Macron déjà qualifié avant l'annonce de sa candidature à la présidentielle

Emmanuel Macron, toujours pas candidat, a désormais assez de parrainages pour se présenter à la présidentielle (AFP)
Emmanuel Macron, toujours pas candidat, a désormais assez de parrainages pour se présenter à la présidentielle (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 04 février 2022

Macron déjà qualifié avant l'annonce de sa candidature à la présidentielle

  • Avec 529 parrainages, le président sortant a pris le large devant sa rivale de droite Valérie Pécresse et la candidate socialiste Anne Hidalgo
  • A l'extrême droite, Marine Le Pen n'a pour l'instant recueilli que 35 parrainages et son rival Eric Zemmour 58

PARIS: Pas encore officiellement candidat mais déjà qualifié: Emmanuel Macron a franchi le premier jeudi le cap des 500 signatures d'élus nécessaires pour la présidentielle. Loin devant ses concurrents qui battent la campagne dans les régions pour mobiliser leurs troupes.


Avec 529 parrainages, le président sortant a pris le large devant sa rivale de droite Valérie Pécresse (324 signatures) et la candidate socialiste Anne Hidalgo (266), à la peine dans les enquêtes d'opinion mais avec un parti disposant de relais locaux bien rodés.


A 66 jours du premier tour, les chiffres des parrainages restent en grande partie décorrélés des intentions de vote: à l'extrême droite, Marine Le Pen n'en a pour l'instant recueilli que 35 et son rival Eric Zemmour 58 alors qu'ils sont engagés dans une féroce bataille avec la candidate LR pour décrocher une qualification au second tour. 


Marine Le Pen s'est d'ailleurs dite "inquiète" car "c’est de plus en plus difficile, beaucoup plus difficile qu’en 2017". 


Quatre autres candidats franchissent la barre des 100 parrainages: le communiste Fabien Roussel (159), la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (138), l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (100), en tête des sondages à gauche (autour de 10%), ainsi que Jean Lassalle (124). 


D'autres sont plus à la peine comme l'écologiste Yannick Jadot avec 80 parrainages et surtout Christiane Taubira avec seulement 8 au compteur. Mais les jeux ne sont pas faits: les candidats ont jusqu'au 4 mars à 18H00 pour recueillir les précieux sésames. 

«Ouvrir une second étape»
Et en attendant, les prétendants à l'Élysée ont sillonné jeudi la France à la recherche d'une dynamique porteuse dans cette "drôle de campagne" suspendue à l'officialisation de la candidature du président sortant.


Direction la Corse pour Mme Pécresse: à Ajaccio, elle a affirmé ne pas avoir de "tabou" concernant un statut d'autonomie pour l'île de Beauté, mais dans le cadre d'"une République des territoires" et en fixant des "lignes rouges". Avant de débattre en soirée avec des habitants et élus dans un petit village de montagne.


Celle qui se positionne comme la seule alternative à Emmanuel Macron, qui reste favori des sondages autour de 24-25% des intentions de vote au premier tour, s'effrite toutefois dans les sondages.


Elle perd un point en une semaine (16%) et passe derrière Marine Le Pen, stable à 17%, selon le baromètre OpinionWay publié jeudi. C'est la deuxième semaine de suite que la candidate LR perd un point en glissement sur une semaine, dans cette enquête quotidienne Kéa Partners pour Les Echos et Radio Classique.


L'élue parisienne LR Rachida Dati a appelé dans un entretien au Figaro la candidate à donner de "l'incarnation" à sa campagne, indiquant qu'"aujourd'hui, il est clair qu'il faut ouvrir une seconde étape".


A gauche, le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est déplacé à Tours où il a rencontré des lycéens en pleine inscription à Parcoursup, qu'il entend supprimer s'il est élu. En soirée, devant 2.500 personnes, il a mis en avant le "vote efficace" en luttant "contre la machine à résignation" qui gagne la gauche, divisée et affaiblie.


La socialiste Anne Hidalgo, en dessous des 5% selon les sondages, a abordé la thématique du vieillissement dans un déplacement à Blois. Devant un peu plus de 200 sympathisants, elle a voulu être "lucide": "la situation est difficile. Bien sûr qu'il y a du doute, de la mise en cause". Mais "il faut croire à cette capacité de rebond".  


Et Christiane Taubira, s'est rendue sur l'île d'Oléron pour parler réchauffement climatique et érosion. Elle en a profité pour répondre aux critiques sur sa prestation jugée imprécise devant la Fondation Abbé Pierre. "J'ai l'habitude des attaques d'une très grande violence, (...) ça n'a pas d'effet sur ma détermination ni sur ma façon de réfléchir, de fonctionner, de faire ma campagne", a-t-elle expliqué.

«Communautarisme»
Du côté de l'extrême droite, Eric Zemmour est allé à Fessenheim (Haut-Rhin), site d'une centrale nucléaire fermée récemment, pour de nouveau défendre ardemment le nucléaire. 


Et a de nouveau été pris pour cible par sa concurrente Marine Le Pen qui a fustigé dans Le Figaro le "communautarisme" de l'ex-polémiste autour duquel elle croit retrouver "une série de chapelles": "les catholiques traditionalistes, les païens, et quelques nazis". "Tout cela ne fait pas une posture présidentielle", a-t-elle accusé.


Pour elle, les débauchages par son rival d'élus RN visent à "tuer" le Rassemblement national car "seule la mort du RN et l’échec de Marine Le Pen peuvent lui permettre d'envisager une recomposition fantasmagorique de l’espace politique en 2027, 2032 ou 2039".


Le père de la candidate, l'ancien président et fondateur du Front national (devenu RN), Jean-Marie Le Pen, a été hospitalisé mercredi soir en région parisienne après avoir été victime lundi d'une "forme légère d'AVC" mais ses jours ne sont pas en danger, selon son entourage.


La rédaction de France Inter critique la «convocation inacceptable» de Guillaume Meurice

L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • "Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter
  • Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien

PARIS: La rédaction de France Inter a dénoncé vendredi la "convocation inacceptable" de Guillaume Meurice en vue d'un éventuel licenciement, y voyant un "signe très inquiétant pour la liberté d'expression", au lendemain de la suspension de l'humoriste par Radio France.

"Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter.

Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Il y a des choses qu'on peut dire. Par exemple, si je dis: +Netanyahu est une sorte de nazi mais sans prépuce+, c'est bon. Le procureur, il a dit: +C'est bon+", a lancé l'humoriste dimanche, en référence au récent classement sans suite d'une plainte à son encontre l'accusant d'antisémitisme pour des propos similaires.

Convoqué à un entretien dont la date reste inconnue, il risque une "éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'à la rupture anticipée de (son) contrat à durée déterminée pour faute grave", rappellent les SDJ et SDPI de France Inter, qui "voient dans cette décision un signe très inquiétant pour la liberté d'expression, valeur que défend Radio France".

"Cette convocation inacceptable semble être le symptôme d'un virage éditorial plus large", déplorent-elles.

Elles affirment ainsi avoir appris que le programme "La terre au carrée" allait s'arrêter "pour laisser place à une émission de sciences et d'écologie +plus narrative+ toujours présentée par Mathieu Vidard mais sans Camille Crosnier" et évoquent une "coupe drastique" du budget du "Grand dimanche soir".

Interrogée par l'AFP sur ces éléments, France Inter a expliqué qu'"en accord avec Mathieu Vidard, il y aura une évolution éditoriale de son émission à la rentrée mais elle gardera ses fondamentaux, l'environnement et la science".

Camille Crosnier, elle, restera aux manettes des "P'tits bateaux", désormais diffusée sept jours sur sept, et elle est "en discussions sur d'autres projets" au sein de la grille.

Quant au "Grand dimanche soir", France Inter "souhaite que l'émission continue l'an prochain mais il faut la faire évoluer d'un point de vue éditorial pour qu'elle rentre dans nos frais, en gardant toute l'équipe et en restant en public", a expliqué la radio.

"Aujourd'hui, des séquences coûtent extrêmement cher à produire. Un travail est en cours avec la productrice, Charline Vanhoenacker, pour trouver la meilleure formule", a-t-on appris de même source.

 

 


Victimes de cyberattaques attribuées à la Chine, des parlementaires français s'inquiètent

Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
Short Url
  • A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic
  • Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31

PARIS: Ciblés par une campagne mondiale de cyberespionnage menée par un groupe de hackers aux liens présumés avec l'Etat chinois, plusieurs parlementaires français ont tiré ces derniers jours la sonnette d'alarme devant la "légèreté" de la réponse des autorités face à cet "acte de guerre".

A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic.

Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31, que plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, considèrent lié au gouvernement chinois.

Le point commun de ces élus ? Tous sont membres de l'alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), une instance crée en 2020 pour agir de manière coordonnée sur différents sujets relatifs à la Chine (Covid, répression des Ouïghours, manifestations à Hong Kong...).

Pour la plupart, ces députés et sénateurs français n'ont pourtant découvert l'existence de cette attaque qu'à la fin du mois de mars 2024, lorsque le ministère de la justice américain a publié un acte d'accusation inculpant sept Chinois pour une "prolifique opération de piratage informatique à l'échelle mondiale". Seraient concernés, notamment, plusieurs centaines de comptes liés à l'IPAC, attaqués en janvier 2021.

Pixels malveillants

Lorsqu'il apprend la nouvelle, l'ex-sénateur André Gattolin, qui coprésidait la branche française de l'IPAC jusqu'en septembre 2023, fait le lien tout de suite: à l'automne 2021, les services informatiques du Sénat avaient trouvé dans son ordinateur professionnel des virus de type "cheval de Troie", à la suite d'une alerte de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi).

"A l'époque, je rédigeais un rapport très sensible sur les ingérences étatiques dans les universités et la recherche. Déjà, je m'étais demandé si la Chine pouvait être derrière tout ça", affirme l'ancien élu à l'AFP.

En fouillant ses emails, André Gattolin retrouve la "source corrosive": un mail du 6 janvier 2021 lui proposant de soutenir une soi-disant journaliste indépendante chinoise enquêtant sur la pandémie de Covid à Wuhan.

"Je me rends compte que ce mail avait été ouvert", raconte-t-il. "J'appelle l'Anssi, j'ai du mal à me faire entendre. Même son de cloche auprès des services de renseignement intérieur français (DGSI). Je dépose plainte le 4 avril et nous prenons contact à l'IPAC avec le FBI, qui nous assure avoir prévenu les services français dès 2022. Mais personne ne nous a rien dit", ajoute l'ancien sénateur, agacé.

Alertée par son collègue, la députée du parti présidentiel Renaissance Anne Genetet fait la même manipulation sur sa boîte mail et retrouve aussi un courrier suspect du 21 janvier 2021. "Malencontreusement, je l'ouvre. Une image s'affiche immédiatement, je comprends tout de suite qu'un virus malveillant se trouve dans les pixels", raconte la députée, qui porte plainte immédiatement et dont l'ordinateur est sous scellés depuis.

Interrogé par l'AFP, le parquet s'est refusé à tout commentaire sur ce dossier.

" Dysfonctionnements" 

"S'il y avait aussi peu de parlementaires concernés, je serais rassuré", glisse un haut-responsable français familier des questions de défense. Ce dernier note que l'Anssi protège les services informatiques des deux chambres, ce qui permet de "voir passer pas mal de choses". "Mais il est important que toutes les personnalités importantes se disent qu'elles peuvent être interceptées", insiste cette source.

Les mêmes courriers ont été remarqués par des parlementaires du monde entier, en Belgique, au Canada, en Allemagne ou encore au Danemark.

"Il y a au minimum beaucoup de légèreté et de dysfonctionnements. Je m'inquiète de voir cette puissance chinoise qui agit et un silence total en face. Autant faire entrer tout de suite des espions chinois dans les bureaux", reprend André Gattolin.

Interpellé mardi au Sénat, le gouvernement français s'en est tenu à une réponse convenue: "Le mode opératoire d'APT31 fait l'objet d'un suivi particulier", "y compris judiciaire", a assuré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, et "le gouvernement n'exclut pas d'attribuer publiquement ces cyberattaques" à l'avenir.

Peu rassurant pour les parlementaires concernés. "C'est une attaque ouverte, officielle, et les autorités le savent", regrette Olivier Cadic. "Ce qu'on nous fait, c'est un acte de guerre".

 


Mort de Nahel: une reconstitution aura lieu dimanche

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
Short Url
  • Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime
  • La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes

NANTERRE: Près d'un an après la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin 2023, la justice réunit dimanche les principaux protagonistes du dossier pour une reconstitution des faits, a appris l'AFP de sources concordantes.

Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c'est un moment fort", souligne Nabil Boudi, avocat de la mère de Nahel.

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes.

A travers la France, les incendies de bâtiments publics et d'infrastructures ou les pillages de magasins ont causé des dégâts représentant un milliard d'euros, selon le Sénat.

A Nanterre, non loin du rond-point où Nahel a été tué et où aura lieu la reconstitution, certains bâtiments en portent encore les traces.

L'enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l'usage de l'arme à feu était légitime.

Une première version policière, selon laquelle l'adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par la vidéo des faits, diffusée sur les réseaux sociaux.

Policier libéré

Pendant cinq mois, le policier auteur du tir, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire.

Mais en novembre, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs demandes de son conseil.

Les juges qui ont décidé de sa remise en liberté avaient reconnu qu'il existait encore "des divergences entre les différentes versions données", mais que "le risque de concertation" apparaissait désormais, "dans cette configuration, moins prégnant" et "ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre".

"L'information judiciaire a progressé", les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats.

Ils soulignent également que "si le trouble à l'ordre public demeure", "il est moindre qu'à la date du placement en détention provisoire".

Après la libération de Florian M., Mounia, la mère de Nahel qui l'élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel quelques centaines de personnes s'étaient rendues dans le calme.

"Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes", avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.

"Elle est très stressée, ça ravive de mauvais souvenirs", estime Me Boudi, son conseil.

L'avocat de Florian M. n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.