Slim Khalbous: A l'AUF, nous sommes porteurs de la francophonie scientifique

Nommé à la tête de l’Agence universitaire de la francophonie en janvier 2020, Slim Khalbous, ancien ministre tunisien de l’Enseignement supérieur, répond aux questions d’Arab News en français sur les différentes actions menées par l’institution dans le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique francophone à travers le monde. Photo fournie.
Nommé à la tête de l’Agence universitaire de la francophonie en janvier 2020, Slim Khalbous, ancien ministre tunisien de l’Enseignement supérieur, répond aux questions d’Arab News en français sur les différentes actions menées par l’institution dans le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique francophone à travers le monde. Photo fournie.
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Slim Khalbous: A l'AUF, nous sommes porteurs de la francophonie scientifique

  • «L’Agence universitaire de la francophonie, créée en 1961 à Montréal, est le premier réseau universitaire au monde qui compte 1 000 universités et centres de recherche»
  • «Nous avons procédé à la réorganisation de l’AUF à travers la création des bureaux nationaux, avec une implantation dans 50 pays et la création de 20 Centres d’employabilité francophone»

Nommé à la tête de l’Agence universitaire de la francophonie en janvier 2020, Slim Khalbous, ancien ministre tunisien de l’Enseignement supérieur, répond aux questions d’Arab News en français sur les différentes actions menées par l’institution dans le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique francophone à travers le monde.


Pourriez-vous nous présenter l’Agence universitaire de la francophonie?

L’Agence universitaire de la francophonie (AUF), créée en 1961 à Montréal, est le premier réseau universitaire au monde qui compte 1 000 universités et centres de recherche. Son objectif est d’accompagner les pouvoirs publics et les universités dans leurs réformes et dans le développement des échanges scientifiques.

Nous intervenons sur des niches ou des projets précis dans les universités ou les unités de recherche avec les pays francophones pour stimuler la coopération internationale. Nous sommes porteurs de cette francophonie scientifique.

Dans le contexte de la francophonie éducative, nous intervenons dans la formation des formateurs, des maîtres d’écoles et professeurs du secondaire, notamment en prodiguant de nouvelles méthodes pédagogiques, en particulier sur les systèmes d’orientation des élèves du secondaire vers l’enseignement supérieur. Dans le cadre de la francophonie économique, nos actions consistent à appuyer l’insertion professionnelle, les formations ou encore l’accès aux stages dans les entreprises.

Quelles sont les principales actions engagées depuis votre nomination à la tête de l’institution?

Nous avons changé énormément de choses. Notre premier objectif était de changer de méthode. Pourquoi? Car l’AUF est une organisation de solidarité, d’accompagnement et d’aide, mais pas une organisation de contrôle ou de décision. Notre organisation est au service des pays et des universités pour lesquels nous venons en appui, et afin d’être efficace, il fallait connaître leurs réels besoins.

Ainsi, nous avons initié en 2020 une consultation dans 90 pays, à travers les 5 continents, une initiative qui a eu un énorme succès. Cela nous a permis d’avoir un panorama complet des défis, des contraintes et des objectifs de développement futurs. Les analyses ont été publiées dans le Livre blanc de la francophonie scientifique.

La nouvelle stratégie portée par l’AUF, validée à l’unanimité, est, pour la première fois, 100 % basée sur les demandes prioritaires de nos partenaires. Nous sommes fiers de ce premier changement majeur au sein de l’organisation.

Vous avez déclaré avoir transformé cette période de crise sanitaire de la Covid-19 en opportunités…

En effet! Car notre rôle est de démontrer ce que l’université est capable de faire pour la société. Dans les pays du Sud et les pays émergents, le milieu universitaire n’est pas très actif dans le développement social et économique. Nous avons saisi ce moment d’urgence pour lancer un premier appel sollicitant les étudiants dans les laboratoires, les ingénieurs et les doctorants afin de nous proposer des solutions immédiates contre la Covid-19 avec des projets réalisables entre trois et six mois. Cette opération, qui a connu un grand succès, a nécessité une augmentation de budget pour atteindre 2,5 millions d’euros, contre 500 000 au départ. Cela a permis la concrétisation de 2 500 projets dont la fabrication de masques via des imprimantes 3D, de respirateurs ou encore de logiciels pour la localisation des malades ou des unités de vaccination.

Enfin, nous avons aussi procédé à la réorganisation de l’AUF à travers la création des bureaux nationaux, avec une implantation dans 50 pays et la création de 20 Centres d’employabilité francophone (CEF) qui œuvrent dans la formation professionnelle, l’employabilité et l’entrepreneuriat des jeunes diplômés.

L’AUF lance cette année, à Rabat, l’Académie internationale de la francophonie scientifique, une première dans le monde. Cette initiative représente-t-elle un véritable défi dans la promotion de l’édition scientifique qui est, rappelons-le, en perte de vitesse face à l’utilisation institutionnelle de la langue anglaise?

Absolument! C’est un projet phare de la nouvelle stratégie de l’AUF. Nous voulions aller plus loin dans la poursuite de cette collaboration scientifique avec nos partenaires, avec la création d’un observatoire de la francophonie scientifique qui sera chargé de mener des études thématiques ou géographiques ponctuelles, une approche de veille et de prospective pour anticiper l’évolution du monde, notamment dans les sciences en français. Nous souhaitons aussi répondre aux besoins des présidents d’universités et des ministres de l’Enseignement supérieur dans l’amélioration de la gouvernance des institutions dont les structures de recherche.

Comme vous l’avez mentionné, l’intérêt d’une telle initiative consiste dans la valorisation des publications scientifiques, peu nombreuses en langue française. Or, c’est un élément dans la carrière des chercheurs qui leur permet une visibilité à l’échelle internationale. Il s’agit d’un sujet capital pour l’AUF et c’est pourquoi nous avons décidé de renforcer les revues déjà existantes et d’en créer d’autres sur des sujets pour lesquels il n’existe pas encore de supports.

La création de l’Académie internationale de la francophonie scientifique, une première mondiale, sera construite autour de trois pôles: l’observatoire, la gouvernance et la publication scientifique. Elle sera implantée à Rabat, au Maroc, un pays partenaire qui apportera son aide en matériel et en logistique et qui commencera ses activités dans les prochaines semaines.

Vous avez évoqué la création du statut étudiant-entrepreneur. Pourriez-vous nous expliquer comment est venue cette idée et quels en sont les objectifs?

Dans le cadre de nos actions, nous avons intégré quatre composantes: l’aide à l’emploi classique, la formation complémentaire transversale, la certification professionnelle – langue, technologie et gestion de projet –, très demandée sur le marché de l’emploi, et le pôle de la préincubation dans l’entrepreneuriat.

L’AUF avait lancé, en 2017 et en 2018, des projets pilotes en Tunisie, au Maroc et au Liban. Je suis très fier de dire que j’étais à l’origine de ce programme, initié par l’AUF, lorsque j’étais ministre de l’Enseignement supérieur dans mon pays, la Tunisie.

Ce statut permet aux étudiants, encadrés par des professeurs, des cadres d’entreprise ou des membres de start-up, de suivre, dès la première année, un cursus de formation en entrepreneuriat. Ce statut, innovant et intégré, évalué à trois millions d’euros, répond à un réel besoin, notamment en Afrique.

Pouvez-vous nous en parler du programme Safir?

Le programme Safir est financé par l’Union européenne (UE). C’est un consortium de plusieurs organisations dont l’AUF et l’Institut français, en tant que coordinateurs. Ce programme ambitieux, avec 7 millions d’euros de budget, sur une durée de quatre ans, en faveur des jeunes de 9 pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – Algérie, Tunisie, Liban, Syrie, Maroc, Libye, Égypte, Palestine et Jordanie –, dispose de 2 incubateurs; Lab’ess (Tunisie), et Pichworthy (Liban) ainsi que de la participation de l’organisation non gouvernementale Arab Network for développement. L’ambition du programme Safir est de soutenir 1 000 jeunes porteurs de projets ayant un impact social, culturel et environnemental et, à terme, d’implanter 7 incubateurs dans les pays concernés.

 


Gaza: la Défense civile annonce un nouveau bilan de 45 morts dans des frappes israéliennes dimanche

La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
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  • Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés
  • L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump, en vigueur depuis le 10 octobre.

"Au moins 45 personnes ont été tuées du fait de frappes aériennes israéliennes sur plusieurs endroits de la bande de Gaza", a indiqué Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, service de secours opérant sous l'autorité du Hamas.

Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés.

L'hôpital Al-Awda à Nuseirat a recensé 24 morts, l'hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah 12, l'hôpital Nasser à Khan Younès cinq et celui d'Al-Shifa à Gaza-ville  quatre.

Des dizaines de blessés ont également été pris en charge par ces hôpitaux. L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle vérifiait les informations concernant les frappes.

Parmi les victimes figure, selon M. Bassal, six personnes tuées quand une frappe israélienne a ciblé "un groupe de civils" dans la ville de Zuwaida (centre).

Il a également fait état de deux autres Gazaouis, dont un journaliste, tués dans la partie ouest de cette ville.

Deux frappes distinctes ont par ailleurs tué six personnes, dont des enfants, près de Nuseirat (centre) et blessé 13 autres, a-t-il indiqué.

Il a aussi fait état d'une femme et deux enfants tués dans une frappe de drone sur une tente abritant des personnes déplacées au nord de Khan Younès (sud).

Dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé cesser ses frappes et reprendre l'application du cessez-le-feu.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

 


Mohammed ben Salmane et Emmanuel Macron discutent de l'évolution de la situation à Gaza

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  • Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient
  • Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet

RIYADH : Le prince héritier Mohammed bin Salman a reçu dimanche un appel téléphonique du président français Emmanuel Macron, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Les deux dirigeants ont passé en revue la coopération dans divers domaines et ont discuté des développements régionaux et internationaux d'intérêt commun.

Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient.

Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet.

Ils ont également souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes en vue d'une paix juste et durable fondée sur la solution des deux États.


A Gaza, le chef humanitaire de l'ONU évoque "une tâche énorme"

Le responsable de l'aide humanitaire des Nations Unies, Tom Fletcher, montre un camion chargé d'aide humanitaire en route pour Gaza au point de passage de Rafah, le 16 octobre 2025. (OCHA via Reuters)
Le responsable de l'aide humanitaire des Nations Unies, Tom Fletcher, montre un camion chargé d'aide humanitaire en route pour Gaza au point de passage de Rafah, le 16 octobre 2025. (OCHA via Reuters)
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  • Tom Fletcher, a qualifié l’acheminement de l’aide à Gaza de « tâche énorme », annonçant un plan de 60 jours pour répondre aux besoins urgents : nourriture, santé, logement et éducation
  • Alors que l’accord de cessez-le-feu prévoit la restitution de toutes les dépouilles d’otages, seules 10 sur 28 ont été rendues par le Hamas, provoquant des tensions avec Israël qui accuse le mouvement de violer l’accord

Gaza, Territoires palestiniens: L'acheminement de l'aide d'urgence dans la bande de Gaza constitue une "tâche énorme", a plaidé samedi le chef des opérations humanitaires de l'ONU Tom Fletcher lors d'une visite dans le territoire palestinien dévasté par deux ans de guerre.

En parallèle, les autorités israéliennes ont annoncé samedi avoir identifié la dépouille d'un otage retenu à Gaza remise la veille dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Lors d'une visite à Gaza-ville, M. Fletcher a dit constater l'ampleur des destructions. "J'étais ici il y a sept ou huit mois. La plupart de ces bâtiments étaient encore debout. Mais là, c'est absolument épouvantable de voir une vaste partie de la ville devenue un terrain vague", a-t-il dit à l'AFP dans le quartier de Cheikh Radouane.

"Nous avons maintenant un plan massif de 60 jours pour intensifier l'approvisionnement alimentaire, distribuer un million de repas par jour, commencer à reconstruire le secteur de la santé, installer des tentes pour l'hiver, remettre des centaines de milliers d'enfants à l'école", a-t-il détaillé.

M. Fletcher, qui est entré vendredi dans la bande de Gaz a estimé que l'Ocha (bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU) devra faire face à "une tâche énorme (...) mais nous le devons aux gens ici qui ont traversé tant de choses".

-Recherche des corps-

A travers Gaza, les secours s'activent pour retrouver des corps de Palestiniens ensevelis sous les gravats, tandis que le Hamas cherche à retrouver des dépouilles d'otages israéliens qu'il doit remettre à la Croix-Rouge dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu.

Par ailleurs, pour aider à la recherche des corps, israéliens comme palestiniens, une équipe de 81 membres de l'Afad, l'agence turque de gestion des catastrophes, attend depuis vendredi à la frontière côté égyptien, selon un haut responsable turc à l'AFP.

Aux termes de l'accord, entré en vigueur le 10 octobre, le groupe islamiste palestinien devait libérer tous les otages, vivants et morts qu'il détenait encore, au plus tard le lundi 13 octobre à 09h00 GMT.

Le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants mais n'a restitué depuis lundi que dix dépouilles sur les 28 qu'il retenait.

Samedi matin, les autorités israéliennes ont annoncé avoir la dépouille, remise la veille, d'Eliyahu Margalit, un septuagénaire tué le 7 octobre 2023 par un commando du Hamas qui l'a ensuite emmené à Gaza.

Israël ne fera "pas de compromis" et "n'épargnera aucun effort jusqu'au retour de tous les otages décédés", a affirmé le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Un porte-parole du Hamas, Hazem Qasem, a dit vendredi que le mouvement islamiste continuait à œuvrer en faveur de l'échange de prisonniers, tout en soulignant que "la question des corps est complexe et nécessite du temps".

Pour Israël, le retard dans la remise des dépouilles est une violation du cessez-le-feu.

Le Hamas dénonce de son côté de "nombreuses violations de l'accord".

La Défense civile, opérant sous l'autorité du Hamas, a affirmé samedi avoir récupéré les dépouilles de neuf Palestiniens tués selon elle la veille dans des tirs israéliens contre un bus. L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "identifié" un véhicule "suspect en train de franchir la ligne jaune" et les soldats ont "ouvert le feu pour éliminer la menace" et ce "conformément à l'accord".

La veille au soir, le ministre de la Défense israélien Israël Katz a dit sur X que l'armée "a commencé à marquer la ligne jaune où elle se déploie sur plus de 50% du territoire de Gaza, avec un marquage continu spécial afin d'en déterminer clairement" la limite.

Selon la Défense civile de Gaza, "plus de 280 corps de martyrs [avaient] été retrouvés sous les décombres" depuis le début de la trêve. Les autorités locales estiment qu'environ 10.000 corps y sont toujours ensevelis.

- Accès restreints -

Le Programme alimentaire mondial a appelé vendredi à l'ouverture de tous les points de passage, contrôlés par Israël, vers le territoire palestinien pour "l'inonder de nourriture".

Le plan négocié sous l'égide de Donald Trump prévoit que "dès l'acceptation de cet accord, une aide complète sera immédiatement acheminée dans la bande de Gaza".

Une étape ultérieure du plan visant à la paix prévoit également le désarmement du Hamas et l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.

L'attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 67.967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.