TUNIS: L'ex-ministre tunisien de la Justice Noureddine Bhiri, homme fort du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, a été transféré dans un état grave à l'hôpital de Bizerte (nord-ouest) deux jours après son interpellation, selon des militants dont une députée de ce mouvement.
"Noureddine Bhiri vient d'être transféré à l'hôpital de Bizerte après l'aggravation de son état de santé à la suite de son arrestation et sa détention depuis 48 heures", a indiqué sur son compte Twitter la députée et ex-secrétaire d'Etat, Saida Ounissi.
Elle a ajouté que M. Bhiri avait été jusqu'à présent détenu "dans un lieu tenu secret, sans aucun mandat d'arrêt, mise en accusation ou autorisation judiciaire".
"Citoyens contre le coup d'Etat", une organisation d'opposants au président Kais Saied, a affirmé sur son compte Twitter que M. Bhiri, "hospitalisé en urgence, est dans un état très grave".
Selon plusieurs médias et des sources proches du dossier à l'AFP, M. Bhiri souffre de plusieurs maladies chroniques et avait cessé de s'alimenter et de prendre ses médicaments depuis son arrestation.
L'Instance de prévention de la torture (INPT, autorité indépendante tunisienne) et le parti Ennahdha avaient exprimé samedi leur inquiétude quant au sort réservé à M. Bhiri et à un autre dirigeant d'Ennahdha, Fathi Baldi, arrêté en même temps que lui vendredi matin.
L'INPT et le comité de défense de M. Bhiri formé notamment par son épouse avocate et d'autres juristes ont dénoncé le secret autour du lieu de leur détention et l'absence d'explications du ministère de l'Intérieur qui a ordonné les deux arrestations.
Le ministère s'était borné vendredi soir à annoncer deux assignations à résidence, sans donner de noms, faisant état d'une "mesure préventive (qui) a été dictée par la nécessité de préserver la sûreté nationale".
Vendredi, le comité de défense de M. Bhiri avait qualifié son interpellation devant son domicile par des agents en civil de "kidnapping et (de) dangereux précédent qui marque l'entrée du pays dans le tunnel de la dictature".
Ennahdha est au coeur d'un bras de fer avec le président Kais Saied depuis son coup de force du 25 juillet et sa décision de suspendre le Parlement que ce parti contrôlait depuis une dizaine d'années.