La Turquie cherche à consolider ses liens avec les États-Unis en élaborant un nouveau mécanisme

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le président américain, Joe Biden, se sont rencontrés à Rome en octobre, en marge du sommet du G20. (Photo, Reuters)
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le président américain, Joe Biden, se sont rencontrés à Rome en octobre, en marge du sommet du G20. (Photo, Reuters)
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Publié le Jeudi 06 janvier 2022

La Turquie cherche à consolider ses liens avec les États-Unis en élaborant un nouveau mécanisme

  • Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, et son homologue américain, Antony Blinken, se sont entretenus au téléphone lundi
  • Le mécanisme conjoint abordera des questions litigieuses, comme le programme F-35 et la coopération des États-Unis avec les unités kurdes YPG en Syrie, selon une experte

ANKARA: La Turquie a annoncé qu’elle travaillait sur un nouveau mécanisme visant à établir un agenda positif et commun avec les États-Unis.

«Nous pouvons rendre les problèmes plus faciles à gérer en adoptant un point de vue stratégique et une position constructive», a expliqué le porte-parole présidentiel, Ibrahim Kalin, au magazine politique turc Kriter le 4 janvier. «Cela nous permet de travailler plus étroitement dans les domaines sur lesquels nous sommes d’accord. Des mesures plus radicales doivent être prises afin que nos perspectives stratégiques se rejoignent», a-t-il déclaré.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, et son homologue américain, Antony Blinken, se sont entretenus au téléphone lundi et ont discuté de la mise en place d’un mécanisme stratégique conjoint entre les deux alliés de l’Otan. Recep Tayyip Erdogan et Joe Biden se sont également rencontrés à Rome en octobre, en marge du sommet du G20.

Bien que les détails du nouveau mécanisme n’aient pas été divulgués officiellement, les déclarations de la partie turque semblent indiquer l’existence de dénominateurs communs sur certaines questions épineuses, notamment les désaccords sur la Syrie et  le retrait de la Turquie du programme d’avions de combat F-35, après qu’elle ait acheté le système russe de défense antimissile S-400.

Selon M. Kalin, la Turquie attend des États-Unis qu’ils mettent fin à leur soutien aux Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde syrienne considérée comme un groupe terroriste par Ankara. Il a également souligné que la Turquie exigeait que les États-Unis adoptent une approche réaliste et constructive concernant le système antiaérien russe S-400 et prenne des mesures concluantes contre le réseau transnational de Fethullah Gülen, un prédicateur basé aux États-Unis accusé d’être le cerveau de la tentative de coup d’État de 2016 en Turquie.

Fin octobre, une délégation du ministère américain de la Défense s’est rendue à Ankara pour négocier certaines questions relatives au retrait de la Turquie du programme F-35. Le pays exige le remboursement de 1,4 milliard de dollars (environ 1,24 milliards d’euros) en échange de son retrait, ou de l’achat potentiel de 40 avions F-16 de Lockheed Martin et de 80 lots pour moderniser sa flotte nationale.

«Les États-Unis et la Turquie sont en désaccord sur l’achat du S-400, sur les stratégies divergentes dans le nord-est de la Syrie et sur l’évolution des priorités en Méditerranée orientale. Ce nadir dans les liens a affecté non seulement l’interaction entre Washington et Ankara, mais aussi la cohésion au sein de l’Otan et l’évolution de la sécurité au Moyen-Orient», explique Caroline Rose à Arab News, analyste principale au New Lines Institute.

Selon l’experte, ces liens ont été renforcés grâce à une proposition de dialogue sur un mécanisme stratégique conjoint qui abordera les principales questions litigieuses, en particulier le programme F-35 et la coopération des États-Unis avec les unités kurdes YPG dans le nord-est de la Syrie dans le cadre de l’opération Inherent Resolve.

«Il est peu probable que les États-Unis et la Turquie parviennent à un consensus sur le nord-est de la Syrie, mais il est plus probable qu’ils trouvent un accord sur le retrait de la Turquie du programme F-35, les tensions avec les rivaux du Forum du gaz de la Méditerranée orientale et une stratégie visant à limiter les attaques iraniennes dans la région», estime-t-elle.

Washington a sanctionné Ankara pour l’achat du système de missiles russes en décembre 2020 en vertu de la législation CAATSA («Contrer les ennemis des États-Unis par le biais des sanctions»), ciblant l’agence d’approvisionnement militaire de la Turquie, son chef et trois autres hauts responsables.

Ces derniers mois, la Russie a annoncé à plusieurs reprises qu’elle prévoyait de livrer un deuxième lot de S-400 à la Turquie en dépit des sanctions américaines, mais aucune déclaration officielle n’a été faite par Ankara sur cette question, considérée par les experts comme une mesure de réconciliation de la Turquie pour apaiser la situation avec Washington.

Selon Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d’Ankara du German Marshall Fund of the United States, des mécanismes similaires ont été mis en place sous la présidence de Donald Trump pour résoudre les problèmes non résolus entre les États-Unis et la Turquie, mais ils ont été progressivement abandonnés car ils n’ont pas donné de résultats tangibles, et les relations ont continué à se détériorer.

«Tout nouveau mécanisme doit éviter de recourir à une approche axée sur la négociation ou  s’attendre à ce que tous les problèmes entre les deux alliés soient résolus rapidement», indique-t-il à Arab News. M. Unluhisarcikli pense que le nouveau mécanisme devrait plutôt se fonder sur la coopération lorsque cela est possible, en réglant ce qui peut l’être et en gérant les différends non résolus en amont, avant qu’ils ne se transforment en crises majeures.

Les récentes initiatives de rapprochement de la Turquie avec ses voisins sont également soutenues par Washington, notamment sa volonté de dialoguer avec l’Arménie. M. Blinken a récemment affirmé que les États-Unis soutenaient les mesures prises par Ankara et Erevan pour rétablir des liens fragiles.

La Turquie s’est engagée à accélérer son processus de normalisation dans la région en élaborant un agenda positif avec plusieurs pays. «Si quelqu’un fait un pas amical vers nous, nous faisons deux pas vers lui», a souligné M. Kalin.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'aide américaine n'est pas une «baguette magique» pour l'Ukraine

Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • «Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite», a reconnu Joe Biden mercredi
  • Jake Sullivan a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine

WASHINGTON: Un soutien massif, pas une "baguette magique": l'aide américaine à l'Ukraine ne résoudra pas tous les problèmes sur les fronts, et les Etats-Unis sont les premiers à le reconnaître.

"Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite", a reconnu Joe Biden mercredi.

Il venait de promulguer une loi, âprement débattue pendant des mois au Congrès américain, qui prévoit 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique pour Kiev.

"C'est un montant important", mais "ce délai a coûté cher", souligne Garret Martin, chercheur à l'American University de Washington.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en a convenu lui-même.

"Il va falloir du temps pour sortir du fossé creusé par les six mois d'attente" au Congrès, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Il a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine.

"Le chemin qui est devant nous n'est pas facile", mais "nous pensons que l'Ukraine peut, et va, gagner", a encore indiqué" Jake Sullivan, en se gardant bien toutefois de définir ce que serait une "victoire" ukrainienne.

Au-delà du montant très conséquent voté par le Congrès, les Etats-Unis ont aussi décidé d'aller plus loin dans la nature des armes fournies.

Ils ont ainsi commencé, discrètement, à livrer aux Ukrainiens des missiles longue portée de type "ATACMS", et vont continuer à le faire.

Mobilisation

L'Ukraine avait utilisé pour la première fois en octobre contre la Russie des missiles américains ATACMS, mais ceux dont il est question désormais peuvent frapper plus loin, jusqu'à 300 km de distance.

"Cela aura un impact", mais "ce n'est pas un seul équipement qui résoudra tout", a dit le conseiller à la sécurité nationale.

Par ailleurs, "il y a une chose que cette aide ne peut pas faire, à savoir résoudre le problème du manque de combattants" de Kiev, souligne Garret Martin, même s'il estime que le vote du Congrès américain pourrait doper le moral des troupes ukrainiennes.

Ce sujet de la mobilisation a fait l'objet de discussions entre Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la Maison Blanche.

L'Ukraine est confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.

Kiev vient d'élargir la mobilisation, abaissant l'âge des Ukrainiens pouvant être appelés de 27 à 25 ans.

Le pays, qui cherche à faire revenir sur son territoire ses citoyens en âge de combattre, ne délivrera par ailleurs plus de passeports à l'étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement mercredi.

Max Bergmann, Directeur au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), souligne lui que l'impact de l'aide américaine dépendra aussi, en partie, de l'attitude des Européens.

Ces derniers "doivent doper dès maintenant la production" d'armement, écrit-il dans une note récente, avec pour "objectif de pouvoir combler la lacune que laisseraient les Etats-Unis" si le financement américain devait s'arrêter pour de bon, par exemple en cas de victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Pour l'expert, l'Ukraine devra s'attacher en 2024 à "tenir ses positions, fatiguer les forces russes, reconstruire et restaurer ses propres forces et ses capacités de défense civile", avant, éventuellement, de repartir "à l'offensive" l'an prochain.


Pakistan: Malala critiquée pour une comédie musicale produite avec Hillary Clinton

La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
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  • Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza
  • Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis"

LAHORE: La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton.

Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza, y voyant un "deux poids, deux mesures".

Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis" créé pour corrompre la jeunesse.

Après la première représentation de "Suffs", le cercle des critiques semble s'être élargi à des figures du féminisme au Pakistan.

"J'ai défendu bec et ongle Malala toutes ces années mais, là, je ne la suis pas. C'est vraiment difficile de la défendre depuis six mois", écrit ainsi la militante Leena Ghani, en référence à la guerre lancée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

"J'admire Malala depuis 2011", affirme l'éditorialiste Mehr Tarar sur X, mais "sa collaboration théâtrale avec Hillary Clinton -qui défend le soutien infaillible de l'Amérique au génocide des Palestiniens- est un vrai coup à sa crédibilité comme défenseuse des droits humains".

« Tu nous as laissés tomber »

Mme Clinton a dit soutenir la guerre contre le Hamas et rejeté des appels au cessez-le-feu à Gaza. Elle a aussi réclamé la protection des civils dans le petit territoire contrôlé par le mouvement islamiste depuis 2007.

"Quelle déception Malala, tu nous as laissés tomber", écrit de son côté la professeure et militante féministe Nida Kirmani.

De nombreuses voix au Pakistan ont accusé Malala Yousafzai de ne pas avoir exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. La jeune femme avait pourtant précédemment publiquement condamné la mort de civils à Gaza et réclamé un cessez-le-feu.

Le New York Times rapporte qu'elle portait un pin's rouge et noir pour la première représentation de "Suffs", un signe de soutien au cessez-le-feu.

Après ces critiques, la jeune femme a affirmé mardi sur le réseau social X son soutien aux habitants de Gaza et condamné la guerre menée par Israël.

"Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza", a écrit Malala Yousafzai.

"Nous n'avons pas besoin de voir davantage de cadavres, d'écoles bombardées et d'enfants affamés pour comprendre qu'un cessez-le-feu est urgent et nécessaire".

"J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre", a-t-elle ajouté.

La jeune fille originaire de la verdoyante vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, avait été blessée par balle au visage en 2012 par des islamistes.

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est ensuite devenue un symbole mondial de résistance à l'extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d'instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l'histoire.

Depuis qu'elle a été attaquée, elle n'est revenue que deux fois dans son pays.


Gaza: montée des tensions entre étudiants et la police sur les campus américains

La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
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  • "Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale"
  • Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus

AUSTIN: La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

En visite à l'université Columbia à Manhattan -- d'où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre -- le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé: "si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale".

Pour "rétablir l'ordre sur ces campus", a martelé le dirigeant conservateur.

Un avertissement qui résonne douloureusement aux Etats-Unis: le 4 mai 1970, la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu à l'université d'Etat de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, dont quatre avaient été tués.

M. Johnson, proche de l'ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, a averti qu'il exigerait du président démocrate Joe Biden d'"agir" et jugé que les manifestations pro-palestiniennes "mettaient une cible sur le dos d'étudiants juifs aux Etats-Unis", qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

« Liberté d'expression »

Depuis le début du conflit à Gaza en octobre, les universités américaines sont secouées par des débats parfois violents sur la liberté d'expression et des accusations d'antisémitisme et d'antisionisme qui ont coûté leurs postes cet hiver aux présidentes de Harvard et de l'université de Pennsylvanie.

"Profitez de votre liberté d'expression", a lancé, provocateur, M. Johnson, hué par des centaines d'étudiants de Columbia vent debout contre la guerre d'Israël contre le Hamas qui a tué quelque 34.200 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Mercredi, la Maison Blanche a réaffirmé que le président Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutenait la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus.

Alliance Etats-Unis-Israël 

Notamment dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d'interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l'alliance militaire, diplomatique et économique des Etats-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

"En tant que Palestinien, est-ce de ma responsabilité d'être là et de montrer ma solidarité avec la population de Gaza? Absolument!", a répondu à l'AFP Yazen, un Américain de 23 ans d'origine palestinienne qui campe depuis quelques jours dans des tentes montées sur le campus de Columbia.

La présidence de l'université a salué "des progrès importants" dans les discussions avec des étudiants pour évacuer ce campement d'ici vendredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes avaient été brièvement interpellées devant l'université de New York (NYU), au coeur de Manhattan. A Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés.

Sa concurrente Harvard, la plus ancienne des Etats-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

Police anti-émeute 

A l'autre bout du pays, l'université du Texas à Austin a été le théâtre d'un face-à-face, finalement bon enfant, entre des centaines d'étudiants pro-palestiniens et la police, dont nombre d'officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d'autres, encadrés par des policiers, s'étaient enveloppés dans des drapeaux d'Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de "libérez la Palestine", "révolution par l'intifada".

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d'autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à "arrêter le génocide" et à un  "cessez-le-feu".

Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés mardi soir à Brooklyn, le plus grand arrondissement de New York, à l'appel de Jewish Voice for Peace, un groupe d'Américains juifs de gauche pro-palestiniens, à l'occasion du séder, le rituel de la Pâque juive. Nombre d'entre eux ont été interpellés.

"Nous sommes (les Américains) les instigateurs d'une telle violence, d'une telle haine, c'est terrible", a tonné sur place Rebecca Lurie.