PARIS: Les prétendants à l'Elysée sillonnent la France jeudi, abordant des thématiques très diverses à la recherche d'une dynamique porteuse, au moment où la campagne présidentielle reste suspendue au lancement d'Emmanuel Macron.
A 66 jours du premier tour, le président sortant continue de différer sa déclaration de candidature, attendant, comme il l'a assuré, que les « pics » des crises sanitaire de la Covid-19 et ukrainienne soient passés.
Dans l'expectative, la campagne donne l'impression d'une « drôle de guerre » qui se joue dans les confins d'une France pas encore tout à fait entrée en phase électorale. D'autant plus que les sondages montrent une remarquable stabilité dans les intentions de vote, aucun candidat ne bénéficiant d'une véritable dynamique.
M. Macron est donné en tête des intentions de vote du premier tour avec 24-25% devant la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, au coude à coude avec la candidate des Républicains Valérie Pécresse, et devant Eric Zemmour en quatrième position.
Si la présidentielle se joue souvent dans les dernières semaines avant le scrutin, « il est toujours très difficile de dire à quel moment une campagne commence vraiment », dit Sylvie Strudel, chercheuse associée au Cevipof.
« Incarnation »
Après des « grands oraux » très parisiens mercredi devant le syndicat de police Alliance pour la droite, et la Fondation Abbé Pierre pour la gauche, les candidats vont à la rencontre des électeurs, abordant des thématiques aussi diverses que le nucléaire, l'éducation ou encore le vieillissement.
Direction la Corse pour Mme Pécresse qui, très attachée à se donner une image régalienne, était arrivée dès mercredi soir afin de se rendre à bord du porte-avions Charles De Gaulle, qui navigue en Méditerranée.
Elle qui voudrait se positionner comme la seule alternative à M. Macron entend aller « sur le terrain, en immersion, rencontrer des Français » pour « parler avec eux de leur vie et de comment ma politique peut changer leur vie », expliquait-elle lundi.
Dans une interview au quotidien Le Figaro mercredi soir, l'élue parisienne LR Rachida Dati appelle la candidate de son parti à donner de « l'incarnation » à sa campagne, en estimant que l'élection présidentielle ne se résume pas à « une somme de propositions ».
« Aujourd'hui, il est clair qu'il faut ouvrir une seconde étape dans cette campagne, celle de l'incarnation qui parle à tous les Français », affirme-t-elle en appelant à éviter les « postures technocratiques ».
Son ancien adversaire lors de la primaire à droite, Eric Ciotti, assurait lui sur LCI jeudi matin : « On est mobilisés, on travaille sur le projet, tout le monde tire dans le même sens ».
Débat sur les débats
Du côté de l'extrême droite, l'ex-polémiste Eric Zemmour se rend à Fessenheim (Haut-Rhin) pour parler du nucléaire qu'il défend ardemment, tandis que Mme Le Pen n'avait pas de déplacement en vue, concentrée sans doute à préparer sa « convention présidentielle » prévue samedi à Reims.
A gauche, le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui domine les sondages de son camp (autour de 10%), devait être en déplacement à Tours pour y rencontrer des lycéens avant de tenir un meeting en soirée.
La socialiste Anne Hidalgo, dont la campagne bat de plus en plus de l'aile, abordait la thématique du vieillissement dans un déplacement à Blois, et Christiane Taubira, critiquée pour sa prestation jugée imprécise mercredi devant la Fondation Abbé Pierre, allait sur l'île d'Oléron.
En attendant l'entrée en lice de M. Macron, il y a débat sur les débats.
Mercredi, Mme Pécresse assurait qu'elle trouverait « tout à fait lâche » qu'il refuse un débat avant le premier tour de la présidentielle.
Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, interrogé jeudi sur RTL, a insisté sur « la nécessité d'un débat démocratique. Donc, le président de la République qui va devenir maintenant candidat citoyen, il faut qu'il débatte avec les autres candidats ».
Dans un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche publié jeudi, 71% des Français se prononcent pour que le président Macron participe à un débat lorsqu'il aura annoncé sa candidature.