Lorsque la Covid-19 a fait son apparition, un gouvernement occidental influent a sollicité mon avis sur les risques politiques et les mesures à prendre pour affronter cette crise. Après avoir parcouru tous les scénarios possibles, j’ai clôturé mon rapport par ce constat : ce gouvernement est tenu - par-dessus tout - de bien communiquer son plan à sa population. J'ai étayé mon raisonnement par cet exemple : Franklin Roosevelt, ce « magicien » de la politique s'adressait directement au peuple américain, à travers ses «fireside chats » (ou Causeries au coin du feu, des causeries radiophoniques durant lesquelles le président Franklin Roosevelt expliquait et justifiait son action auprès du peuple américain, NDLR), pour lui présenter les efforts qu'il déployait pour surmonter la Grande Dépression ; comme par miracle, il a réussi à préserver la crédibilité de son administration tout au long des péripéties des années 30. Les représentants du gouvernement susmentionné ont acquiescé d'un signe de tête avant de faire fi de la remarque capitale que j'avais formulée.
Le variant Omicron laisse présager que la Covid-19 perd son statut d'urgence mondiale historique. Cependant, cette théorie semble incertaine, si l'on se fie à l'arrogance de la plupart des gouvernements occidentaux, qui ont pris l'habitude d'imposer leur volonté au cours des deux dernières années, à force de rappeler sans cesse que l'apocalypse approche à grands pas.
A en juger par leurs innombrables erreurs politiques dans la gestion de la crise de la Covid-19, les dirigeants occidentaux se sont montrés incapables de gérer ce problème. Sous le couvert des mesures d’urgence, ils sont néanmoins parvenus à renforcer leur pouvoir, et à former une technocratie encadrée par des experts qui refusera certes de se défaire de sa nouvelle position de force. Le virus touche probablement à sa fin, mais les politiques qu'il a engendrées viennent à peine de prendre forme.
Là encore, je me suis tourné vers les anciens philosophes grecs. La fable d'Ésope intitulée « Le garçon qui criait au loup » raconte l'histoire d'un jeune berger qui s'amuse à plusieurs reprises à faire croire aux villageois du village voisin qu'un loup attaque les moutons de la ville. Le jour où un loup apparaît réellement face au jeune berger, ce dernier appelle à l'aide, mais les villageois ne viennent pas à son secours, s'imaginant avoir affaire à une nouvelle farce et doutant de sa crédibilité. Le loup a fini par manger les moutons et le garçon. La morale de cette fable d'Esope est à la fois simple et accablante : « Tel sera le sort réservé aux menteurs ».
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il a fallu deux années pour que les dirigeants occidentaux comprennent que la Covid-19 nécessite une politique globale qui tienne compte des nombreux problèmes de santé soulevés par la pandémie, mais aussi des répercussions économiques, sociales et éducatives qui en découlent. En dépit des décès et des taux d'hospitalisation épouvantables, les appels criards que lancent les dirigeants pour faire croire à leurs populations que cette pandémie est unique en son genre - appels à renoncer à la raison et aux libertés élémentaires - sont tout aussi mensongers que les cris au loup du jeune berger.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il a fallu deux années pour que les dirigeants occidentaux comprennent que la Covid-19 nécessite une politique globale.
Dr. John C. Hulsman
Rien qu'au 20e siècle, trois grandes pandémies ont frappé notre planète : la grippe espagnole (1918-1920), la grippe asiatique ( 1957-58) et la grippe de Hong Kong ( 1968-69). La première représente la pandémie la plus mortelle de l'histoire moderne. Même à notre époque, les pandémies sont loin d'être un phénomène isolé ; chaque génération connaît une pandémie. Elles ne devraient pas susciter des réactions hystériques ni des raisonnements fallacieux ou limiter les libertés fondamentales.
Il en va de même pour les discours apocalyptiques des dirigeants occidentaux : ils sont particulièrement douteux. Conformément à la théorie de l'évolution de Darwin, dans un effort de survie, la Covid-19 s'est mutée en un variant plus contagieux et moins agressif. Comme je l'ai annoncé auparavant, et comme l’ont affirmé d’autres personnes encore, on assiste à un nombre inédit de contaminations qui sera suivi d'une baisse considérable des cas d'hospitalisation et de décès - ce qui constitue une très bonne nouvelle. Dans la même veine, une étude menée à la fin du mois de décembre en Afrique du Sud (où la souche Omicron a été détectée pour la première fois) a révélé que le nouveau variant a provoqué le quart des décès résultant des souches antérieures. Au Royaume-Uni, le risque d'hospitalisation pour les personnes atteintes de l'omicron est inférieur de 70 % au risque pour les personnes atteintes du variant Delta.
Cette évolution favorable de la Covid-19 n'a pas été accueillie avec la joie qu'elle mérite. En revanche, les gouvernements s'efforcent désespérément de détourner l'attention de leurs politiques défaillantes qui se répercuteront sur leurs pays au cours des prochaines décennies. Ils cherchent en effet à passer sous silence la façon honteuse dont ils ont négligé, avec monomanie, l'éducation et le bien-être social des enfants. « Par précaution», ils préfèrent maintenir l'état d'urgence.
Mais ce scénario a peu de chance de perdurer, puisque la crédibilité des gouvernements occidentaux est à son plus bas niveau. Aux États-Unis, on s'attend à ce que l'administration accablée de M. Biden soit écrasée lors des élections de mi-mandat prévues à l'automne. En effet, les électeurs indépendants qui déterminent les résultats des élections ont perdu la foi dans les déclarations de la Maison Blanche au sujet de la Covid-19 : l’administration de Biden a en effet souvent changé de politique et exigé des pouvoirs plus centralisés. Dans le même temps, des cours de justice américaines ont suspendu l’obligation vaccinale instaurée par le président des Etats-Unis pour les employés des grandes entreprises. Elles y voient un abus du pouvoir législatif accordé par le Congrès à l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA) (une agence gouvernementale fédérale des États-Unis dont la mission est la prévention des blessures, maladies et décès dans le cadre du travail, NDRL).
C'est au printemps que la Covid-19 tirera à sa fin. Il faudra cependant attendre plusieurs mois encore pour que les dirigeants des pays occidentaux permettent à leurs sociétés de reprendre leurs activités. Cela les aidera à sauver la face avant de réaliser un revirement politique flagrant mais tardif. Nous devons les empêcher de récupérer la crédibilité qu'ils ont perdue en raison de leur gestion autoritaire et maladroite de la pandémie.
Dr. John C. Hulsman est président et associé directeur de John C. Hulsman Enterprises, une importante société de conseil en risque politique mondial. Il est également chroniqueur principal pour City AM, le journal de la ville de Londres. Il peut être contacté via chartwellspeakers.com
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Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com