BRUXELLES: Le soutien politique et financier des Vingt-Sept pour encourager le respect de l'Etat de droit dans les Balkans occidentaux a eu "peu d'impact" et n'a pas fait avancer les réformes fondamentales, a estimé lundi la Cour des comptes de l'UE.
"Malgré des décennies de soutien politique et d'assistance financière de l'UE, des problèmes fondamentaux persistent dans de nombreux pays des Balkans occidentaux, concernant l'indépendance du pouvoir judiciaire, la lutte contre la corruption (qui reste très répandue) et la liberté d'expression", a déclaré l'institution basée au Luxembourg.
Elle estime que les pays concernés, candidats à l'adhésion à l'UE (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie) ou candidats potentiels (Bosnie-Herzégovine, Kosovo), restent minés par ces lacunes, malgré les efforts de l'UE, qui a notamment versé 700 millions d'euros entre 2014 et 2020 pour contribuer à des réformes.
Les actions soutenues par les Européens "s'inscrivent rarement dans la durée", les solutions pour renforcer les administrations locales "sont trop rares et souvent inefficaces", et les conditions exigées par Bruxelles pour allouer ses financements sont appliquées de façon "incohérente", regrettent les auditeurs de la Cour.
"L'UE a trop peu exploité la possibilité de suspendre l'aide si un bénéficiaire ne respecte pas des principes fondamentaux tels que la démocratie, l'Etat de droit et les droits de l'Homme", fait valoir la Cour, tout en observant que le soutien aux initiatives de la société civile "est insuffisant et axé sur le court terme".
"Les modestes progrès réalisés menacent la durabilité du soutien de l'UE dans le cadre du processus d'adhésion. Il est peu crédible de réformer sans cesse si aucun résultat notoire n'est obtenu", a souligné Juhan Parts, responsable du rapport.
"Des progrès importants ont été réalisés, mais il est évident qu'il reste encore beaucoup à faire (...) Il faut des efforts supplémentaires pour créer une véritable culture de l'Etat de droit, et un engagement politique renforcé", a réagi une porte-parole de l'exécutif européen.
Les dirigeants de l'UE tentent d'apaiser la frustration des Balkans occidentaux, bloqués depuis des années dans l'antichambre de l'UE avec la tentation de se tourner vers la Russie et la Chine.
Mais les candidats à l'adhésion font face aux farouches résistances d'une majorité d'Etats membres, qui redoutent un afflux migratoire ou blâment, justement, des réformes trop timides sur le respect de l'Etat de droit.