PARIS : Même si son camp reste "confiant", Eric Zemmour ne cesse de répéter sa difficulté à obtenir les 500 parrainages d'élus exigés pour candidater à la présidentielle et organise ses déplacements pour convaincre des maires de petites communes rurales.
Le candidat d'extrême droite (Reconquête!) a assuré jeudi sur Europe 1 disposer de quelque "300 promesses" de parrainages, alors que la récolte officielle démarre fin janvier, jusqu'au 4 mars.
"C'est à la fois beaucoup parce qu'on n'a pas d'élus, mais en même temps, ce n'est rien, car tout le monde nous dit qu'il en faut 600 voire 700, parce que les gens se rétractent au dernier moment", souligne-t-il, en mentionnant les difficultés d'autres candidats comme Marine Le Pen (RN) ou Jean-Luc Mélenchon (LFI).
Mercredi dans son QG parisien, une réunion sur le sujet avait lieu avec le rallié Philippe de Villiers, le directeur de campagne Bertrand de la Chesnais et le responsable des parrainages Dénis Cieslik.
L'ancien secrétaire d'Etat et ex-député Philippe de Villiers "va pouvoir mettre son réseau à disposition et peut être téléphoner directement à des maires vendéens", insiste M. Cieslik, qui pense "qu'on aura les signatures", mais regrette "un incroyable gâchis d'énergie".
Les déplacements du candidat sont calibrés pour recueillir les précieux sésames, comme le 18 décembre en Alsace ou vendredi dans l'Eure-et-Loir.
"Cela vise avant tout à s'adresser à la France dite des oubliés, périphérique et rurale, mais oui, il y a aussi cet objectif de rencontres et de déjeuners avec des élus", poursuit M. Cieslik.
Vendredi, Eric Zemmour verra entre autres le maire de Villampuy (Eure-et-Loir), Vincent Lhopiteau, qui lui a déjà promis un parrainage.
«Pas raciste ni facho»
"Je ne suis pas raciste ni facho", souligne l'édile dans l'Echo républicain. "Je ne suis pas d'extrême droite et lui non plus ! Il est anti-système et dit beaucoup de vérités, notamment sur l'immigration", estime le maire de ce village de 300 habitants.
"Ca m'embêterait qu'il ne soit pas candidat à la présidentielle. Tout le monde a le droit de s'exprimer", poursuit-il, alors que certains maires ne veulent pas être associés à l'image sulfureuse de l'ancien polémiste, condamné à deux reprises pour provocation à la haine raciale.
L'entourage d'Eric Zemmour explique disposer d'un "algorithme" pour "prioriser" les élus à démarcher. Cela "croise la taille des villes, les parrainages en 2017, le territoire. Typiquement, on vise des villes de moins de 1 000 habitants qui avaient donné leur parrainage à Dupont-Aignan, Le Pen et Fillon", indique-t-il.
Comme sa rivale à l'extrême droite Marine Le Pen, Eric Zemmour proteste régulièrement contre la loi de 2016 qui a instauré la publication des noms des parrains, un "scandale démocratique inique", aboutissant à des "pressions" sur les élus, selon lui.
Il assure ne "pas surjouer la situation" et que "personne ne l'aide", alors que les rumeurs vont bon train sur la tentation des LR de laisser des élus de droite le parrainer, sans les sanctionner, afin de diviser l'extrême droite.
À la direction du parti LR, on dément tout message en ce sens. "La question ne se pose pas pour l'instant. Tous les élus LR font corps autour de notre candidate comme cela a toujours prévalu", balaye une responsable.
Eric Zemmour, crédité de 16% d'intentions de vote dans un récent sondage, à égalité avec Valérie Pécresse (LR) et Marine Le Pen, a aussi "lancé un appel" à l'Association des maires de France (AMF) et son président LR David Lisnard jeudi.
Il réclame la mise en place d'un "pool" de signatures de maires pour soutenir les candidats crédités d'au moins 5% des voix dans les sondages, afin que "les noms (des parrains) ne veuillent plus rien dire" et que ce soit "décidé par tous les maires".
L'AMF n'a pas l'intention de donner suite.