Célébration du Nouvel An amazigh: gaieté et pluralité

Pour les algériens l'importance et la nécessité de préserver et transmettre ce legs patrimonial millénaire dans sa double dimension, culturelle et historique demeure primordiale.  Photo Amjed Gasmi
Pour les algériens l'importance et la nécessité de préserver et transmettre ce legs patrimonial millénaire dans sa double dimension, culturelle et historique demeure primordiale. Photo Amjed Gasmi
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Publié le Lundi 17 janvier 2022

Célébration du Nouvel An amazigh: gaieté et pluralité

  • Pour de nombreux habitants de la région, ces rituels tirent leur résilience historique de l’attachement des Chaouis à leur culture ancestrale
  • Yennayer symbolise la prise que nous pouvons avoir sur un monde en recomposition permanente

ALGER: À M’Chouneche, fameux village situé au cœur du pays des Chaouis (population berbère de l’Est algérien), le ciel bleu azur de cette matinée promet une journée riche en festivités: les habitants se préparent, avec beaucoup d’excitation, de joie et d'enthousiasme, à célébrer Yennayer. Le jour de l’An amazigh 2972 coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien.

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Une petite fille vêtue de “melehfa “ , le vêtement chaoui qui distingue la femmes des Aurès 
Credit photo : Amjed Gasmi .


Il est à peine 11 heures du matin. Une foule immense et dense s’étire vers le centre du village, en dépit du froid glacial, pour assister aux nombreuses activités organisées pour cette occasion. Jeunes et moins jeunes déambulent joyeusement à travers les stands où toutes sortes de gourmandises sont exposées. «J’attendais cette fête avec impatience pour pouvoir danser, chanter et, surtout, manger tous les mets préparés par les femmes du village», raconte Djawed, 11 ans. Le garçon rappelle avec fierté les traditions qui marquent la célébration du Nouvel An amazigh.

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Les enfants reçoivent à cette occasion des friandises, ils doivent être revêtus de leurs plus beaux habits traditionnels. Crédit photo : Amjed Gasmi 


«À cette occasion, les enfants reçoivent des friandises. Ils doivent être revêtus de leurs plus beaux habits traditionnels», explique-t-il en exhibant, tel un mannequin, son burnous authentique et son chèche enroulé autour de la tête. «Voilà, regardez-moi: je suis dans le thème, je ressemble à mes ancêtres», confie-t-il sous le regard admiratif de son papa.
Cette célébration grandiose et ancestrale n’a jamais connu le moindre essoufflement. Bien au contraire: les Chaouis, tout comme leurs confrères les Kabyles, les Atlassiens ou les Chleuhs, ont toujours honoré cet héritage culturel transmis de génération en génération. Ils le considèrent comme un événement joyeux et plaisant fondé sur la diversité, la tolérance et la paix, qui repose avant tout sur l'affirmation de soi.

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Pour Yennayer, une exposition mettant en valeur l'art culinaire, l'artisanat et les métiers traditionnels a été organisée. Crédit photo : Amjed Gasmi


Plus qu'une célébration ordinaire, il s'agit d'une fête qui souligne la richesse de la civilisation berbère. Les Imazighens étaient déjà capables d’observer le cycle des saisons. Yennayer marque le premier jour du calendrier agraire. Il correspond au milieu du cycle humide et à la fin des labours. La célébration de Yennayer permet de se ressourcer. C’est le moment où l’on ravive des traditions culturelles authentiques plusieurs fois millénaires.

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Les chaouis ont toujours honoré cet héritage culturel, transmis de génération en génération, le considérant comme évènement gai et plaisant, fondé sur la diversité, la tolérance et la paix.
Crédit photo : Amjed Gasmi


Pour de nombreux habitants de la région, ces rituels tirent leur résilience historique de l’attachement des Chaouis à leur culture ancestrale et consolident la cohésion sociale et la solidarité. Il s’agit, selon eux, d’un «patrimoine», d’une «civilisation» qui a traversé les époques et a survécu à l’adversité grâce à son contenu, à ses valeurs et à ses messages humanistes, tolérants et modernes.
«La célébration de Yennayer est une tradition millénaire que nous tenons à préserver», nous confie Thiziri, une jeune maman nous raconte brièvement l’origine de cette fête. «Elle symbolise la victoire du peuple amazigh sur les pharaons. Nos aïeux ont en effet fait barrage aux conquêtes de ces derniers en les empêchant de franchir la zone amazighe de ce qui est appelé aujourd'hui “le grand Maghreb arabe”», indique-t-elle.

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Outre des concerts de musique organisés au profit des membres de la communauté, la fête de Yennayer a été une occasion de se rassembler et de partager des moments de convivialités entre les habitants de m’chounch dans la joie et la bonne humeur. Photo Amjed Gasmi 


Poursuivant son petit cours d’histoire, Thiziri explique que Yennayer ne marque pas seulement la victoire du roi amazigh Chachnak, comme nous l’ont expliqué nos parents et nos grands-parents, mais s'apparente également au début de l'année agraire. Elle nous rappelle que la relation entre les Amazighs et leur terre est indéfectible.
Gardiennes des coutumes
Yennayer est également une journée assez particulière pour les femmes, qui interprètent des chants traditionnels et lancent des youyous stridents. Ces Aurassiennes sont incontestablement les gardiennes des coutumes et des traditions de leurs ancêtres. Elles portent toutes le vêtement traditionnel, la melhfa, une robe de tissu noir, bleu et fleuri, ornée de différentes couleurs. Elle s'ouvre sur le côté et est retenue au niveau de la taille par une ceinture appelée «imahzema» et par des broches en argent au niveau des épaules. C’est avec une grande joie que les femmes perpétuent la tradition et s’attachent à l’inculquer à leurs enfants.
Il y a là une forte symbolique. Le reflet des couleurs de la nature à travers les habits des femmes illustre leur attachement aux racines: elles cultivent la terre et aident leurs maris ainsi que leurs enfants.
Pour préparer cet événement, on nettoie les maisons en changeant tout ce qui est usé et en préparant un repas généreux, riche des produits de la terre.
Cette belle fête a été récemment perturbée par la pandémie de Covid-19. Toutefois, les circonstances n'empêchent pas les «hommes libres» de célébrer leur identité et de revivifier l'héritage et le maintien des traditions.
Des concerts sont organisés au profit des membres de la communauté. En outre, la fête de Yennayer est l’occasion de se rassembler et de partager des moments de convivialité entre les habitants de M’Chouneche dans la joie et la bonne humeur.

Des sociologues et des chercheurs ont souligné l’importance de cette célébration pour le peuple algérien et les progrès en faveur de la généralisation de la langue tamazight à travers le territoire national.
Démarche du vivre-ensemble
Dans une déclaration à Arab News en français, Tarek Iften, spécialiste de langue et des cultures amazighes et consultant attaché au Haut-Commissariat à l'Amazighité, a fait savoir que la consécration de Yennayer comme fête nationale s’inscrit concrètement dans la démarche du vivre-ensemble. C’est d’autant plus remarquable que nous vivons à une époque où toutes les formes de diversité sont menacées par les effets néfastes de la mondialisation et du capitalisme; ce dernier conduit à un mode de consommation stéréotypé de la culture universelle.
«Le retour à l’essentiel et la valorisation du patrimoine culturel commun sont autant d'éléments de motivation pour la réappropriation de l’identité culturelle et géographique du peuple amazigh. Il est essentiel de se débarrasser de la haine de soi et de cette quête interminable sur l’origine de toute manifestation artistique du groupe ou de l’individu afin de se reconnaître enfin et de se réconcilier avec soi-même ainsi qu’avec cet espace naturel que nous occupons», insiste-t-il.
Pour Bachir Bouhania, professeur de sociolinguistique à l'université Ahmed-Draïa, l’image que l’on attribue souvent à Yennayer, une simple célébration culinaire berbère, est réductrice. «Nous devrions élargir cette représentation pour qu’elle englobe toutes les strates de la société algérienne. Yennayer a été célébré par nos parents, nos grands-parents et nos arrière-grands-parents sans le moindre préjugé; nous devrions en faire autant, aujourd’hui plus que jamais, car Yennayer est un moyen d’unification et d’apaisement des consciences qui restera toujours un symbole des traditions algériennes», affirme-t-il.
En somme, Yennayer symbolise la prise que nous pouvons avoir sur un monde en recomposition permanente: à l'occasion du Nouvel An berbère, les Algériens réaffirment leur allégeance à la terre de leurs ancêtres… et à l'Homo sapiens découvert à Sétif il y a 2,4 millions d'années. Les Berbères sont fiers de dire au monde que cette terre est considérée comme le «berceau de l'humanité».


Le Premier ministre indien en Arabie saoudite pour renforcer les relations bilatérales

D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi. (AFP)
D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi. (AFP)
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  • Le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu mardi à Jeddah, en Arabie saoudite, pour sa troisième visite d'Etat
  • L'économie indienne, en pleine expansion, dépend fortement des importations de pétrole brut pour satisfaire sa demande énergétique croissante

DJEDDAH: Le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu mardi à Jeddah, en Arabie saoudite, pour sa troisième visite d'Etat.

M. Modi avait reçu lundi le vice-président américain, JD Vance, au moment où New Delhi cherche à conclure un accord commercial avec les Etats-Unis pour éviter des droits de douane de 26% sur ses exportations.

"L'Inde accorde une grande importance à ses relations historiques avec l'Arabie saoudite, qui ont gagné en profondeur stratégique et en dynamisme ces dernières années", a déclaré M. Modi, cité par son bureau.

"Ensemble, nous avons développé un partenariat substantiel et mutuellement bénéfique", a-t-il ajouté.

L'économie indienne, en pleine expansion, dépend fortement des importations de pétrole brut pour satisfaire sa demande énergétique croissante.

D'après le ministère indien des Affaires étrangères, Ryad, premier exportateur mondial de brut, figure au troisième rang des fournisseurs de pétrole brut de New Delhi.

Le royaume accueille aussi plus de deux millions de travailleurs indiens, la deuxième plus grande communauté étrangère après les Bangladais, selon le recensement saoudien de 2022.

Ces travailleurs jouent un rôle clé dans l'économie saoudienne, en participant notamment à la construction des méga-projets de l'ambitieuse vision 2030 portée par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Ils envoient chaque année des milliards de dollars à leurs familles en Inde, le pays le plus peuplé au monde.

Pendant sa visite de deux jours, M. Modi devrait rencontrer des membres de la communauté indienne, selon son bureau.

Le Premier ministre indien et le prince héritier ont tous deux entretenu des liens étroits avec Donald Trump lors de son premier mandat.

Le président américain est attendu en Arabie saoudite en mai, pour ce qui devrait être sa première visite à l'étranger depuis le début de son second mandat.


Gaza: sept morts dans des frappes israéliennes, selon la Défense civile

Des personnes marchent dans la rue devant l'ancien site du marché Firas qui a été transformé en décharge pendant la guerre dans la ville de Gaza, le 21 avril 2025. (AFP)
Des personnes marchent dans la rue devant l'ancien site du marché Firas qui a été transformé en décharge pendant la guerre dans la ville de Gaza, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza
  • Deux frappes intervenues dans la nuit dans l'ouest de Gaza-ville ont fait respectivement quatre et deux morts tandis que le bombardement d'une maison à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, a tué une personne

GAZA: La Défense civile palestinienne a annoncé que des frappes aériennes israéliennes avaient fait au moins sept morts dans la bande de Gaza mardi matin.

Deux frappes intervenues dans la nuit dans l'ouest de Gaza-ville ont fait respectivement quatre et deux morts tandis que le bombardement d'une maison à Khan Younès, dans le sud du territoire palestinien, a tué une personne, a précisé à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal

Rompant une trêve de près de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.864 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.240 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne en 2023.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Samedi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit déterminé à continuer la guerre et a rejeté les "diktats" du Hamas.

Selon M. Netanyahu, seule une pression militaire permettra le retour des otages encore détenus à Gaza.

 


Yémen : les Houthis font état de 12 morts dans des bombardements imputés aux États-Unis

Yémen : les Houthis font état de 12 morts dans des bombardements imputés aux États-Unis
Yémen : les Houthis font état de 12 morts dans des bombardements imputés aux États-Unis
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  • « Douze personnes ont été tuées et 30 autres blessées dans les frappes de l'ennemi américain sur le marché de Farwa et le quartier populaire du même nom, dans le centre de Sanaa ».
  • Le 15 mars, les États-Unis ont lancé une campagne de bombardements contre les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, afin de les contraindre à cesser de menacer les navires au large du pays. 

SANNA, YEMEN : Les rebelles houthis du Yémen ont fait état lundi de 12 morts dans des bombardements imputés aux États-Unis sur la capitale Sanaa, et annoncé de nouvelles attaques contre des navires de guerre américains et israéliens.

« Douze personnes ont été tuées et 30 autres blessées dans les frappes de l'ennemi américain sur le marché de Farwa et le quartier populaire du même nom, dans le centre de Sanaa », a rapporté l'agence de presse officielle des rebelles Saba, en citant un communiqué du ministère de la Santé de l'administration houthie.

Des bombardements aériens ont également visé dimanche soir les provinces de Marib, dans le centre du pays, Hodeida, dans l'ouest, et Saada, bastion des Houthis, dans le nord, selon la même source.

Le 15 mars, les États-Unis ont lancé une campagne de bombardements contre les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, afin de les contraindre à cesser de menacer les navires au large du pays. 

Les insurgés yéménites, soutenus par l'Iran, ont commencé à mener des attaques en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, ainsi que contre le territoire israélien après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas palestinien dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Les attaques des Houthis contre le trafic maritime en mer Rouge, par où transite environ 12 % du commerce mondial, ont contraint de nombreuses entreprises maritimes à dérouter le trafic vers la pointe de l'Afrique australe, engendrant ainsi des coûts de transport supplémentaires.

Les frappes américaines avaient débuté en janvier 2024, mais elles se sont intensifiées sous la présidence de Donald Trump.

En réponse aux derniers bombardements sur Sanaa, les Houthis ont affirmé lundi avoir mené des attaques de missiles et de drones contre deux porte-avions américains en mer Rouge et en mer d'Arabie : le Harry S. Truman et le Carl Vinson.

Ils ont également affirmé avoir lancé plusieurs drones en direction d'Israël.

Vendredi, les Houthis avaient fait état de la mort de 80 personnes et de 150 blessés dans le bombardement du port pétrolier de Ras Issa, dans la province de Hodeida, qualifiant cette attaque de la plus meurtrière depuis le début des bombardements américains au Yémen.