Les «Hijabeuses», ces footballeuses qui défient FFF et Sénat sur le voile

Des footballeuses musulmanes amatrices jouant dans le jardin du Luxembourg face au Sénat. (Photo, AFP)
Des footballeuses musulmanes amatrices jouant dans le jardin du Luxembourg face au Sénat. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 26 janvier 2022

Les «Hijabeuses», ces footballeuses qui défient FFF et Sénat sur le voile

Des footballeuses musulmanes amatrices jouant dans le jardin du Luxembourg face au Sénat. (Photo, AFP)
  • «Nous on veut juste jouer au football, nous ne sommes pas des militantes pro-hijab, juste des passionnées de football, le reste nous dépasse un peu», assure la co-présidente des «Hijabeuses»
  • C'est une question épineuse, sur fond de laïcité, une thématique éminemment sensible à trois mois de l'élection présidentielle

PARIS: Elles sont plusieurs dizaines en région parisienne, plutôt jeunes, et depuis plusieurs mois ces « Hijabeuses » se dressent contre la Fédération française de football (FFF) qui leur interdit de jouer voilées en compétition, une interdiction que les sénateurs veulent étendre à l'ensemble des fédérations. 

C'est une question épineuse, sur fond de laïcité, une thématique éminemment sensible à trois mois de l'élection présidentielle. Elle s'est d'ailleurs invitée au Sénat il y a plus d'une semaine lors de l'examen de la proposition de loi sur le sport.  

Les parlementaires ont en effet adopté le 19 janvier, contre l'avis du gouvernement, un amendement proposée par le groupe LR interdisant « le port de signes religieux ostensibles » lors « d'événements sportifs et compétitions sportives organisées par les fédérations sportives ». Les sénateurs avaient déjà tenté une première fois, sans succès, d'interdire le voile en compétition lors des discussions sur le projet de loi controversé sur le séparatisme l'été dernier.  

« Juste jouer au foot »  

Les parlementaires LR s'attaquent, selon eux, au « vide juridique » entourant cette question, indique le sénateur LR Michel Savin, en pointe dans ce combat, et qui regrette l'inaction et la position de la ministre des Sports Roxana Maracineanu qui, selon lui, « a dit qu'elle était inquiète de ces manifestations qui se multiplient mais qui n'a pas la même réponse ». 

Plus d'une semaine après le vote de cet amendement, les « Hijabeuses », un collectif crée en mai 2020 pour permettre aux filles voilées d'évoluer en compétition, ont relevé le gant. Elles se sont invitées brièvement mercredi dans le jardin du Luxembourg, au pied du Sénat, pour échanger quelques passes avec une banderole « Le football pour toutes », avant d'être invitées à partir par les gendarmes. 

« On ressent tout cela comme une grande injustice. Il y a ce sentiment d'être exclu et c'est quelque chose qu'on ressent profondément », a expliqué Founé Diawara, l'une des membres de ce collectif chapeauté par Alliance Citoyenne, une association qui défend également le combat des femmes souhaitant accéder aux piscines en burqini. 

Si elle reconnaît quelques « points communs » avec ces femmes luttant pour le burqini, Founé Diawara réfute l'étiquette de militante, et assume « une naïveté » dans ce combat. « Nous on veut juste jouer au football, nous ne sommes pas des militantes pro-hijab, juste des passionnées de football, le reste nous dépasse un peu », assure la co-présidente des « Hijabeuses ». 

Pendant plusieurs mois, elles ont dialogué avec des représentants de la FFF, avec parfois même des oreilles attentives, « mais à un moment le dialogue s'est fermé », raconte Founé Diawara. 

Du coup, elles ont changé d'approche et ont décidé de saisir le Conseil d'Etat en novembre 2021, visant l'article 1 du règlement de la FFF qui interdit « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ».  

L'un de leurs arguments tient notamment à la position de la FIFA, l'instance mondiale du football, qui autorise elle depuis 2014 les joueuses à évoluer en compétition internationale avec leur voile. 

La FFF a toujours argué dans cette affaire un suivi pur et simple de la loi et du principe de laïcité. 

Conseil d'Etat 

Or, si la loi française impose la neutralité aux salariés et agents travaillant pour des fédérations délégataires d'un service public, c'est en revanche bien plus flou pour ses usagers. 

« Le principe de neutralité porte atteinte à la liberté de culte, un droit fondamental », résume Me Marion Ogier, qui défend les « Hijabeuses ». « Limiter un droit fondamental ne peut se faire que si l'on montre qu'il y a un trouble. Or la FFF ne justifie d'aucun trouble, elle considère que le principe de neutralité doit s'appliquer partout. Seul le législateur a le pouvoir de prendre une telle décision. » 

Le Conseil d'Etat a récemment rejeté l'action que le collectif avait intenté en référé, mais l'instruction sur le fonds « continue », assure Me Ogier. 

Et certains s'inquiètent d'une décision du Conseil d'Etat qui pourrait « la prolifération de clubs communautaires » selon Michel Savin qui avait interpellé la ministre des sports Roxana Maracineanu en décembre lors d'une séance de questions d'actualité. 

La ministre, qui lors de la polémique sur le hijab de running de Décathlon en 2019 avait semblé adopter une positon assez ouverte en rappelant que son rôle était de « promouvoir le sport pour tous dans une logique de progrès, d’inclusion, de respect d’autrui et de mixité », avait alors botté en touche en disant attendre la décision du Conseil d'Etat. 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.