la cour d'éviter de qualifier ce parti d'organisation criminelle », a estimé Nikos Alivizatos, constitutionnaliste et professeur à l'Université d'Athènes, lors d'une visioconférence organisée récemment sur ce procès par la Ligue grecque des droits de l'homme.

« Etape clé »

A l'origine de nombreuses violences depuis les années 90, le parti Aube dorée a été créé par Nikos Michaloliakos, 62 ans, admirateur du national-socialisme.

La crise financière de 2010 et la débâcle socio-politique qui a suivi ont profité à Aube dorée, qui en 2012 a fait élire pour la première fois des représentants au Parlement grec. 

A l'époque, des groupes d'hommes en noir sillonnaient les rues d'Athènes, tabassant leurs opposants à coups de pied ou de barres de fer et scandant « Sang, honneur, Aube dorée ».

« Au travers de photos et de vidéos montrées lors du procès, il a été prouvé qu'Aube dorée a une structure militaire, strictement hiérarchique, entraînait ses membres au maniement des armes, avait des ‘milices d'assaut’ et utilisait les symboles nazis » comme la svastika, rappelle Kostas Papadakis.

A l'apogée de sa popularité en 2015, Aube dorée était la troisième formation politique de Grèce, obtenant plus de 370.000 voix aux élections.

Mais le parti a progressivement perdu ses électeurs depuis l'arrestation de sa direction, et il renie désormais l'idéologie nazie. Aux dernières législatives de juillet 2019, Aube dorée n'a obtenu aucun député.

« Le verdict du 7 octobre sera extrêmement important, une étape clé pour la justice et pour le mouvement antifasciste », qui appelle à une manifestation mercredi matin devant la cour, déclare Me Chryssa Papadopoulou, avocate de la famille de Pavlos Fyssas.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.