Tunisie-France: Les couacs de l’Uftam

Sa création avait été décidée lors de la visite du président français, Emmanuel Macron, en Tunisie, en 2018. Sur la photo, Macron salue en marchant dans une rue en direction de la médina (vieille ville) de la capitale tunisienne Tunis le 1er février 2018, lors de sa première visite d'État dans ce pays d'Afrique du Nord. Eric FEFERBERG / POOL / AFP
Sa création avait été décidée lors de la visite du président français, Emmanuel Macron, en Tunisie, en 2018. Sur la photo, Macron salue en marchant dans une rue en direction de la médina (vieille ville) de la capitale tunisienne Tunis le 1er février 2018, lors de sa première visite d'État dans ce pays d'Afrique du Nord. Eric FEFERBERG / POOL / AFP
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Publié le Jeudi 20 janvier 2022

Tunisie-France: Les couacs de l’Uftam

  • Cette institution universitaire se retrouve sous le feu des critiques à cause de son échec à décerner des diplômes aux étudiants ayant terminé leur formation
  • Certains étudiants africains ont du mal à obtenir une carte de séjour faute de pouvoir produire un certificat d’inscription que l’université ne leur a pas octroyé

TUNIS : Cette université franco-tunisienne, dont la création a été décidée lors de la visite du président Macron en Tunisie en janvier 2018, et qui devait rayonner sur l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée, est partie du mauvais pied. Après avoir été entachée par des accusations de conflit d’intérêts et même de corruption adressées à l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Slim Khalbous, – qui en a été le principal artisan intéressé, accusent certains – elle n’a pas été en mesure de remettre leurs diplômes aux étudiants ayant terminé leurs études. Ce qui a apporté de l’eau – supplémentaire – au moulin de ses détracteurs en Tunisie.

Ce devait être un projet phare, l’un des plus importants de la coopération franco-tunisienne, et il est en passe de devenir un véritable boulet pour les deux partenaires, du moins pour l’instant. Le projet en question est l’Université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (Uftam). Sa création avait été décidée lors de la visite du président français, Emmanuel Macron, en Tunisie, en 2018, et elle est entrée en activité en 2019. Depuis, cette institution qui, comme son nom l’indique, cible principalement des étudiants d’Afrique subsaharienne, est au centre d’une polémique qui n’a fait qu’enfler au fil des mois.

Il y eut d’abord des soupçons de corruption concernant l’ancien ministre tunisien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous, qui a tout fait pour en imposer la création(1). Désormais, cette institution universitaire se retrouve sous le feu des critiques à cause de son échec à faire tout ce que chaque institution universitaire est tenue de faire: décerner des diplômes aux étudiants ayant terminé leur formation.

C’est M. Abdelkrim Hizaoui, un de ses enseignants à distance, ancien professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi) de Tunis qui, le premier, a révélé cet incident, le 28 décembre 2021, dans un post rageur sur son compte Facebook.
Il s’y plaint d’«avoir découvert» qu’il avait exercé, l’année dernière, «dans une université qui n’avait pas d’existence», car, selon lui, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique «a échoué à trouver à l’Uftam un statut intermédiaire entre l’université publique et l’université privée».
 
En effet, confirme Nizar ben Salah, secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement supérieur, affiliée à l’UGTT, le syndicat ouvrier historique, «l’Uftam a été créée en dehors du cadre légal».
Point de vue que partage l’Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (Ijaba, son acronyme en arabe qui veut dire «Réponse»).

En Tunisie, tout projet d’enseignement supérieur est tenu d’obtenir un agrément préalablement à son démarrage et d’être classé parmi les «entreprises publiques à caractère administratif (…) qui peuvent se transformer en entreprises publiques à caractère scientifique et technologique» ou parmi les «institutions d’enseignement supérieur privé et non d’universités», «parce qu’en Tunisie les universités ne peuvent être que publiques». Or, souligne Nizar ben Salah, l’Uftam ne figure sur aucun des deux registres.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ainsi que la partie française n’ayant pas donné suite à une demande d’interview, l’un des coordinateurs de l’Uftam a accepté de répondre à nos questions, sous couvert d’anonymat. Il rejette l’accusation d’illégalité de cette université que lui lancent ses détracteurs, mais il admet en substance que celle-ci n’est pas encore tout à fait installée et qu’elle a démarré son activité avant même d’avoir réuni toutes les conditions d’une existence légale.

Ainsi notre source indique que le bureau d’études chargé par la France et la Tunisie de réaliser l’étude de faisabilité du projet a récemment rendu sa copie. Ce qui, selon cette source, ouvre la voie à la création de la société anonyme – «de droit privé et à caractère institutionnel public-privé» – qui aura un conseil d’administration et un conseil académique au sein duquel les universités tunisiennes et françaises engagées dans ce projet seront représentées. Les travaux de construction du campus de l’Uftam sont également censés commencer dans la foulée. L’université sera alors en mesure de décerner des diplômes, assure le coordinateur anonyme.

En attendant, les étudiants africains, majoritaires parmi la soixantaine d’inscrits, sont confrontés à des situations difficiles. Certains ont en particulier du mal à obtenir une carte de séjour faute de pouvoir produire un certificat d’inscription que l’université ne leur a pas octroyé. Lorsqu’on attire son attention sur ces cas, le coordinateur de l’Uftam admet qu’il y a eu quelques couacs et les impute… à la pandémie de Covid-19 et à l’instabilité politique dans le pays.
«D’abord, la pandémie, qui a tout retardé dans le pays, a empêché la réalisation de certaines actions en temps voulu. Ensuite, rappelez-vous, depuis le décès du président, Béji Caïd Essebsi, nous avons eu quatre chefs de gouvernement, trois présidents de la république et cinq ministres de l’Enseignement supérieur», observe-t-il. «Est-ce que vous croyez que dans une telle situation, l’Uftam constitue une priorité?», demande-t-il.

Mais «nous sommes en train de résoudre les problèmes», promet le responsable. Et comme pour les minimiser, il rappelle que la Tunis Business School (TBS), créée en 2010, et dont l’Uftam utilise pour l’instant les installations, n’a commencé à octroyer les diplômes qu’en… 2020. Cette université publique a dû attendre près de sept ans pour voir son diplôme validé par les autorités. Ce qui a contraint ses étudiants à entamer de nouvelles études universitaires, après avoir terminé celles faites à TBS, pour avoir le sésame leur permettant l’accès au marché de l’emploi. Une mésaventure que les étudiants de l’Uftam ne voudront certainement connaître pour rien au monde. D’autant que la formation au sein de cette université n’est pas donnée: 2 750 euros par an.


(1)  L’accusation de conflit d’intérêts et de corruption a été lancée à M. Khalbous notamment par M. Adel ben Amor. Cet ancien chef de cabinet au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche l’accuse d’avoir bloqué un projet d’université tuniso-allemande et d’avoir donné le feu vert à la création «d’une université illégale» en échange de sa nomination comme recteur de l’Agence universitaire de la francophonie. La justice s’est saisie de ce dossier le 2 août 2021. Quatre jours plus tard, l’ancien ministre a réagi en expliquant dans un post que «certaines personnes sont mues par un désir de vengeance» et d’autres «ne supportent pas les avancées de ma carrière».


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.