Le ministre américain de la Défense, Mark Esper, conclut vendredi à Rabat une tournée destinée à renforcer la coopération militaire avec les pays du Maghreb centrée sur la lutte contre le jihadisme et la sécurité en Afrique du Nord, en Libye ou au Sahel.
Sa visite coïncide avec la reprise du "dialogue libyen", vendredi soir à Bouznika, dans la région de Rabat, en présence de parlementaires des deux camps rivaux, représentant le Haut conseil d'Etat aligné sur le Premier ministre Fayez al-Sarraj et le Parlement de Tobrouk, fidèle au maréchal Khalifa Haftar, selon une source diplomatique marocaine.
Comme à Tunis mercredi, le chef du Pentagone a signé vendredi à Rabat un accord décennal de coopération militaire avec le royaume, considéré comme un "allié majeur" dans la région.
"Maintenant plus que jamais, nos deux nations travaillent étroitement pour faire face aux défis d'un contexte de sécurité complexe allant du contre-terrorisme et d'autres menaces transnationales, à l'instabilité régionale et à des sujets stratégiques plus larges", a-t-il dit avant la signature.
"Cette feuille de route réaffirme clairement que notre alliance est forte et faite pour durer" face à des "défis majeurs" comme le "terrorisme, l'extrémisme violent et toutes les formes de séparatisme", a pour sa part souligné le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita.
Au cours de sa visite, M. Esper a aussi rencontré le chef de l'état-major marocain, Abdelfattah Louarak, et le ministre délégué à la Défense Abdellatif Loudiyi.
Avec cet accord, le Maroc espère consolider la coopération militaire avec les Etats-Unis dans l'industrie de la Défense, et notamment favoriser d'éventuels transferts technologiques", selon un communiqué de l'état-major marocain.
Le Maroc accueille chaque année l'exercice militaire African Lion, le plus important du continent, sous la houlette du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom). Les exercices aériens, terrestres et maritimes ont été annulés cette année à cause de la pandémie de Covid-19.
Les Etats-Unis sont le premier fournisseur d'armement de Rabat (avions de combat, navires, chars, véhicules blindés, etc.) alors que l'Algérie voisine, où M. Esper a fait étape jeudi, est un client majeur de la Russie.
En Tunisie, M. Esper a souligné qu'au delà de la lutte contre la menace des "extrémismes violents", le renforcement de la coopération militaire visait à faire face "à nos concurrents stratégiques la Chine et la Russie" au comportement "prédateur".
En décembre dernier, l'instabilité en Libye et au Sahel avait déjà été au centre d'une visite à Rabat du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, venu par ailleurs plaider pour une normalisation avec Israël.
Le royaume a impulsé ces dernières semaines un accord inter-libyen sur la répartition des institutions régaliennes libyennes, comme la Banque centrale, la haute commission électorale, la commission anti-corruption, dans le sillage des efforts de médiation des Nations unies en vue d'un processus de règlement politique.
M. Bourita revient d'un voyage au Mali où il a rencontré le président de transition, Bah N’Daw, et son vice-président, le colonel Assimi Goïta, représentant de la junte qui a pris le pouvoir en août.