Perfect Strangers: un grand pas pour le cinéma arabe

Le film est diffusé sur Netflix. (Photo fournie)
Le film est diffusé sur Netflix. (Photo fournie)
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Publié le Mardi 25 janvier 2022

Perfect Strangers: un grand pas pour le cinéma arabe

  • Le film a déjà suscité la controverse sur les réseaux sociaux. Il est accusé de vouloir «imposer des principes occidentaux au sein d’une société conservatrice»
  • «Nous ne faisons que dépeindre la réalité et les interactions humaines qui en découlent», dit le réalisateur du film

DUBAÏ: Cela fait un bon moment qu’un film en langue arabe n’a pas été au centre des conversations à travers le monde arabe, comme l’est actuellement Perfect Strangers. Ce premier film Netflix en langue arabe – une adaptation de l'original italien primé portant le même titre – a fait le tour de la région depuis qu’il a été lancé le 20 janvier, suscitant à la fois des éloges enthousiastes pour ses performances exceptionnelles et un débat acharné autour des sujets qui y sont abordés.
Perfect Strangers, dirigé par le réalisateur libanais Wissam Smayra, met en scène certains des acteurs les plus célèbres de la région, notamment les Égyptiens Mona Zaki et Eyad Nassar ainsi que les Libanais Georges Khabbaz, Diamand Bou Abboud, Nadine Labaki, Adel Karam et Fouad Yammine.

Perfect Strangers met en scène certains des acteurs les plus célèbres de la région. (Photo fournie)

La scène se déroule lors d'un dîner auquel sont conviés des amis égyptiens et libanais qui décident de jouer à un jeu : chacun doit poser son téléphone sur la table et montrer au reste du groupe tous les appels et les messages qu’il reçoit. Ce jeu, qui s’avère assez divertissant au départ, ne tarde pas à se transformer en un véritable drame quand des vérités blessantes éclatent au grand jour.  
Le film a déjà suscité la controverse sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, il est qualifié par certains de «dégradant» et est accusé de vouloir «imposer des principes occidentaux au sein d’une société conservatrice.»
Selon le magazine The Hollywood Reporter, cette colère a trouvé son origine en Égypte. L’avocat égyptien Ayman Mahfouz aurait, à titre d’exemple, affirmé que le film n’était autre qu’«un complot visant à perturber la société arabe.»
«Il est vrai que le film touche à des sujets tabous, mais ce n’est pas là la question», dit Zaki, la plus grande star du cinéma égyptien. Il s’agit surtout des secrets qui se cachent dans nos téléphones, ces secrets que mêmes les personnes qui nous sont les plus proches ignorent.»
Bou Abboud a également défini l’idée principale du film : «Il s’agit de voir à quel point nous pouvons dévoiler nos secrets à nos amis les plus proches sans être jugés.»
«Nous avons abordé chaque sujet sans jugement», a ajouté Smayra. «Nous n’essayons de rien prouver. Nous ne faisons que dépeindre la réalité et les interactions humaines qui en découlent.»
Le film constitue un vrai tournant. C'est un drame grand public parfaitement accessible qui a atteint une audience mondiale et qui s’est hissé à la tête du classement de Netflix dans des pays comme la France, prouvant ainsi que le cinéma arabe connaît un moment charnière aussi bien en termes de qualité que de popularité, aux niveaux régional et international.

Dirigé par le réalisateur libanais Wissam Smayra, le film est centré autour d’un jeu qui consiste à ce que chaque personne pose son téléphone sur la table et montre au groupe tout message ou appel reçu. (Photo fournie)

«Le cinéma arabe devient de plus en plus respecté. Je pense que c’est une étape importante», dit Labaki, réalisatrice de Capharnaüm nommée aux Oscars.
Pour que le film soit caractérisé par un style naturaliste, Smayra l’a abordé comme une pièce de théâtre, répétant le script du début jusqu’à la fin avec ses acteurs pendant des semaines, et filmant l'ensemble du projet de manière chronologique plutôt qu’en désordre, comme il est le cas pour la plupart des films.
Pendant le tournage, Smayra et les acteurs se réunissaient chaque jour sans costume et sans maquillage pour répéter la scène du jour (qui était d’environ 10 minutes) 20 à 30 fois d'affilée pendant des heures jusqu'à ce qu'elle soit maîtrisée, puis il passaient à la scène du soir.  
«C'est à ce moment-là que vous vous rendez compte que vos acteurs sont extraordinaires», affirme Smayra. «Ce sont d’incroyables génies. J’ai assisté à quelque chose de magique.»
«Nous avions deux caméras. Chaque jour, le tournage durait trois ou quatre heures», poursuit-il. «C'était de la folie. Je voyais bien qu’ils étaient épuisés à la fin de chaque tournage».
«Pourtant, nous étions uniquement assis autour d’une table!» s’exclame Zaki. «C’était une grande charge émotionnelle.»

Nadine Labaki et Georges Khabbaz pendant le tournage. (Photo fournie)

«C’était facile pour moi», dit Karam, co-vedette qui a aussi joué dans le film L’insulte nommé aux Oscars, un sourire aux lèvres.
Les acteurs étaient surtout fatigués parce qu’ils ne pouvaient pas se reposer. À cause des nombreuses caméras portatives et du genre de l’histoire, chaque vedette devait rester dans la peau de son personnage.
«La façon dont le film a été tourné est très importante. L’acteur devait toujours être présent, même s’il n’avait pas de rôle à jouer, même s’il savait qu’il n’allait pas prendre la parole pour un bon moment», explique Labaki. «Nous n’étions pas seulement présents en tant que personnages. Nous assistions à toutes les performances – ces performances si réelles qu’on s’y sent impliqué, qu’on s’y identifie. C’était vraiment fascinant.»
Smayra, qui, comme Labaki, a commencé sa carrière en réalisant des clips musicaux au Liban au début des années 2000, a déjà travaillé avec la réalisatrice lorsqu’il s’est chargé de la production exécutive de Capharnaüm. Et, bien que ce soit son premier long métrage, il a fait preuve d'une présence discrète mais assurée, et n’a jamais compté sur sa collègue réalisatrice comme d'autres l'ont fait.
«Je n’ai jamais eu l’impression de travailler avec un réalisateur débutant», confirme Labaki. «Je savais depuis le départ que tout allait bien se passer. J’étais entre de bonnes mains. Grâce à cela, j’ai pu me concentrer sur mon rôle. Je voulais faire de mon mieux pour mon personnage, pour tous mes collègues, parce que tout le monde jouait si bien! J’ai senti que je devais être à la hauteur des attentes, parce que la barre avait été placée haut. J’ai vraiment aimé toute cette aventure.»

Perfect Strangers est une adaptation du film original italien primé portant le même titre. (Photo fournie)

Pour Nassar, vedette d’Égypte, ce qui est impressionnant, c’est que rien n’a été perdu dans la traduction. Toute la puissance qu’il a ressentie au moment du tournage est apparue sur l’écran lors du montage final.
«J’ai dit à Wissam : ‘Tu es un magicien’. En tant qu’acteur, je suis conscient des subtilités que j’ai apportées lors du tournage et j’ai pu distinguer les meilleurs moments des autres acteurs. En regardant le film, j’ai vu que rien n’y manquait. Le pouvoir de chaque acteur a été préservé. Rien n’a été perdu dans le montage. [Le réalisateur] a tout vu. Je n’ai jamais vu un travail si bien fait.»
Nassar dit qu’à sa grande surprise, il n’était plus le même acteur en quittant le plateau. «Après avoir fini de filmer Perfect Strangers et après être rentré en Égypte, je me suis aperçu que je n’étais plus le même acteur. Le fait de travailler auprès de grandes personnalités comme Georges Khabbaz m’a permis de découvrir d’autres façons de jouer le rôle.»
Khabbaz, l'acteur de théâtre le plus connu du Liban, a trouvé que le film constituait un véritable défi, même si c’était le personnage le plus calme et émotif du film et celui qui a vivement été félicité sur les réseaux sociaux pour sa performance.
«Je suis un homme de théâtre», clarifie Khabbaz. «Le théâtre offre un grand espace et me permet de m’exprimer à travers tous les outils nécessaires. Ce rôle était différent. Il était difficile. Pour pouvoir le jouer, j’ai dû dissimuler mes émotions et les dévoiler uniquement sous forme de réactions. J’ai essayé de jouer ce rôle comme un homme oriental, tout en préservant le concept occidental du film. Pour que ma performance soit réussie, je suis devenu un homme de réaction plutôt qu'un homme d’action.»

Le film est en tête du classement de Netflix dans certains pays, dont la France. (Photo fournie)

Alors que certains se demandent pourquoi le cinéma arabe produit des adaptations au lieu de créer de nouvelles histoires originales, chaque membre de l’équipe a veillé à ce que Perfect Strangers réponde à cette préoccupation avec brio, à travers la mise en scène d’une véritable œuvre d'art qui s’impose comme la meilleure version du concept – une version dotée d'un esprit arabe unique – plutôt que comme une façon paresseuse de gagner de l’argent.
«Tout au long du tournage, je me demandais pourquoi nous faisions ce film. Nous avons sans cesse discuté de la façon dont il fallait présenter le contenu en tant qu’acteurs orientaux s’adressant à un public oriental», déclare Nassar. «En fait, la réponse était simple : le dilemme que pose le film touche particulièrement les peuples orientaux. Nous avons donc fini par comprendre pourquoi nous faisions la version arabe de ce film. Finalement, c'était très clair pour nous tous, et ça le sera aussi pour les spectateurs.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Comment célébrer la Journée de la fondation 2025 en Arabie saoudite

(fournie)
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  • La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations
  • À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique

La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations.

Les festivités prévues pour la Journée de la Fondation de cette année mettront en valeur le patrimoine saoudien à travers la musique, les arts et les spectacles.

Principaux événements de la Journée de la fondation 2025

Les Nuits de la Fondation présenteront des concerts musicaux et poétiques avec d'éminents artistes saoudiens au théâtre Mohammed Abdu, au boulevard Riyad, le 22 février.

À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique. Djeddah accueillera des parades maritimes, des marchés du patrimoine et des salons nautiques. À Médine, des expositions d'art et des séminaires culturels sur l'histoire du Royaume seront organisés, tandis qu'à Dammam, les visiteurs pourront assister à des spectacles folkloriques et à des séances de cinéma en plein air.

Spectacles musicaux

Plusieurs soirées musicales ajouteront à l'atmosphère de fête. Le 21 février, Mohammed Abdu jouera "Suhail Night" à l'arène Mohammed Abdu.

Le 22 février, Abdul Majeed Abdullah interprétera des chansons nationales à la Mohammed Abdu Arena.

En outre, le 22 février, un spectacle orchestral mettant en vedette l'orchestre et le chœur nationaux saoudiens sera suivi par des jeux de lumière et de son qui mettront en lumière la riche histoire du Royaume.

À Djeddah, les célébrations au musée Tariq Abdulhakim, du 20 au 22 février, offriront une atmosphère familiale remplie d'activités patrimoniales, artistiques et culturelles.

À Diriyah, une "expérience interactive 850" permettra aux visiteurs d'explorer les événements clés de l'histoire du Royaume, avec des activités immersives à l'intérieur et à l'extérieur.

Le Centre du roi Abdulaziz pour la culture mondiale (Ithra), à Dhahran, marquera la Journée de la fondation par une célébration de trois jours, du 20 au 22 février, avec des ateliers interactifs, des spectacles et de l'artisanat traditionnel.

La place accueillera des concerts de oud et d'autres activités, dont un photomaton où les visiteurs pourront se faire photographier en tenue traditionnelle.

Des maîtres artisans présenteront l'art complexe du tissage du bisht, et il y aura des activités éducatives, de la musique folklorique et des danses d'épée saoudiennes Ardah.

Le centre accueille les visiteurs de 16 à 23 heures.

La Commission des musées organise les célébrations de la Journée de la fondation au Musée national saoudien du 21 au 23 février. Cet événement propose des activités interactives, des programmes culturels et des spectacles.

Johnson Controls Arabia organise une soirée de célébration de la fondation le 21 février dans la maison historique Al-Sharbatly à Al-Balad, Djeddah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad revêt sa couleur verte pour honorer la Journée de la fondation

C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
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  • Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui
  • La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux

RIYAD : C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume est orné de drapeaux nationaux.

Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui pour célébrer le quatrième jour de fondation de l'Arabie saoudite.

La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux, transformant ainsi la capitale en un véritable océan de vert. Les drapeaux, qui représentent à la fois le premier État saoudien et le Royaume moderne, ont été accrochés stratégiquement sur les mâts des routes principales, les places, les ponts, les intersections et les lampadaires, a rapporté l'agence de presse saoudienne. 

L'emplacement a été soigneusement planifié pour assurer une harmonie esthétique avec le paysage de la ville et a été installé en toute sécurité par des moyens mécaniques. Les drapeaux ont été placés en toute sécurité à l'aide de moyens mécaniques. La variété des tailles permet de voir clairement les drapeaux.

Des équipes spécialisées sur le terrain ont suivi un calendrier strict pour réaliser les installations de manière efficace, en donnant la priorité à la sécurité, à la durabilité et à l'entretien régulier tout au long des célébrations.

Ces efforts reflètent l'engagement de la municipalité de Riyad à mettre en valeur l'identité nationale et à améliorer le paysage urbain, conformément aux objectifs de la Vision 2030 visant à améliorer l'attrait visuel de la capitale et à mettre en valeur le patrimoine du Royaume.
Les monuments, y compris les bâtiments ministériels, ont été décorés de lumières vertes vendredi, à la veille de la Journée de la fondation, tandis que des événements spéciaux organisés dans toute la région comprendront des feux d'artifice et des spectacles folkloriques traditionnels.

"Nous vous invitons à assister aux événements organisés par la municipalité de Riyad dans 47 municipalités au sein des gouvernorats et des centres de la région, dans plus de 47 lieux, pour profiter d'événements animés, d'activités de qualité, de divers domaines et de participations", a écrit la municipalité de Riyad sur le site X.

Abdullah Ahmed, un habitant de la capitale, a félicité l'autorité pour ses efforts visant à faire de la Journée de la fondation une occasion spéciale.

"Je suis vraiment reconnaissant à Allah tout-puissant de nous avoir accordé la sécurité, alors que nous vivons dans une solidarité et une paix totales. Nous avons la chance d'avoir un bon leadership avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, et nous avons la chance d'avoir l'imam Mohammed ben Saud comme fondateur du premier État saoudien en 1727," a-t-il affirmé à Arab News.

Le Royaume moderne a fait ses premiers pas sur la voie de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed ben Saud a succédé à son cousin, Zaid ben Markhane, en tant que souverain de la ville-État de Diriyah. C'est ce moment charnière, reconnu comme la date à laquelle le premier État saoudien a vu le jour, qui est célébré chaque année à l'occasion de la Journée de la fondation.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


AlUla : Où la beauté ancienne résonne au-delà des mots

Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
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  • Le parcours d'Ibrahim al-Balawi repose sur l'auto-apprentissage et le dévouement

DJEDDAH : Bien que sourd et muet, Ibrahim al-Balawi, un guide touristique saoudien de 48 ans passionné par la riche histoire d'AlUla et ses sites à couper le souffle, est devenu un pionnier du tourisme inclusif.

Son parcours, fait d'auto-apprentissage et de dévouement, a commencé bien avant qu'AlUla ne devienne une destination touristique mondiale.

La carrière de guide touristique d'al-Balawi a commencé avant même que le tourisme ne soit officiellement établi à AlUla en 2001.

Son amour profond de l'histoire l'a poussé à fréquenter les lieux, à étudier leur signification et à traduire les documents de manière indépendante pour s'instruire et instruire les autres.

Grâce à sa connaissance approfondie des sites archéologiques, il a guidé les visiteurs à travers les sites anciens d'AlUla, partageant avec eux les histoires et les connaissances qu'il avait acquises au fil des ans.

Hind Shabaa, l'épouse d'al-Balawi, qui est également originaire d'AlUla, a été un soutien indéfectible. Mariée depuis 16 ans, elle a appris le langage des signes avec son mari.

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Ibrahim Al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Au fil du temps, Shabaa a appris à parler couramment la langue des signes et elle a noué des amitiés au sein de la communauté sourde. Elle joue aujourd'hui un rôle crucial dans le travail de son mari en traduisant verbalement la langue des signes aux touristes entendants, améliorant ainsi l'expérience touristique de tous les visiteurs.

« Il m'a aidée à apprendre la langue et j'ai noué des amitiés avec des personnes sourdes », a-t-elle affirmé à Arab News.

« Comme il dispose d'un vaste réseau d'amis - il a fait ses études secondaires à Djeddah - il avait noué de nombreuses relations à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume », a-t-elle ajouté. 

« Lorsqu'il amenait ses amis, ils étaient accompagnés de leurs épouses, ce qui m'a permis d'apprendre la langue. J'ai acquis une telle maîtrise qu'ils étaient étonnés de voir à quel point je pouvais communiquer verbalement et en langue des signes », a-t-elle expliqué. 

Silencieuse mais amusante, la langue des signes est devenue un élément essentiel de la vie quotidienne de la famille, créant un lien plus profond et façonnant une communication unique.

« Même nos enfants ont appris la langue des signes avec leur père. Ils sont devenus très habiles dans ce domaine. J'étais tellement dévouée que j'ai suivi des cours supplémentaires pour m'améliorer. À un moment donné, je suis même devenue meilleure que certains formateurs certifiés en langue des signes », a expliqué Shabaa. 

Avant que la Commission saoudienne du tourisme ne soit transformée en ministère du tourisme en 2020, la principale mission d'al-Balawi était de présenter au monde la beauté d'AlUla à travers ses yeux et sa langue. Il a accueilli des visiteurs de la communauté sourde de tout le Royaume et d'ailleurs, notamment d'Allemagne, de France, du Canada et de Chine.

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Ibrahim al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Les autorités ont remarqué qu'il attire les touristes, dont la plupart sont des visiteurs étrangers qui profitent de sa maîtrise de la langue des signes générale.

Al-Balawi est peu à peu devenu un visage familier des responsables du tourisme. À mesure que le secteur se structure, il a demandé l'autorisation officielle de continuer à servir de guide, afin que les touristes étrangers puissent continuer à bénéficier de son expertise.

La carrière officielle d'al-Balawi en tant que guide touristique à AlUla a débuté en 2017. Il a suivi de nombreux cours de formation une fois qu'il a officiellement rejoint le ministère du tourisme, et du matériel de formation lui a été fourni.

Bien qu'il n'ait qu'un diplôme de fin d'études secondaires, il se distingue par sa quête incessante de connaissances. Il s'est inscrit à des cours d'histoire et de tourisme, a suivi des formations spécialisées et a mémorisé des documents pédagogiques.

Conscient de la diversité mondiale des langues des signes, M. al-Balawi a appris lui-même de multiples variantes de la langue des signes arabe, ce qui lui a permis de communiquer avec des touristes de pays occidentaux. Sa motivation personnelle lui a permis de combler les fossés culturels et linguistiques, en veillant à ce que tous les visiteurs, en particulier ceux de la communauté sourde, puissent profiter pleinement des merveilles d'AlUla.

« Je me souviens que, dès notre mariage, il avait des livres sur les langues des signes occidentales et qu'il les lisait toujours pour apprendre. En outre, il s'est rendu plusieurs fois aux États-Unis et y a noué des amitiés, communiquant par le biais d'applications et d'appels vidéo jusqu'à ce qu'il ait acquis une bonne maîtrise de la langue des signes », a raconté sa femme. 

« Il a acquis une expertise dans la langue des signes arabe familière et formelle, ainsi que dans les langues des signes internationales, notamment américaine, chinoise et coréenne, qui diffèrent du système saoudien. Il a appris tout cela en voyageant, en lisant des livres et en faisant des recherches personnelles », a-t-elle ajouté. 

« Pour ceux qui peuvent parler, il est capable de communiquer avec eux sans effort. Il peut lire sur les lèvres, enregistrer des vidéos, leur envoyer des messages et leur parler dans un dialecte décontracté qui rendait la langue des signes plus facile pour eux. L'apprentissage de la langue des signes est souvent un défi pour les personnes qui les entourent, c'est pourquoi, lorsque nécessaire, il fait recours à l’écriture pour assurer une communication claire », a-t-elle confirmé. 

L'engagement du couple ne s'arrête pas au guidage, puisqu'il s'assure de comprendre les besoins spécifiques des voyageurs sourds.

« Mon mari a créé une maison d'hôtes privée spécialement conçue pour les sourds, afin que les visiteurs se sentent bien accueillis, à l'aise et puissent profiter pleinement des offres d'AlUla », a-t-elle révélé. 

M. al-Balawi a organisé plus de 800 visites au cours des deux dernières années, accueillant des touristes de presque toutes les régions d'Arabie saoudite et de pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Syrie, l'Allemagne, l'Égypte, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis.

Il doit également faire face aux médias sociaux et possède une page Instagram qui compte plus de 4 500 adeptes du monde entier. Il y affiche des photos et des vidéos de ses voyages afin d'attirer davantage de visiteurs.

« Il invite les voyageurs par le biais des médias sociaux, les guide, documente leurs visites avec des photos et des vidéos. Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par ses efforts et son dévouement », raconte sa femme. 

Sa capacité à communiquer avec les gens, que ce soit par le langage des signes, la communication écrite ou l'enthousiasme pur et simple, a laissé une marque sur ceux qui ont exploré AlUla grâce à ses conseils.

« La réaction des touristes est étonnante après chaque visite. Ils sont toujours heureux, et certains reviennent même pour une deuxième visite tellement ils ont apprécié leur expérience. AlUla les a fascinés et ils adorent l'expérience touristique qu'ils y ont vécue”, a-t-elle conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com