L’Organisation de la coopération islamique (OCI) est la deuxième plus grande organisation intergouvernementale après les Nations unies. Elle comprend 57 États membres répartis sur trois zones géographiques (Moyen-Orient, Asie et Afrique).
Bien que l'Organisation soit considérée comme la voix unificatrice du monde islamique qui garantit et protège ses intérêts dans le domaine social, politique et économique, elle est en même temps universelle avec ces orientations, sa philosophie et ses programmes. Ces derniers ont pour objectifs de diffuser et de promouvoir les nobles valeurs islamiques de paix, de compassion, de tolérance, d'égalité, de justice et de dignité humaine. L’Organisation garantit également la coexistence pacifique et les échanges culturels entre les civilisations et entre les nations, en s'efforçant de travailler au renforcement du rôle de premier plan de l'islam dans le monde tout en assurant le développement durable, le progrès et la prospérité pour les peuples de ses États membres.
La question palestinienne était et est toujours le sujet central de l'Organisation. Il n'est pas surprenant qu’elle ait été fondée le 25 septembre 1969 dans la capitale marocaine, Rabat, afin de défendre l'honneur et la dignité de Jérusalem, soit un mois après l'incendie de la Mosquée Al-Aqsa Al-Sharif survenue le 21 août 1969.
Six mois après, en mars 1970, la première conférence islamique des ministres des Affaires étrangères s’est tenue à Djeddah, en Arabie saoudite. Elle a validé la création d'un secrétariat général de l'Organisation, afin d'assurer la communication entre les États membres et de coordonner les travaux. Lors de la 38e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères (CMAE) qui s'est tenue à Astana du 28 au 30 juin 2011, l'Organisation a adopté une résolution permettant de modifier l’appellation initiale d’Organisation de conférence islamique et pris le nom d’Organisation de la coopération islamique (OCI).
À la suite des événements récents dans la région, le secrétariat général de l'Organisation de la coopération islamique a réaffirmé que la Palestine et Jérusalem constituent le thème central de l'Organisation et la source de son unité, de sa force et de son action islamique commune, et qu’ils font l'objet d’un consensus des États membres dans leurs efforts communs pour mettre fin à l'occupation et pour faire reconnaître les droits légitimes du peuple palestinien.
Le secrétariat général a rappelé que le plan de paix arabe initié en 2002 à Beyrouth, avec tous ses éléments et son calendrier tels qu'adoptés par les différents sommets islamiques et les conseils des ministres des Affaires étrangères successifs, constitue un choix stratégique, une opportunité historique et une référence commune sur laquelle doit se fonder une solution pacifique durable, juste et globale y compris l’autodétermination et l’établissement d’un état souverain avec Jérusalem-Est comme capitale, tout en préservant son caractère.
C’est ainsi que la république de Djibouti, membre de l’Organisation de la coopération islamique et de la Ligue arabe, a confirmé lors d’une interview exclusive accordée par le président de la république, Ismaïl Omar Guelleh, le 23 septembre 2020 sur les ondes de la radio-télévision de Djibouti, l’adhésion pleine et entière d’une solution pacifique au conflit israélo-palestinien.
«Nous appartenons à la Ligue arabe et sommes totalement en phase avec les principes de cette Organisation qui assigne la normalisation des relations de ses pays membres avec l’État d’Israël à la condition préalable que le conflit de ce dernier avec la Palestine débouche sur la création de deux États distincts», a-t-il conclu.
Dans le même temps, l’Arabie saoudite a annoncé par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan, qu’elle adhérera au plan de paix arabe dans ses relations avec Israël. Le ministre a déclaré que «L’Arabie saoudite reste attachée à la paix en tant qu’option stratégique fondée sur le plan de paix arabe et les résolutions internationales pertinentes permettant au peuple palestinien d’établir son propre État avec Jérusalem-Est comme capitale.»
Ainsi, sur la base de l'universalité de ses orientations, l'Organisation de la coopération islamique travaille depuis sa création à atteindre des objectifs multiples.
- Contribuer à la paix et à la sécurité internationales, à la compréhension et au dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions, et promouvoir et encourager les relations amicales, le bon voisinage, le respect mutuel et la coopération;
- Promouvoir les droits de l'homme, les libertés fondamentales, la bonne gouvernance, l'État de droit, la démocratie et la responsabilité dans les États membres conformément à leurs systèmes constitutionnel et juridique, renforcer la confiance et encourager les relations amicales, le respect mutuel et la coopération entre les États membres et avec d'autres États non-membres;
- Soutenir les nobles valeurs islamiques telles que la modération, la tolérance, le respect de la diversité, la préservation les symboles islamiques et du patrimoine commun, et la défense de l'universalité de la religion islamique;
- Promouvoir l'acquisition et la diffusion des connaissances conformément aux nobles idéaux de l'islam pour atteindre l'excellence intellectuelle;
- Soutenir la coopération entre les États membres pour parvenir à un développement social et économique durable afin de les aider à s'intégrer efficacement dans l'économie mondiale selon les principes de partenariat et d'égalité;
- Protéger et valoriser tous les aspects liés à l'environnement au profit des générations présentes et futures.
Le secrétaire général actuel de l'OCI a succédé à 11 secrétaires généraux de 10 pays islamiques, élus parmi les divers groupes régionaux de l'Organisation conformément à sa charte, à ses statuts et à ses règlements.
Durant un demi-siècle, l’Organisation a réussi à communiquer une image positive de l'islam et des musulmans et à faire face aux diverses manifestations de l'islamophobie. Elle a également soutenu, et continue de le faire, les minorités ethniques et religieuses dans diverses régions du monde.
Il convient de noter que les efforts de l'OCI ne se limitent pas à l'aspect politique. Elle joue également un rôle important dans l’économie, le développement, la culture et les médias qui ont un impact significatif dans la promotion d'une action islamique commune.
La Banque islamique de développement, dont le siège est à Djeddah, est l'un des organes de l'OCI. Elle œuvre pour promouvoir le développement social et économique dans les pays et sociétés islamiques du monde entier, grâce à l'octroi de subventions et de prêts à des conditions avantageuses aux États membres.
Parmi les institutions de l’Organisation, on compte aussi le Comité permanent pour la coopération économique et commerciale (Comcec) basé à Istanbul (Turquie), l'Organisation islamique pour l'éducation, la science et la culture (Isesco) dont le siège est à Rabat (Maroc), le Comité permanent de l'information et des affaires culturelles (Comiac) dont son siège se trouve à Dakar (Sénégal) et la Fédération des agences de presse islamiques (UNA-OIC) et de l'Union des radio-télévisions des pays islamiques (Expo) dont les sièges sont à Djeddah.
Il est vrai que l'OCI représente tous les pays islamiques et considère la voix unificatrice de l’Oumma islamique, mais nous ne devons pas perdre de vue ce que le royaume d'Arabie saoudite a fourni et continue de fournir depuis l'époque du roi Fayçal, jusqu'à nos jours avec l’actuel roi d’Arabie Saoudite, Salmane ben Abdelaziz al Saud, et le prince héritier Mohammed ben Salmane, en termes d'organisation matérielle, politique et morale.
Il n'est pas surprenant que le royaume d’Arabie Saoudite joue un rôle de premier plan dans le monde islamique et qu’il soit le chef de file des peuples islamiques et arabes avec son poids politique et économique, son statut exceptionnel, sa posture géostratégique. À cela s’ajoutent la sécurité et la stabilité qu'il a établies dans la péninsule Arabique depuis sa création par le roi Abdelaziz et les innombrables services que le Royaume a fournis pour sécuriser les routes des pèlerins.
En conclusion, la responsabilité confiée à une entité de la taille de l'Organisation de la coopération islamique est très grande, et les développements inquiétants auxquels nous assistons actuellement au Moyen-Orient et dans le monde islamique à divers niveaux présentent d'énormes défis qui doivent être surmontés. En renforçant les efforts déployés pour unifier les efforts des pays islamiques et préserver leur unité et leur cohésion, en mettant l’accent sur l’autorité de l’organisation, en consolidant sa haute mission, en renforçant ses statuts et règlements et en bloquant toute tentative de démanteler l’unité de la nation islamique par des manœuvres cherchant des intérêts et des objectifs particuliers.
Dya-Eddine SAÏD BAMAKHRAMA est l'Ambassadeur de Djibouti et doyen du corps diplomatique en Arabie saoudite.
Twitter : @dya_bamakhrama
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.