LONDRES: Un groupe de footballeuses portant le hijab conteste une décision française interdisant aux joueuses professionnelles de porter le voile musulman pendant les matchs.
Le groupe de joueuses, qui se fait appeler Les Hijabeuses, a demandé au Conseil d'État – la plus haute juridiction du pays pour les questions d'administration publique – d'annuler une décision de la Fédération française de football (FFF) interdisant le port du voile pendant les matchs.
L'affaire survient alors que la France continue de débattre au sujet de la place et de la présence de l’islam et des musulmans – estimés à 5% des 67 millions d'habitants du pays – dans la vie publique.
Founé Diawara, âgée de 22 ans, coprésidente des Hijabeuses, dénonce l'interdiction du hijab dans le football, la qualifiant de «grande injustice». «Nous avons le sentiment d'être exclues», déclare-t-elle.
Elle affirme qu’elle n’est pas autorisée à participer aux matchs, même dans les ligues de football amateur, parce qu’elle refuse d'enlever son hijab.
«Nous payons l'adhésion au club, nous nous donnons à 100% lors des entraînements et, le jour du match, on nous dit que nous ne pouvons pas jouer», ajoute-t-elle.
La FFF refuse le hijab au motif que tout «discours ou signe à caractère politique, idéologique, religieux ou syndicaliste» est interdit sur ses terrains.
Les Hijabeuses soutiennent dans leur procès que la FFF a outrepassé ses pouvoirs en interdisant le port du voile pendant les matchs, et qualifient la mesure d'«atteinte grave à plusieurs libertés fondamentales et manifestement illégale».
Elles précisent que la Fifa, la fédération internationale de football, a autorisé le port du voile dans le football en 2014.
De nombreuses institutions publiques en France interdisent le hijab à leurs employées, arguant du fait que la laïcité inscrite dans la loi française s'étend aux vêtements que portent les employées de l'État, et que le hijab est une expression manifeste de la religion.
Ceux qui s'opposent à l'interdiction du hijab soutiennent que l'État ne devrait pas contrôler ce que les femmes peuvent porter et que ces dernières devraient être autorisées à se couvrir les cheveux si elles le souhaitent.
Les parlementaires français craignent que le Conseil d'État ne se range du côté des Hijabeuses dans leur plaidoyer. Les sénateurs ont donc voté ce mois-ci en faveur d'une législation interdisant le hijab dans tous les sports.
Le président Emmanuel Macron s'oppose à cette législation, lui laissant peu de chance de succès immédiat.
Les Hijabeuses ont néanmoins exprimé leur crainte de voir cette législation adoptée en cas de victoire d’un candidat d'extrême droite lors de la prochaine élection présidentielle.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com