Le tollé sur le hijab en France tue dans l’œuf une campagne du Conseil de l’Europe

Capture d'écran de la vidéo du Conseil de l'Europe
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Publié le Jeudi 04 novembre 2021

Le tollé sur le hijab en France tue dans l’œuf une campagne du Conseil de l’Europe

  • Vent debout, les politiques, toutes tendances confondues, se sont levés pour dénoncer une campagne initiée par le Conseil de l’Europe pour célébrer la diversité
  • Cette campagne ne pouvait pas plus mal tomber pour la France qui traverse de grosses turbulences, dues à la montée en puissance de l’extrême droite

PARIS: En ces jours où le débat public en France est qualifié d’«électrique», voire d’«hystérique», formuler le mot «hijab» suffit à déchaîner les passions et susciter la polémique. Associer ce mot à des termes tels que beauté, diversité et surtout liberté ne pouvait que hérisser les poils de l’ensemble de la classe politique française.

Vent debout, les politiques, toutes tendances confondues, se sont levés pour dénoncer une campagne initiée par le Conseil de l’Europe pour célébrer la diversité. L’ampleur de la polémique est telle qu’elle a eu raison de la campagne, que le Conseil s’est résigné à suspendre.

En bref Qu’est-ce que le Conseil de l’Europe

Le Conseil de l’Europe, organisation intergouvernementale ayant pour mission de veiller au bon respect et à la protection des droits de l’homme, a initié jeudi dernier une campagne célébrant la diversité. Le spot diffusé dans le cadre de cette campagne proposait des portraits de jeunes femmes voilées sur une moitié de la photo. Les portraits étaient accompagnés de l’inscription «la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab». Passée inaperçue au début, cette campagne est depuis mardi au centre d’une violente polémique qui a commencé sur les réseaux sociaux et suscité l’émoi de la classe politique française.

Le Conseil de l’Europe est une institution distincte du Conseil de l’Union européenne (UE); il s’agit toutefois de la plus ancienne des institutions du continent, ayant été créée en 1949 par le traité de Londres.

La France, membre de ce Conseil constitué de quarante-sept États, est le seul pays à avoir réagi avec autant de virulence à cette campagne, mettant en lumière une fois de plus l’exiguïté de la tolérance dans le cadre de la laïcité. La campagne du Conseil aurait pu se limiter à montrer les portraits des jeunes femmes à moitié voilées, elle n’aurait pas été mieux accueillie. Or, cette campagne est allée vraiment au-delà du seuil de tolérance française en déclinant le voile comme élément de liberté. Une fois l’alerte lancée sur les réseaux sociaux, les réactions politiques n’ont pas tardé à pleuvoir.

En l’absence de toute réaction de la part de la communauté musulmane de France, à ce stade, Arab News en français a interrogé l’imam de la ville de Bordeaux, Tarek Oubrou, qui soutient ne pas comprendre l’idée derrière cette campagne «qui peut renvoyer à des clichés qui réduisent la femme à son foulard» et «présenter le foulard comme un signe religieux, alors qu’il est plutôt un signe culturel».

La campagne selon lui ne pouvait «qu’enclencher des réactions négatives, surtout que la France est déjà crispée sur ce sujet».

Le hijab, ajoute-t-il, est perçu en France «comme une agressivité vis-à-vis de la culture occidentale alors que ce n’est pas le cas puisque le hijab n’est pas un habit canonique».

Pour conclure, l’imam affirme qu’il y a «un malentendu des deux côtés» et qu’il y a «celles qui portent le hijab considérant que c’est une pratique religieuse alors que l’autre partie regarde ce hijab comme le symbole d’une invasion islamiste».

Totalement à l’opposé de Tarek Oubrou, l’ancien adjoint au maire de la Seine-Saint-Denis et militant antiraciste, Majid Messawden, se dit choqué par la posture française et par le fait que la France soit le seul pays d’Europe à avoir demandé le retrait de cette campagne.

Pour Majid Messawden, «ce n’est pas une campagne de prosélytisme pour le port du voile mais une campagne qui prône la tolérance à l’égard des femmes qui décident de le porter ou pas».

Il estime qu’en demandant le retrait de la campagne du Conseil de l’Europe, «la France montre bien que ce pays a un problème avec l’islam, le voile et les femmes musulmanes» et que «ça démontre bien qu’il y a un racisme d’État qui produit lui-même de la ségrégation à l’égard des femmes musulmanes».

Le Conseil de l’Europe a beau être une institution distincte, il n’en reste pas moins une institution européenne, qui coopère étroitement avec l’UE.

En bref Les réactions politiques en France

Les premières réactions sont venues de l’extrême droite. Le polémiste, chroniqueur et candidat potentiel à la présidence de la République, Éric Zemmour, a vite dégainé, prenant les raccourcis qui lui sont chers: «L’islam est l’ennemi de la liberté. Cette campagne est l’ennemie de la vérité», a-t-il assené. La présidente du parti d’extrême droite le Rassemblement National, Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle du printemps prochain, a choisi le biais féministe pour fustiger la campagne. Cette communication européenne «en faveur du voile islamiste est scandaleuse et indécente alors que des millions de femmes se battent avec courage contre cet asservissement», a-t-elle lancé.

À droite, la présidente du Conseil régional d’Île-de-France, prétendante à l’investiture du parti de droite Les Républicains pour la présidentielle, Valérie Pécresse, a cru prendre de la hauteur en faisant part de sa «stupeur» estimant que le voile n’est pas «un symbole de liberté mais de soumission».

Au sein de la gauche, les réactions n’étaient pas en reste, l’ancien Premier ministre socialiste, Manuel Valls, jugeant la campagne «choquante, ahurissante et dangereuse». L’ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg a opté pour la pédagogie, estimant que «rappeler que les femmes sont libres de porter le hijab est une chose. Dire que la liberté est dans le hijab» revient «à en faire la promotion». Même son de cloche de la part de la ministre socialiste des Droits des femmes et sénatrice, Laurence Rossignol, qui a déclaré que «dire que la liberté est dans le hijab» c’est «comme en faire la promotion».

Les réactions n’ont pas manqué au sein du gouvernement. La secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, Sarah el-Haïry, a indiqué que la France a fait part de «sa vive désapprobation» d’où la suspension de la campagne. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a souligné pour sa part qu’il y a une différence de taille «entre défendre la liberté de conscience, de religion» et «d’autre part faire d’une institution comme le Conseil de l’Europe la promotion active d’un signe religieux ou vestimentaire particulier».

Le tollé suscité en France a tué dans l’œuf la campagne du Conseil de l’Europe qui a indiqué dans un communiqué qu’il allait «réfléchir à une meilleure présentation de ce projet», le but étant selon le communiqué de «lutter contre les discriminations et sensibiliser à la nécessité de respecter la diversité et l’inclusion et de combattre toute sorte de discours de haine».

Cette campagne ne pouvait pas plus mal tomber pour la France qui traverse de grosses turbulences, dues à la montée en puissance de l’extrême droite.

En effet, les multiples sondages montrent que Marine Le Pen et Éric Zemmour cumulent à eux deux près de 35 % des intentions de vote pour la présidentielle.

Ce pourcentage inédit a propulsé au premier plan les thèmes touchant à l’identité française, et la nécessité de la renforcer et de la protéger d’une islamisation rampante.

Le pays revit également depuis des semaines l’impact des attentats islamistes du 13 novembre 2015, ravivant dans l’esprit de tous la douleur de cette nuit d’horreur qui s’est soldée par environ cent trente morts et plus de quatre cent treize blessés.


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
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  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.