PARIS : La France va-t-elle droit vers un nouveau confinement début 2022? Ou l'actuelle flambée de Covid-19 va-t-elle se calmer sans plus de restrictions? Impossible de répondre, tant les incertitudes restent vastes autour du variant Omicron.
La nouvelle incarnation du virus est devenue majoritaire en France ces derniers jours, avec «62,4% des tests criblés» montrant un profil compatible avec ce variant au début de la dernière semaine de l'année, a constaté Santé publique France dans sa dernière enquête hebdomadaire.
«Il n'est pas possible de quantifier précisément l'impact qu'aura la vague Omicron sur le système de santé», résumait auparavant l'Institut Pasteur, dans des modélisations prenant pour la première fois en compte le nouveau variant.
Une réalité, pour l'heure, est indiscutable. Les cas flambent à un niveau jamais vu en France, où ils dépassent 200.000 en 24 heures, comme dans d'autres pays voisins.
Certes, cette explosion est en partie liée à un nombre record de tests de dépistage, mais cela n'explique pas tout: la reprise épidémique est une réalité depuis l'automne et s'est accentuée en fin d'année.
Mais si ce «raz-de-marée» est indiscutable et «donne le vertige» - pour reprendre les termes employées mercredi par le ministre de la Santé, Olivier Véran -, on ignore encore s'il annonce une nouvelle crise sanitaire dramatique, accompagnée d'un retour de restrictions drastiques comme un couvre-feu ou un confinement.
Le facteur crucial, c'est à quel point l'envol des contaminations se traduira par des formes graves, potentiellement mortelles. Autrement dit, jusqu'où iront les hospitalisations liées au Covid?
C'est cette question que s'est posée l'institut Pasteur dont les modélisations servent largement de guide au Conseil scientifique qui, à son tour, conseille de près le gouvernement.
Il n'y a pas vraiment répondu.
S'il est si difficile de faire des prévisions, c'est à cause du nouveau variant Omicron et de sa double nature.
D'un côté, il circule bien plus rapidement et est devenu dominant en France, après d'autres pays comme le Royaume-Uni. Si la vague d'automne était à l'origine due à un autre variant, Delta, c'est certainement Omicron qui l'a relancée.
De l'autre, Omicron semble provoquer moins de formes graves que d'autres avatars du virus comme Delta, qui dominait le monde avant son arrivée.
Face à ces deux facteurs contraires - plus grande contagiosité et probable moindre sévérité -, les prévisions sont mouvantes avec une seule constante: un pic d'hospitalisations sera atteint fin janvier.
- Les yeux sur le Royaume-Uni -
Dans le scénario du pire de l'institut Pasteur, ce pic dépasserait 15.000 admissions quotidiennes, un niveau astronomique et bien au-delà des records observés au début de la pandémie en France au printemps 2020.
Mais ce scénario, qui suppose à la fois qu'Omicron soit extrêmement contagieux et aussi sévère que Delta, est très improbable.
Inversement, en étant particulièrement optimiste sur le caractère bénin d'Omicron, l'Institut envisage un pic à peine supérieur à 1.000 hospitalisations par jour, ce qui ne différerait guère du niveau actuel, certes déjà lourd à gérer pour les hôpitaux français.
Mais, entre ces deux extrêmes, les prévisions sont très larges, d'autant qu'elles dépendent d'autres facteurs, parmi lesquels le rythme de la campagne actuel de vaccination de rappel, ou le respect par les Français des gestes barrières comme le port du masque.
Autre difficulté, le nombre d'hospitalisations est lui-même insuffisant pour jauger la gravité de la crise: si, avec Omicron, elles durent moins longtemps et aboutissent à moins de réanimations, l'impact sera moins lourd pour l'hôpital à quantité égale.
«Nous sommes dans l'attente de données plus complètes sur les caractéristiques de sévérité, de transmissibilité et d'échappement immunitaire du variant Omicron», «ce qui inclut notamment sa résistance aux vaccins existants» admet l'institut Pasteur.
«De nouvelles données devraient être disponibles dans les 7-14 jours qui viennent et permettront de réduire l'éventail des scénarios possibles.»
Pour l'heure, le gouvernement et les chercheurs fixent leur regard sur un pays: le Royaume-Uni, où Omicron s'est répandu nettement plus tôt qu'en France. Aux dernières nouvelles, les hospitalisations Covid y ont progressé de moitié en une semaine, une hausse plutôt contenue.
On «aurait pu s'attendre, avec le nombre de cas positifs enregistrés (...) à une hausse beaucoup plus forte des hospitalisations», a remarqué M. Véran devant des députés, admettant néanmoins que cette hausse n'était «pas neutre pour des hôpitaux qui sont déjà fatigués».
Un Nouvel An entre contaminés pour des malades aux symptômes légers
Ils avaient prévu d'être avec leurs amis pour célébrer la Saint-Sylvestre quand l'apparition de deux barres sur le test a joué les trouble-fête. Pas une raison de se laisser abattre pour des Français positifs au Covid-19 mais aux symptômes légers, qui décident de réveillonner entre contaminés.
"Je suis déçu car on avait prévu une grosse soirée... Mais deux de mes amis l'ont aussi du coup on va faire la fête ensemble, entre +covidés+", confie auprès de l'AFP Benjamin Gauthier, 29 ans.
"Ce qui est dur, c'est que je n'avais déjà pas pu faire Noël avec ma famille. Donc là j'ai de la chance dans mon malheur car au moins, je ne suis pas seul", relativise ce chauffeur poids lourd seine-et-marnais malade du Covid-19 depuis le 23 décembre.
Pour Kamie Vincourt, 22 ans, c'est à peu près le même scénario: un résultat positif mercredi a gâché ses plans. "Je devais le faire avec une vingtaine d'amis à Rennes mais on est nombreux a l'avoir attrapé", explique l'étudiante en cinquième année d'ostéopathie.
"Mon copain et sa famille sont aussi positifs. Donc on va le faire tous ensemble à Concarneau en Bretagne et je ferai un FaceTime avec mes amis à minuit pour leur souhaiter la bonne année", ajoute-t-elle. "C'est moins triste et ça ne met pas qu'une personne à part", s'exclame-t-elle.
De son côté, Antoine Humbert, consultant commercial, a été déclaré malade mardi, le jour de son rendez-vous pour la dose de rappel.
"On devait faire une soirée chez moi, j'ai dû tout annuler, c'est frustrant. À cause de ça mes amis sont orphelins de soirée", culpabilise le jeune homme de 22 ans.
"Mais je vis avec ma copine qui a aussi le Covid. On a donc transformé le Nouvel An en dîner aux chandelles pour que ça reste festif", raconte le Parisien.
Contaminée à Noël
"Moi je l'ai attrapé pendant le réveillon de Noël", s'attriste Émilie Boularand. "J'avais prévu de le faire la fête et j'attendais ça depuis un moment. Je suis vraiment dégoûtée", dit d'une voix défaite l'étudiante en droit du cinéma et de l'audiovisuel, qui devra par conséquent passer ses partiels au rattrapage à cause de l'isolement.
"Finalement, je ferai le réveillon avec ma mère à Toulouse, elle aussi est positive. Et j'appellerai mes amis en visio à minuit", se console la jeune femme de 22 ans.
Ce sera devant Netflix que sonnera minuit pour Alizée Dizay, 20 ans. Elle a été testée positive après une soirée à Rennes le lendemain du réveillon de Noël qui s'est révélé être un vrai "cluster", avec une vingtaines de cas déclarés.
"J'ai mes partiels la semaine prochaine donc j'ai décidé de ne pas le faire avec mes copains même s'ils sont aussi contaminés", admet l'étudiante en troisième année de droit, encore fiévreuse. "On reste tous chez nous, on se souhaitera la bonne année à minuit et dodo", dédramatise-t-elle.
"Pour ma part, je pense que je vais rester seule", témoigne aussi Roxane V., 21 ans. "Sauf si certains amis qui étaient positifs il y a quelques jours le sont toujours", confie cette étudiante en politiques publiques.
"Je suis déçue mais pas trop non plus car mes copains, je peux les voir quand je veux", lâche la Parisienne. "Je préfère avoir le Covid pendant le Nouvel An qu'à Noël et je préfère l'avoir pendant ma semaine de vacances plutôt qu'au travail."