ISTANBUL : Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis mercredi soir de "punir" la journaliste de télévision turque accusée de l'avoir insulté et placée depuis en détention provisoire.
"Ce délit ne restera pas impuni", a prévenu le chef de l'Etat lors d'un entretien à la chaine de télévision privée NTV.
Pour M. Erdogan, la journaliste Sedef Kabas a agi "par provocation".
"C'est notre devoir de protéger le respect de ma fonction, de la présidence. Ça n'a rien à voir avec la liberté d'expression", a estimé M. Erdogan.
"La critique peut exister mais elle doit s'exercer dans un langage adapté", a-t-il poursuivi en dénonçant la suggestion du parti d'opposition CHP d'abolir le délit d'insulte au président.
"Vous ne pouvez vous offrir le luxe d'insulter le président" a-t-il martelé.
Sedef Kabas a été interpellée à son domicile d'Istanbul dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après son passage à l'antenne pour des propos considérés comme désobligeants envers le président, répétés ensuite sur son compte Twitter suivi par 900.000 abonnés.
Elle a été formellement arrêtée après sa présentation au tribunal et placée en détention provisoire à la prion de Bakirkoy à Istanbul.
Le délit d'"insulte au président" est passible d'un à quatre ans de prison en Turquie.
Pour le Syndicat des journalistes de Turquie (TGS), "l'arrestation de Sedef Kabas pour +insulte au président+ est une grave atteinte à la liberté d'expression".
Les ONG dénoncent régulièrement des violations de la liberté de la presse en Turquie, en particulier depuis la tentative de putsch en 2016, suivie par l'arrestation de dizaines de journalistes et la fermeture de plusieurs médias jugés hostiles.
La Turquie figure à la 153e place sur 180 du classement 2021 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).