PARIS : Baptisée «US Agriculture Road Show to Algeria 2022» et organisée par le Conseil d’affaires algéro-américain (USABC) en collaboration avec l’ambassade d’Algérie à Washington, une délégation composée de sept entreprises américaines a effectué, du 15 au 23 janvier, une tournée dans plusieurs wilayas: Oran, Mostaganem, Mascara, Annaba, Souk-Ahras, Guelma, Khenchela, El Oued et Hassi Messaoud.
Les organisateurs expliquent que l’objectif de cette opération est d’aller à la rencontre des agriculteurs algériens afin d’étudier les opportunités d’affaires avec les opérateurs locaux. «Cette tournée a deux objectifs. Le premier consiste à faire connaître à la partie américaine le secteur de l’agriculture et son potentiel», explique le président du Conseil d’affaires algéro-américain (USABC) Smaïl Chikhoune à Arab News en français. Cette tournée – une première en Algérie – nous a permis de visiter plusieurs régions du pays.
M. Chikhoune ajoute: «Les agriculteurs américains ont eu l’occasion de découvrir les cultures traditionnelles, les petites fermes, ainsi que les grands espaces de l’agriculture intensive. Ils ont été agréablement surpris de découvrir de petites exploitations familiales, mais aussi de grands groupes dotés de cultures très bien gérées et qui utilisent les toutes dernières technologies.»
Le président du USABC donne l’exemple de Filaha, société publique qui est une filiale du groupe Cosider, champion national dans le domaine du bâtiment et les travaux publics (BTP) Filaha consacre 1 000 ha – sur les 16 000 ha que compte l’exploitation – à la production d’aliments pour bétail et se tournera prochainement vers la production de céréales.
Entreprises expérimentées
Agri International, entreprise spécialisée dans les solutions agricoles clés en main, Roberts International Agricultural Development LLC, qui s’implique dans la production laitière et dans la construction de parcs d’engraissement de bovins de boucherie, Texas Biotechnology, qui développe une gamme de produits de biorégénération des sols, Five-G Consulting, une société qui propose l’expertise de ses ingénieurs dans la planification d’installations de fermes laitières, ou encore l’entreprise Reinke, spécialisée dans les solutions d’irrigation, figurent parmi les entreprises expérimentées qui participent à cette opération.
Atlas Group, présent en Algérie via Atlas Genie Civil Company Spa, filiale active depuis 2003, emploie 7 000 collaborateurs, dont 80% d’Algériens. «Atlas Group, originaire de Houston, dispose de plusieurs filiales dans les secteurs du gaz et du pétrole, de la biotechnologie, de la construction et de l’agriculture, et travaille depuis de nombreuses années avec l’État algérien sur la construction de logements, de lycées et d’hôpitaux», nous explique Smaïl Chikhoune. En créant Atlas Filaha (Atlas Agriculture), en 2017, le groupe a obtenu une concession de 10 000 hectares dans la ville de Hassi Messaoud pour l’exploitation de la betterave sucrière, l’expérimentation de la culture du blé et l’alimentation du bétail.
Selon M. Chikhoune, dans le cadre du plan de développement d’Atlas Filaha, il est prévu des investissements à hauteur de 250 millions de dollars par an sur trois années, ce qui représente un total de 750 millions de dollars. «Ces investissements seront consacrés, entre autres, au développement d’une industrie du sucre, à la réalisation d’une raffinerie d’huile de tournesol et à la production d’aliments pour bétail», indique-t-il.
Fermes laitières
Les experts américains ont présenté le concept américain des fermes laitières, notamment à travers l’utilisation des nouvelles technologies, l’exploitation du matériel agricole et la gestion des programmes agricoles de grande envergure.
«Texas Biotechnology utilise une technologie innovante en matière de fertilisation: elle permet de nourrir les sols qui manquent de bactéries ou de champignons», souligne Smaïl Chikhoune. Ce dernier rappelle que ce laboratoire spécialisé dans la production de fertilisant bio stimulant, de grains de semence et d’engrais, et qui travaille avec les universités de Houston et de Californie, a recensé plus de 8 000 bactéries qui peuvent être bénéfiques aux sols et aux plantes.
Lors d’une rencontre avec des agriculteurs et des éleveurs algériens dans la wilaya d’Oran, les opérateurs américains ont émis le souhait de construire des projets communs dans les meilleurs délais. Le président de l’USABC nous révèle que les opérateurs américains savent saisir les opportunités d’affaires et détecter le potentiel des investissements à travers le monde. «Les agriculteurs ont bien vu le potentiel de l’Algérie, avec son climat favorable aux diverses cultures et aux plantations dans toutes les régions du pays: le Centre, les Hauts Plateaux, et l’immense Sud. Ils savent aussi que le marché est relativement inexploité», nous explique-t-il.
«En raison de sa position géographique stratégique, l’Algérie constitue une porte d’entrée pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe. Ses sols, qui ne sont pas souillés par les produits chimiques, offrent de remarquables opportunités pour développer la culture biologique, très demandée aux États-Unis», poursuit-il. «À Oran, nous avons visité la célèbre ferme de culture d’agrumes, là où le père Clément a inventé la clémentine. Nos partenaires ont beaucoup apprécié ce produit biologique de très haute qualité qui se vend localement entre 1 et 2 dollars, alors qu’il coûte entre 14 et 15 dollars aux États-Unis.»
«Concrétiser des projets»
Don Roberts, agriculteur et éleveur de plus de 5 000 vaches laitières dans l’Utah et responsable de la firme Robert Legacy LLC, spécialisé dans le design des fermes agricoles, estime pour sa part que le terrain est très propice pour nouer des partenariats dans le domaine agricole. «La volonté, l’enthousiasme et le savoir-faire sont présents pour concrétiser des projets», fait-il savoir lors de son intervention. Il se dit prêt à concrétiser des projets de partenariat dans le domaine de la production de l’alimentation pour le bétail, de l’engraissement des bovins et de la production laitière.
De son côté, Dave Staheli, gérant du groupe Staheli West, une entreprise spécialisée dans les équipements agricoles, souligne que le marché algérien est très ouvert pour cette filière. «Nous avons pour ambition de vendre nos produits dans ce vaste pays et de faire l’assemblage des machines en Algérie», déclare-t-il.
Quant à Gideon Dell, gérant de plusieurs firmes, il exprime son désir de renforcer les liens de coopération qu’il avait déjà noués avec des partenaires algériens, notamment dans le cadre de la production céréalière et la fertilisation. Il est ainsi prévu que soit conclu un partenariat avec un opérateur local pour lancer la fabrication d’engrais biologiques.
Pour M. Chikhoune, l’objectif est de s’orienter vers la production de grandes surfaces. Cela permettra, d’une part, de garantir une autosuffisance ainsi que des créations d’emplois, et, d’autre part, de donner la possibilité à l’Algérie d’aller vers l’exportation grâce à la création de consortiums et de coopératives agricoles.
«Composés de gestionnaires, de designers de fermes, experts du sol, de l’irrigation, de l’équipement agricole, de l’alimentation du bétail ou encore le recyclage des déchets, les consortiums sont présents dans de nombreux comme l’Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie, Kenya et Égypte.
«C’est le même consortium qui est venu en Algérie, l’idée est de reproduire ces expériences qui sont très réussies dans ces pays », nous révèle -t-il. Des discussions pour des partenariats gagnant-gagnant sont en cours et seront poursuivies lors de la visite des agriculteurs algériens programmée pour le mois de mai prochain aux États-Unis», conclut-il.