PARIS : La question brûlante du pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des Français, est revenue mardi en force dans la campagne présidentielle, deux jours avant une journée de mobilisation à l'appel des syndicats "sur les salaires et l'emploi".
Face au retour de l'inflation, avec une flambée du prix des carburants - un sujet particulièrement sensible depuis la crise des "gilets jaunes" - l'exécutif cherche de nouveaux "amortisseurs" à seulement 75 jours du premier tour.
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé le relèvement de 10% du barème de l'indemnité kilométrique pour les ménages imposés déclarant leurs frais professionnels. Pour les quelque 2,5 millions de foyers concernés, "l'effet sera rapide et direct dès leur déclaration d'impôt sur les revenus 2021 ou les bénéfices de l'année dernière", a-t-il assuré devant les députés.
Face à l'envolée des cours du pétrole, le gouvernement est déjà en train de distribuer des chèques "anti-inflation" de 100 euros à 38 millions de Français, après avoir bloqué ou freiné les prix du gaz et de l'électricité.
En visite dans le Limousin le président Macron, pas encore déclaré mais donné favori par les sondeurs avec environ 25% des intentions de vote, a reconnu une marge de manœuvre réduite face à une problématique mondiale: "Il y a très peu de mesures qui ont un impact substantiel sur quelque chose qui ne dépend pas de nous et qui sont les cours mondiaux."
«Carnet de chèques permanent»
Avant même cette nouvelle mesure, largement attendue, le patron des députés LR Damien Abad avait dénoncé la politique du "carnet de chèques permanent". "Chaque matin, on fait des chèques alors qu'on n'a plus les moyens de rien. Nous sommes le pays le plus endetté d’Europe après l'Italie", a-t-il déploré, alors que Bercy estime que le dispositif permettra une réduction moyenne d'impôt de 150 euros par an.
Selon Marine Le Pen, "pour baisser durablement les prix à la pompe, il faut baisser les taxes en passant la TVA de 20% à 5,5% sur le prix des carburants".
La candidate du RN en a remis une couche plus tard dans une vidéo sur Twitter, fustigeant la politique d'Emmanuel Macron face au "racket" que vivent les Français à ses yeux en matière de prix de l'essence.
La socialiste Anne Hidalgo a, elle aussi, défendu une baisse de la TVA, une "mesure transitoire" face à une "situation exceptionnelle", décrivant sur France 2 la TVA comme "l'impôt le plus injuste" car "il touche plus fortement les ménages modestes".
Défense du pouvoir d'achat aussi pour Christiane Taubira qui a estimé, lors d'un déplacement en Isère sur le thème du logement, qu'un "encadrement généralisé en matière de loyers" était nécessaire afin de stopper "l'indécence" des offres sur le parc privé.
ISF «climatique»
Yannick Jadot a, lui, souhaité, sur France Inter, mettre en place un système de "bonus/malus" sur "toute la fiscalité", de la TVA aux droits de succession sans oublier l'emblématique impôt sur la fortune (ISF), véritable marqueur à gauche supprimé par le président Macron et qu'il compte "rétablir" et même "renforcer".
Cet ISF "climatique" portera sur "les 1% les plus riches, donc à partir d'un patrimoine de 2 millions d'euros". Il "sera progressif" et aura selon lui un "rendement de 20 milliards d'euros".
La veille en meeting à Bordeaux, le leader "insoumis" Jean-Luc Mélenchon, candidat de gauche le plus haut dans les sondages (autour de 10%), avait rappelé ses propositions sur ce thème: "On augmentera le smic pour le porter à 1 400 euros net, dans toutes les branches du pays on convoquera la négociation des salaires, le point d'indice sera dégelé, les prix seront bloqués".
Les déplacements du président Macron "presque candidat", comme celui de deux jours qui vient de s'achever dans le Limousin, sont par ailleurs toujours vivement critiqués par ses rivaux.
C'est un "scandale démocratique" pour le député LR Eric Ciotti: "On a un candidat qui tranquillement fait campagne avec tout l'appareil d'Etat mobilisé autour de lui", s'est indigné sur Europe 1 le conseiller "autorité" de Valérie Pécresse.
Cette dernière, qui a promis 16 000 recrutements dans la justice, "maillon faible de la sécurité" en France lors d'un déplacement de campagne à Tours, va tenir son premier grand meeting le 13 février au Zénith de Paris.