BEYROUTH : Le Liban a signé mercredi un accord avec la Jordanie pour l'acheminement d'électricité via la Syrie voisine, dans l'espoir d'améliorer l'état du secteur de l'énergie du pays frappé par une crise économique inédite depuis 2019.
Les États-Unis ont accepté d’aménager de façon ciblée le régime de sanctions contre le régime d'Assad, pour que le projet puisse aboutir.
Près de trente ans après la fin de la guerre civile (1975-1990), le gouvernement ne parvient toujours pas à fournir à ses administrés 24 heures de continuité électrique, obligeant les Libanais à recourir à des générateurs privés coûteux.
Le Liban subit des coupures de courant, culminant à plus de 22 heures par jour, et peine à importer du carburant, sur fond de dégringolade de la monnaie nationale.
«C'est un moment historique important pour le Liban par sa dimension symbolique», a déclaré le ministre libanais de l'Energie Walid Fayad lors d'une conférence de presse conjointe à Beyrouth avec son homologue jordanien Saleh Al-Kharabsheh et syrien Ghassan Al-Zamil.
«Aujourd'hui, nous consolidons l'action arabe commune... à travers l'accord modeste mais très important pour le peuple libanais, qui a besoin de chaque heure d'électricité,» qu'il peut obtenir, a-t-il ajouté.
Le Parlement libanais doit ratifier le contrat financé par la Banque mondiale. M. Fayad s'attendait à ce que les détails du financement soient finalisés dans les deux prochains mois, en vue de l'entrée en vigueur du contrat.
L'accord intervient "dans des circonstances délicates et difficiles à laquelle sont confrontés nos confrères au Liban, ce qui lui donne une importance supplémentaire", a dit pour sa part le ministre jordanien de l'Energie.
Le ministre syrien a confirmé que son pays avait pris toutes les dispositions pour la connexion électrique entre la Jordanie et le Liban. «Nous sommes prêts à tout moment pour le raccordement électrique», a-t-il indiqué.
A travers cet accord, le Liban obtiendra une puissance allant jusqu'à 250 mégawatts pendant la journée et 150 mégawatts durant la nuit, ce qui se traduira par deux heures supplémentaires d'alimentation, soit le double de ce qui est actuellement disponible auprès d'EDL (société publique de production d'électricité). L'électricité jordanienne coûtera au Liban environ 200 millions de dollars par an.
Les ministres de l'Energie des trois pays s'étaient entendus en octobre sur une feuille de route pour assurer au Liban une partie de ses besoins en électricité.
Le Liban importe déjà depuis des mois du fioul d'Irak pour faire fonctionner ses centrales électriques. Des pourparlers avec l'Egypte sont également en cours pour acheminer du gaz via la Jordanie et la Syrie vers le Liban.
«L'électricité jordanienne et le gaz égyptien pourraient fournir environ six heures d'électricité», a déclaré Jessica Obeid, consultante en politique énergétique.
Cependant, elle a décrit les accords comme «une solution rapide qui ne résout aucun des problèmes du secteur, qui sont profondément enracinés dans la politique et la gouvernance».
En important de l'électricité jordanienne, du carburant irakien et du gaz égyptien, le Liban espère augmenter la production d'électricité de huit à dix heures par jour dans les mois à venir, selon M. Fayad.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com