LAS VEGAS: Le rendez-vous annuel de la technologie et de l'électronique de Las Vegas a été déserté par les géants du secteur à cause du variant Omicron du Covid-19, mais les start-up ont occupé l'espace avec leurs innovations, leurs robots et leurs appareils toujours plus connectés.
Quand la mâchoire devient télécommande
Double clic de la mâchoire, et la musique s'arrête: l'idée fonctionne mais son intérêt ne saute pas aux yeux, à moins d'envisager un monde avec encore plus d'objets connectés à contrôler autour de nous.
La start-up française Wisear travaille sur une technologie de détection des signaux électriques entre le cerveau et certains muscles pour communiquer avec des appareils connectés.
"Depuis 30 ans, on a énormément amélioré la puissance du numérique autour de nous mais on se sert toujours des mêmes outils - clavier, souris, écran tactile" pour interagir avec les machines, explique Yacine Achiakh, cofondateur de Wisear.
"On veut créer une interface inclusive et facile à utiliser."
A ce stade, son équipe a intégré son système à des écouteurs qui savent reconnaître les mouvements de la mâchoire. Leur utilisateur peut donc mettre la musique d'un téléphone portable sur pause, et la relancer, en faisant semblant de mâcher.
L'idée leur est venue en observant les progrès de Neuralink, une société d'Elon Musk qui conçoit des implants pour pouvoir communiquer avec les machines par la pensée.
"On s'est dit, c'est dommage d'attendre 50 ans d'avoir des implants dans le cerveau avant de permettre aux gens d'avoir une bien meilleure interaction avec le monde numérique", note M. Achiakh.
Son entreprise compte perfectionner sa technologie (et étendre sa gamme d'actions possibles) pour la vendre sous licence à des géants des technologies.
Ceux-ci pourront l'intégrer à des écouteurs mais aussi à des lunettes à réalité augmentée, où les utilisateurs apprécieront de contrôler l'affichage sans sortir leur smartphone.
Ammoniac et papier: idées durables au salon de la tech à Las Vegas
Le salon annuel de l'électronique de Las Vegas, le CES, est connu pour ses gadgets destinés à finir sur des étagères, mais les objets et les idées pour lutter contre le gaspillage sont aussi nombreuses.
D'une réduction du plastique à une manière plus efficace de recycler, passage en revue de quelques projets présentés lors de l'édition 2022.
Brosse à dents en papier
Des images choquantes de déchets plastiques ont été largement diffusées ces dernières années, symbolisant la surconsommation d'objets jetables dans le monde.
Face à ce fléau, l'entreprise ukrainienne Effa fabrique des brosses à dents et des rasoirs réalisés essentiellement à partir de papier, même s'ils contiennent des métaux recyclables ou du plastique.
"Nous luttons contre la pollution plastique mondiale en fabriquant des objets jetables écologiques", affirme Anna Sulim, cheffe du marketing de la start-up.
La tête de la brosse à dents et du rasoir est en plastique, mais elle peut être retirée et recyclée, tandis que le manche peut être composté.
Carburant à l'ammoniac
Pour réduire la dépendance de l'humanité aux énergies fossiles, qui contribuent au réchauffement climatique, des alternatives sont indispensables.
Des énergies renouvelables à la biomasse et l'hydrogène, il existe déjà de nombreuses options. L'ammoniac pourrait en être une de plus.
"Nous développons une technologie qui transforme l'ammoniac en carburant renouvelable, notamment pour des usages dans l'industrie lourde terrestre, maritime et dans les transports", explique Allison Agre, porte-parole d'Amogy, une start-up basée aux Etats-Unis.
La machine développée par l'entreprise isole les molécules d'hydrogène d'ammoniac, qui peuvent être utilisées dans des piles à combustible dont le fonctionnement est similaire à celui d'une batterie.
"C'est facile à transporter et à stocker. Il existe déjà une infrastructure intégrée", décrit Allison Agre, précisant que la technologie est pour l'heure au stade de prototype.
Mieux recycler
Un centre de recyclage à domicile? C'est l'idée de Lasso Loop Recycling.
La start-up conçoit une machine qui nettoie et stocke des déchets recyclables et ressemble à un appareil électroménager.
"Chaque année, des millions de tonnes de plastique, de verre et d'autres matériaux utiles finissent dans des décharges ou sont déversés dans les rivières et les océans", peut-on lire sur le site internet de l'entreprise.
"Les co-fondateurs Aldous Hicks et Alison Richardson ont estimé qu'il existait un moyen plus efficace et ont créé le système Lasso."
Des robots qui ont du chien
Les robots chiens de Boston Dynamics - qui ont été comparés aux robots tueurs d'un épisode de la série dystopique "Black" - sont de retour, avec de grandes ambitions.
Ils ont fait une démonstration de danse sur la musique du groupe sud-coréen BTS, au stand de Hyundai, qui a racheté le fabricant de robots l'année dernière.
Le spectacle comprenait aussi un film d'animation détaillant la vision de Hyundai pour les engins à quatre pattes.
L'entreprise espère un jour les envoyer sur Mars, pour qu'ils y deviennent les yeux et les oreilles des humains curieux d'expérimenter la vie sur la planète rouge en réalité virtuelle.
"En connectant les robots au métavers, nous serons capables de nous déplacer librement entre le monde réel et la réalité virtuelle", espère Chang Song, responsable de Hyundai, dans un communiqué de presse.
Le métavers désigne le potentiel futur d'internet, une sorte d'univers parallèle où se mélangeront réalités augmentée et virtuelle, auquel les personnes accéderont via des objets connectés (lunettes, casques, etc).
"L'idée de la métamobilité c'est que l'espace, le temps et la distance perdront leur pertinence", a ajouté Chang Song.
Silence dans la poudreuse
Un ski à l'avant, une chenille à l'arrière, un guidon, un siège rembourré et surtout, une batterie : les MoonBikes sont les premiers scooters des neiges électriques, selon la start-up du même nom.
"C'est électrique et silencieux, donc cela n'embête pas les clients et cela protège l'environnement", souligne Nicolas Muron, fondateur de l'entreprise française.
Son idée était de rendre ce type de véhicules plus attractif et plus accessible.
"88% des utilisateurs de moto-neige sont des hommes, avec une moyenne d'âge de 46 ans. Donc elles ne sont pas pour tout le monde. Je voulais faire une machine facile à utiliser".
Selon lui, les MoonBikes donnent des sensations qui rappellent celles du ski. Ils sont vendus à partir de 8 500 dollars en pré-commande aux Etats-Unis.
Bateau sans capitaine
Hyundai a une solution pour les plaisanciers qui veulent profiter de la mer sans se soucier de la navigation.
Le constructeur sud-coréen a présenté au salon le "premier bateau autonome", qui a accompli en 2021 un parcours de 10 kilomètres avec 12 passagers à bord à Pohang City.
Il est équipé de 6 caméras, de capteurs pour la profondeur et de systèmes d'intelligence artificielle.
"En intégrant la technologie de navigation autonome aux bateaux de plaisance, les personnes pourront réduire largement le temps nécessaire pour accoster ainsi que le risque d'accidents pendant les manoeuvres", a indiqué dans un communiqué Do-Hyeong Lim, le patron d'Avikus, la filiale à l'origine de ce programme informatique.
Hyundai a annoncé préparer le voyage d'un grand navire marchand avec cette technologie.