LONDRES : L'Angleterre a laissé derrière elle jeudi la quasi-totalité des dernières restrictions en vigueur pour lutter contre la Covid-19, avec lequel, espère le gouvernement, la population va s'habituer à vivre comme elle le fait avec la grippe.
Ce vent de liberté tombe à point pour le Premier ministre Boris Johnson, plus que jamais fragilisé à la tête du gouvernement par le scandale des fêtes à Downing Street au mépris des règles anti-coronavirus.
Après avoir mis un terme, il y a une semaine, à la recommandation de travailler chez soi pour ceux qui le peuvent, l'Angleterre abandonne à présent les autres restrictions --parmi les plus légères en Europe-- introduites en décembre face à la déferlante de cas Omicron: obligation du port du masque en intérieur dans les lieux publics et du passeport vaccinal pour les événements accueillant un public nombreux.
"Alors que la Covid devient endémique, nous devons remplacer les obligations légales par des conseils et recommandations", a souligné la semaine dernière Boris Johnson devant les députés.
Opposé à la levée de l'obligation du port du masque dans les transports en commun, le maire de Londres Sadiq Khan a annoncé maintenir cette mesure dans la capitale.
"On dirait qu'on retrouve Londres comme avant", se réjouit Elizabeth Hynes, 71 ans, interrogée par l'AFP près de la cathédrale Saint-Paul, dans le coeur de la capitale britannique. "On réalise à quel point théâtre et spectacles formidables nous ont manqués."
"Les choses doivent revenir à la normale", ajoute-t-elle, expliquant être atteinte d'un mélanome mais n'avoir jamais eu le coronavirus, "j'ai eu de la chance, je touche du bois". "On ne sait pas de quoi demain sera fait", souligne-t-elle, "il faut profiter de la vie".
Fin de l'isolement
Lewis Colbyn, un barman de 39 ans qui a déjà eu la Covid-19 et ne craint pas de l'attraper de nouveau, aborde cette nouvelle phase avec optimisme et prudence: "je ne suis pas scientifique, je n'ai pas toutes les réponses". "C'est peut-être trop tôt, c'est peut-être trop tard, je ne sais pas", poursuit-il, affirmant qu'il continuera à porter un masque dans les transports et les magasins.
Plus réticente que le reste du Royaume-Uni (Ecosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) à mettre en œuvre des restrictions, l'Angleterre les avait, une première fois, levées en quasi-totalité le 19 juillet dernier, surnommé le "jour de la liberté".
Mais l'émergence à l'automne du variant Omicron, encore plus contagieux que Delta, a conduit le gouvernement de Boris Johnson à déclencher son "plan B", malgré l'opposition d'une partie de sa majorité.
Ces mesures avaient pour but de renforcer la protection de la population grâce à la campagne de rappel et de continuer à essayer de convaincre les récalcitrants de se faire vacciner. 37 millions de doses de rappel ont ainsi été administrées, permettant, souligne le gouvernement, de réduire cas graves et hospitalisations et d'amoindrir le pression sur le système de santé.
Selon les derniers chiffres, 64% de la population de plus de 12 ans a reçu une troisième dose.
Alors que le nombre de cas explosait pendant les fêtes, Boris Johnson avait résisté aux appels à durcir encore les restrictions en place. Il estime que les faits lui ont donné raison: les hôpitaux ont tenu le coup, le nombre de patients sous ventilateur n'a jamais augmenté et les cas ont nettement baissé.
Pour autant, le Royaume-Uni, parmi les pays les plus durement touchés par la pandémie avec près de 155 000 morts, connaît toujours près de 100 000 nouveaux cas enregistrés quotidiennement.
Selon une étude publiée par l'Imperial College de Londres, le niveau d'infection reste élevé surtout chez les enfants et les adolescents. Sur 3 500 participants à cette vaste étude testés positifs entre le 5 et le 20 janvier, deux tiers avaient déjà eu le virus auparavant.
Le Premier ministre espère même pouvoir lever en mars l'obligation de s'isoler en cas de test positif, "tout comme il n'y a pas d'obligation légale pour les gens qui ont la grippe de s'isoler".