Ciné des villes ou ciné des champs, les écrans publics se sentent oubliés

La ministre française de la Culture Roselyne Bachelot (Loic Venance/AFP)
La ministre française de la Culture Roselyne Bachelot (Loic Venance/AFP)
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Publié le Samedi 03 octobre 2020

Ciné des villes ou ciné des champs, les écrans publics se sentent oubliés

  • En France, des centaines de cinémas publics célèbrent le septième art, dans des villages reculés où les groupes privés n'iraient pas
  • Pourtant, ces centaines de salles "en régie directe" d'une municipalité ou d'une communauté de commune ne pourront pas prétendre à la compensation financière des pertes d'exploitation dues à l'épidémie

PARIS : Une banlieue populaire de Paris, un village breton, un centre-ville de Corrèze...  Des centaines de cinémas publics célèbrent le septième art, là où les groupes privés n'iraient pas. Mais ils s'estiment oubliés par le gouvernement et s'inquiètent pour leur survie.

Le malaise a éclaté fin septembre, après que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a présenté les aides au cinéma, mis à genoux par la crise sanitaire.

Une énorme bouffée d'oxygène, pour les salles notamment, à coup de dizaines de millions d'euros. Pourtant, les 400 cinémas "en régie directe" d'une municipalité ou d'une communauté de commune ne pourront pas prétendre à l'une des principales enveloppes, de 50 millions d'euros, pour la compensation financière des pertes d'exploitation dues à l'épidémie.

Interpellé lors du raout annuel des exploitants de salles à Deauville, le Centre national du Cinéma (CNC) a récusé toute décision "idéologique". "Il fallait faire des choix", a justifié son directeur général délégué Olivier Henrard.

"Quel que soit le rôle assumé par ces salles de cinéma, et la situation dans laquelle elles se trouvent", leur "situation est objectivement tout à fait différente", relève-t-il. En clair, les pertes des cinémas publics pourront être épongés par les mairies, "qui par définition ne sont pas menacées de fermeture", quand le privé fait face à un risque de "cessation d'activité".

Sans compter que les salles municipales pourront, comme les autres, prétendre au plan de relance: 34 millions d'euros fléchés pour des investissements, et que le patron du CNC, Dominique Boutonnat, a promis de "traiter chaque salle, au cas par cas", s'il y avait un risque de fermeture.

Mais vu de Montreuil, banlieue populaire de Seine-Saint-Denis où se trouve Le Méliès, l'un des plus importants cinémas en régie publique de France, le compte n'y est pas. Son exploitant Stéphane Goudet dénonce un "arrière-plan idéologique", d'inspiration libérale.

"Il ne faut pas nier la réalité, ça existe des cinémas publics qui ferment", comme il y a quelques années à Sevran, autre commune du "93", s'insurge-t-il. Et les maires peuvent "réduire le personnel, l'amplitude horaire"... Au final, "la qualité du service public va être affaiblie quand les circuits privés, qui touchent l'intégralité des aides, vont être renforcés", redoute-t-il.

Ouvert tous les soirs

Si les cinémas publics s'inquiètent au point d'interpeller l'État dans une pétition signée par des grands noms du cinéma, comme Cédric Klapisch ou Robert Guédiguian, c'est qu'ils ont l'impression de jouer un rôle irremplaçable, dans des zones souvent déshéritées ou isolées.

C'est le cas à Loudéac (Côtes-d'Armor), 10.000 habitants dont beaucoup travaillent en usine ou en abattoir, et un cinéma public de deux salles, le Quai des Images. Auparavant privé, il a périclité jusqu'à son rachat par la mairie.

"Un privé ne ferait jamais le travail qu'on fait", défend la directrice, Isabelle Allo, fière de mixer films d'art et essai et cinéma plus grand public. Mais la situation est alarmante : avec le Covid, la fréquentation a fondu de moitié, et elle craint le jour où la mairie n'aura plus les moyens.

Dans cette petite commune bretonne, le cinéma, rare lieu ouvert tous les soirs, c'est "un vrai budget", avec 4 agents affectés, reconnaît l'élue à la culture, Gwenaëlle Kervella: "les collectivités n’ont pas des finances extensibles".

Mais pas question de lâcher : "le multiplexe le plus proche est à 20 kilomètres", et le cinéma municipal "travaille beaucoup en direction des jeunes, qui ont beaucoup moins de propositions culturelles que dans les grandes agglomérations, et des publics empêchés d'accéder à la culture".

A Mont-de-Marsan, en Corrèze, c'est toute une filière audiovisuelle au lycée, et un festival de moyen-métrage qui compte sur le "Rex", géré par la mairie.

Garder un cinéma public nécessite "une politique très volontariste", témoigne son patron, Romain Grosjean, qui estime à 120.000 euros son manque à gagner "Covid". Mais pour ce passionné, le jeu en vaut la chandelle: "certaines personnes me disent si le Rex, fondé en 1938, n'existait pas, elles ne resteraient pas vivre ici+: il n'y a pas de salle équivalente à 150 km à la ronde". (AFP)


Jean Paul Gaultier nomme Ameni Esseibi première ambassadrice régionale de sa gamme de parfums

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo,  fournie)
Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo, fournie)
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  • «Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué
  • Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris

DUBAÏ: La marque de luxe française Jean Paul Gaultier a annoncé que la mannequin tunisienne Ameni Esseibi a été nommée pour la première fois ambassadrice régionale de la gamme de parfums de la marque.

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient, a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne, en portant divers ensembles.

Parmi ces ensembles figurait une robe bleue moulante ornée de motifs floraux roses. Sur un autre cliché, elle est vêtue d’une combinaison de la même couleur, avec des imprimés géométriques jaunes, orange, violets et roses.

Elle a également revêtu une robe noire ainsi qu’une robetransparente beige et or superposée sur une simple base noire.

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Ameni Esseibi a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne. (Photo fournie)

«Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué. «C’est un peu comme une famille. Son identité incarne tout ce que je représente: la rébellion, la force, l’audace, l’intrépidité, la sensualité et une touche de scandale.»

«En grandissant, le parfum préféré de ma mère était de la marque Jean Paul Gaultier, ce qui en fait un élément précieux de ma vie. Je suis très honorée d’entrer dans l’Histoire en tant que première ambassadrice arabe dans la région et cette marque fera toujours partie intégrante de ma carrière», ajoute-t-elle.

Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris.

Elle a ensuite travaillé avec plusieurs marques réputées, dont H&M, et elle a figuré dans les pages de nombreuses publications.

En 2022, l’Arab Fashion Council, une organisation à but non lucratif représentant l’industrie de la mode au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a nommé la mannequin basée à Dubaï comme ambassadrice.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Algérie: entre hockey et croquet, un jeu traditionnel pour fêter le printemps

Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères (Photo, AFP).
Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères (Photo, AFP).
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  • Ce jeu qui remonterait à l'Antiquité existe avec des variantes dans toute l'Afrique du nord, du Maroc jusqu'à la Libye
  • Il a aussi une connotation religieuse et la prière de la «Fatiha» est récitée avant chaque partie

BLIDA: Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères.

"Nous l'avons hérité de nos ancêtres, il y a longtemps. Il est pratiqué par nos tribus berbères. Nous y jouons chaque année à l'arrivée du printemps, sept fois pendant le mois de mai", raconte fièrement à l'AFP Ahmed Yettou, 22 ans, un jeune villageois.

Il se joue avec le "medjghaf", mot berbère pour désigner la crosse en bois et une balle ("thakourth") balle taillée dans le bois dur de bruyère.

Ce jeu qui remonterait à l'Antiquité existe avec des variantes dans toute l'Afrique du nord, du Maroc jusqu'à la Libye. Il a aussi une connotation religieuse et la prière de la "Fatiha" est récitée avant chaque partie.

"Ce jeu, nous l'avons appris de nos pères et grands-pères dès notre enfance. Aujourd'hui nous cherchons à le faire connaître à la nouvelle génération", confie Rabeh Zaghmim, 68 ans, un joueur de thakourth.

Extension de la nature 

"Nous préparons manuellement les +Medjghaf+, ces bâtons utilisés pour jouer (de taille différente) selon les âges et (qui restent) légers afin que tout le monde puisse jouer confortablement. Si Dieu le veut, eux (les jeunes) et leurs proches continueront à s'entraîner et à jouer", explique M. Zaghmim.

"Nous préférons les petits troncs car ils sont faciles à manipuler, contrairement aux grands", explique Omar Darbal, 50 ans, un autre joueur, qui fabrique "six ou sept balles (par saison) selon le nombre de semaines de jeu".

Le but du jeu, qui se pratique avec une équipe se trouvant à l'est d'un terrain et l'autre à l'ouest, est de ramener la balle dans le camp adverse. Il exige une grande force physique pour courir et frapper fort avec le "Medjghaf" dans la balle en bois.

Le contact direct est interdit mais il est possible de frapper la crosse de l'adversaire. Si un joueur parvient à faire s'envoler la balle et à l'attraper pour l'envoyer dans le camp adverse, son équipe marque le point. Ainsi de suite jusqu'au score de sept points.

"Ce jeu est une extension de la nature, il symbolise l'accueil et la joie à l'arrivée du printemps", souligne l’historienne et chercheuse en patrimoine, Radhia Beljedoui.

Le jeu peut aussi servir à résoudre des problèmes entre des gens "qui passent parfois un an sans se voir", souligne Omar Hamadouch, 76 ans.


Le film Everybody Loves Touda, présenté à Cannes, est un brillant exemple du travail de Nabil Ayouch

Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
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  • La projection du film s’est terminée par une standing ovation
  • Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur

CANNES: Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire, Touda (Nisrin Erradi), qui estime que «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir».

Dans la petite ville dans laquelle elle habite, elle apporte de la musique et de la gaieté, et ses danses répandent la bonne humeur parmi son public. Cependant, elle fait bientôt l'objet d'une attention non désirée.

La projection du film s’est terminée par une standing ovation et la quatrième participation de M. Ayouch au festival a semblé susciter bien plus d'intérêt de la part du public que les années précédentes. En 2012, son drame Les Chevaux de Dieu, acclamé par la critique, a été présenté dans la section «Un certain regard», deuxième en importance après la compétition principale et largement considérée comme une plate-forme pour le cinéma expérimental. Mais Nabil Ayouch a également présenté un film dans la section «En compétition» pour la très convoitée Palme d’or : sorti en 2021, son long-métrage Haut et Fort, le premier film marocain depuis 1962 à concourir pour cette distinction, a fait sensation.

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Maryam Touzani et Nabil Ayouch lors de la séance photo du film Everybody Loves Touda au 77e festival de Cannes. (Getty Images)

Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur. Bien que M. Ayouch ait écrit le scénario avec Maryam Touzani (Le Bleu du caftan), afin probablement d’adoucir son histoire, Touda se caractérise par une détermination exceptionnelle. Cherchant à s’installer à Casablanca, où son fils sourd aurait une meilleure scolarité et où elle pourrait elle-même trouver de meilleures opportunités, Touda se met à chanter dans les boîtes de nuit des villages, supportant avec un sourire le regard lubrique des hommes ivres d’illusion.

Ce n’est pas la première fois que Nabil Ayouch dépeint les femmes dans des situations aussi précaires. Son film Whatever Lola Wants, sorti en 2008, raconte les épreuves d’une employée des postes à New York qui rêve de devenir danseuse orientale en Égypte. Quant à Much Loved (qui a été présenté dans la section «La Quinzaine des cinéastes»), il a déclenché un tollé en raison de son exploration de la prostitution au Maroc.

La musique du film, composée par Flemming Nordkrog, est très entraînante, mais Touda chante aussi des chansons folkloriques sur la libération et sur d’autres formes de droits de la femme. La performance captivante de l’actrice fait briller le récit: Nisrin Erradi a une présence remarquable à l’écran, ce qui rend le film particulièrement agréable à regarder.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com