Les principaux événements de l'année 2021 en France

Le 1er mars, Nicolas Sarkozy devient le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". (AFP).
Le 1er mars, Nicolas Sarkozy devient le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". (AFP).
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Publié le Jeudi 30 décembre 2021

Les principaux événements de l'année 2021 en France

  • Les Français ont encore vécu en 2021 au rythme effréné des mesures gouvernementales anti-Covid
  • Le 24 novembre, le naufrage d'une embarcation de fortune coûte la vie à au moins 27 migrants partis de Calais pour tenter de rejoindre clandestinement la Grande-Bretagne

PARIS: Ministres rattrapés par la justice, pass sanitaire contesté dans la rue et hôpitaux épuisés par l'épidémie de Covid-19... voici les principaux événements de l'année 2021. 

Covid : une année rythmée par les interdits

Les Français ont encore vécu en 2021 au rythme effréné des mesures gouvernementales anti-Covid, alors même que les hôpitaux souffraient d'un manque accru de personnel et de lits. 

La menace d'un variant plus contagieux pousse le gouvernement à prolonger le 7 janvier la fermeture des bars, restaurants et lieux culturels jusque mai-juin. La campagne de vaccination débute lentement, freinée par des problèmes d'approvisionnement.

Suivent un ouvre-feu à 18H00 généralisé le 16 janvier, des confinements régionaux ciblés en février et mars, une fermeture des écoles en avril, l'instauration en août d'un pass sanitaire contesté dans la rue et de l'obligation vaccinale pour les soignants, qui déclenche en novembre une violente crise sociale en Guadeloupe et en Martinique. 

A la fin de l'année, alors que sévit une cinquième vague de contaminations et qu'apparaît le variant Omicron, la France totalise 120 000 morts du Covid-19. Un rappel de 3e dose de vaccin est instauré et la vaccination ouverte aux enfants de 5-11 ans à risques. 

Algérie, Rwanda : la France face à son passé

Fort d'un rapport très attendu de l'historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron décide le 20 janvier la tenue d'une série d'"actes symboliques" en France - hommage aux harkis, aux victimes algériennes de la répression du 17 octobre 1961 à Paris - mais ne prévoit "ni repentance, ni excuses". 

Il reconnait "au nom de la France" que l'avocat nationaliste algérien Ali Boumendjel a été "torturé et assassiné" par l'armée française, puis facilite l'accès aux archives classifiées. 

Ses propos sur une "rente mémorielle" entretenue par le pouvoir en Algérie avivent toutefois les tensions avec Alger, qui rappelle son ambassadeur à Paris le 2 octobre. 

Le 27 mars, un autre rapport d'historiens qualifie de "faillite" la politique de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 et souligne ses responsabilités "accablantes" dans le génocide des Tutsi. 

Deux mois plus tard à Kigali, Emmanuel Macron reconnaît les "responsabilités" de la France dans le génocide, sans toutefois présenter d'excuses.

Climat : objectifs non tenus

Le 3 février, la justice administrative, saisie par quatre ONG soutenues par une pétition ayant réuni plus de 2,3 millions de signatures, juge l’État "responsable" de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique. En octobre, elle ordonne à l’État de "réparer" d'ici au 31 décembre 2022 les conséquences de ses engagements non tenus.

Le 1er juillet, dans une autre procédure, le Conseil d’État donne neuf mois au gouvernement pour prendre "toutes les mesures utiles" pour atteindre son objectif de baisse de 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

Le 20, le Parlement adopte un projet de loi climat qui marque selon le gouvernement un "tournant écologique", mais est vivement critiqué par les ONG pour son "manque d'ambition". L'exécutif a notamment renoncé à inscrire le climat dans la Constitution par référendum.

Prison ferme pour Sarkozy

Le 1er mars, Nicolas Sarkozy devient le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". 

Le 30 septembre, il est à nouveau condamné à trois ans d'emprisonnement, dont un ferme pour le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012 dans le dossier Bygmalion. 

Il fait appel.

Loi sécurité globale adoptée, mais censurée

Bien que très contestée, la proposition de loi LREM dite de "Sécurité globale" est adoptée le 15 avril au Parlement, mais censurée ensuite en plusieurs points par le Conseil constitutionnel, qui refuse notamment l'utilisation de drones par les forces de l'ordre lors de manifestations et le délit de provocation à l'identification de policiers. 

Le 10 juin, nouveau désaveu pour le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin : le Conseil d'État annule plusieurs dispositions phares du schéma du maintien de l'ordre, dont la technique controversée dite de la "nasse".

Policiers en colère

Le 23 avril, un Tunisien tue à coups de couteau une fonctionnaire de police non armée dans le commissariat de Rambouillet (Yvelines) et est abattu. 

Le 5 mai, un policier est tué par balles lors d'un contrôle à Avignon.

Les syndicats de police réclament une réponse pénale plus forte contre ceux qui s'attaquent aux forces de l'ordre. Le 10 mai, le Premier ministre Jean Castex annonce un durcissement des peines en ce sens. 

Le 19, des milliers de policiers se rassemblent à l'appel de leurs syndicats devant l'Assemblée nationale pour dénoncer l'inadéquation selon eux de la réponse judiciaire aux violences qu'ils subissent. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est présent, tout comme le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon dénonce une manifestation à caractère "factieux", l'institution judiciaire étant prise pour cible.

Fin de l'opération Barkhane au Sahel

La France annonce en juin qu'elle va mettre un terme d'ici au premier trimestre 2022 à l'opération antidjihadiste française Barkhane au Sahel, en quittant notamment les bases les plus au nord du Mali et en réduisant ses effectifs à 2 500-3 000 hommes contre plus de 5 000 aujourd'hui. 

52 soldats français ont été tués au combat au Sahel depuis 2013 dans les opérations antidjihadistes Serval puis Barkhane, auxquels s'ajoutent sept morts par accident.

Médias : Bolloré en coulisses

Grève de six jours en juin et départs en cascade à Europe 1 après le rapprochement annoncé avec la chaîne d'informations CNews qui a propulsé la carrière du polémiste d'extrême-droite Éric Zemmour, remaniements soudains à la tête de Paris Match et du JDD : à l'approche de la présidentielle, des journalistes dénoncent une forte influence en coulisses du milliardaire Vincent Bolloré qui menace leur indépendance.

Réforme contestée de l'assurance chômage  

Le 22 juin, revers pour le gouvernement, le Conseil d'État suspend la réforme controversée de l'assurance chômage qui devait entrer en vigueur le 1er juillet en raison de l'instabilité de l'emploi. Les syndicats saluent une "victoire", mais la ministre du Travail évoque un simple report.

Le 1er octobre, le durcissement des règles de calcul de l'allocation chômage entre finalement en vigueur et, le 27, le Conseil d’État rejette en référé les recours des syndicats qui jugent la réforme "injuste" pour les demandeurs d'emploi.

Des ministres dans la tourmente judiciaire

Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti mis en examen en juillet pour "prise illégale d'intérêts" par la Cour de justice de la République (CJR), Agnès Buzyn qui suit en septembre pour "mise en danger de la vie d'autrui" lors de sa gestion de l'épidémie de Covid-19, et Alain Griset (ministre des PME) condamné le 8 décembre à six mois de prison avec sursis pour des déclarations de patrimoine incomplètes et qui présente sa démission du gouvernement dans la foulée : un nombre impressionnant de ministres du gouvernement de Jean Castex se sont retrouvés aux prises avec la justice en 2021. 

Sébastien Lecornu (Outremer) et Olivier Dussopt (Fonction publique) sont aussi l'objet d'enquêtes du Parquet national financier (PNF).

Cinéma : les réalisatrices françaises à l'honneur 

En juillet, le Festival de Cannes couronne Julia Ducournau pour son film "Titane". A 37 ans, elle devient la deuxième réalisatrice de l'histoire du festival après Jane Campion à recevoir la Palme d'or.

Deux mois après, Audrey Diwan reçoit le Lion d’or à la Mostra de Venise pour "L'événement".

Procès des attentats du 13 novembre

Le 8 septembre, le procès très émouvant des attentats du 13 novembre 2015, les pires attaques djihadistes commises sur le sol français (130 morts et plus de 350 blessés), s'ouvre devant la cour d'assises spéciale de Paris en présence de 20 accusés, dont Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos.

Verdict attendu en mai 2022.

Crise des sous-marins

Le 15 septembre, le Premier ministre australien annonce que son pays va se doter de sous-marins à propulsion nucléaire dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les États-Unis et le Royaume-Uni. 

Le contrat français passé avec Canberra en 2016, d'un montant de 56 milliards d'euros pour la fourniture de 12 sous-marins conventionnels, est de fait rompu. La France déplore "un coup dans le dos" et rappelle pendant quelques jours ses ambassadeurs à Canberra et Washington dans un geste sans précédent.

Ligue des Nations, JO : les points marqués

Après le fiasco de l'Euro, l'équipe de France remporte le 10 octobre la Ligue des nations face à l'Espagne (2-1).

Avant elle, en août, les handballeuses et les volleyeurs français remportent l'or à Tokyo pour la première fois aux JO. Les handballeurs pour la 3e fois.                               

En judo, la Française Clarisse Agbégnénou se distingue en raflant deux médailles d'or (solitaire et équipes mixtes).

Naufrage tragique de migrants

Le 24 novembre, le naufrage d'une embarcation de fortune coûte la vie à au moins 27 migrants partis de Calais pour tenter de rejoindre clandestinement la Grande-Bretagne, et entraîne une crise diplomatique entre Paris et Londres. Le 29, Gérald Darmanin demande un accord entre l'Union européenne et le Royaume-Uni pour endiguer les traversées de la Manche par des migrants illégaux.

Joséphine Baker au Panthéon

Résistante, militante antiraciste, l'artiste franco-américaine Joséphine Baker fait son entrée le 30 novembre au Panthéon, devenant la première femme noire à rejoindre les grandes personnalités qui y sont inhumées.

Présidentielle : des candidats se déclarent

Le taux d'abstention presque record depuis le début de la Ve République enregistré aux élections régionales de mars (66,7%) interroge l'engagement des électeurs français dans le scrutin de 2022.

Dans la course interne aux partis pour être candidat à la présidentielle, l'eurodéputé Europe Ecologie les Verts (EELV) Yannick Jadot bat d'une courte tête l'écoféministe Sandrine Rousseau lors d'une primaire fin septembre.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, est investie par le parti socialiste (PS) le 15 octobre, tandis que Marine Le Pen transmet à ses troupes la direction du Rassemblement national (RN) pour se consacrer à la campagne.

Fabien Roussel est investi par le Parti communiste (PCF) pour porter ses couleurs en 2022.

Le 30 novembre, le très médiatique polémiste d'extrême-droite Éric Zemmour annonce sa candidature après avoir troublé le jeu à droite pendant des mois, et les adhérents du parti Les Républicains (LR) élisent Valérie Pécresse (61%) face à Eric Ciotti (39%) comme candidate le 4 décembre. 

Accusé par ses opposants de faire déjà campagne, Emmanuel Macron n'a lui pas encore fait connaître son éventuelle candidature.


Macron présidera lundi un Conseil des ministres sur la « refondation » de l'archipel depuis Mayotte

(Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron présentera un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.
  • Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

PARIS : Emmanuel Macron présidera lundi un Conseil des ministres en visioconférence depuis Mayotte afin de présenter un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.

Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

Une loi d'urgence, destinée à faciliter la reconstruction de Mayotte via des assouplissements des règles d'urbanisme et de commande publique, a déjà été adoptée en février.

La loi de refondation, beaucoup plus large, comprend des « mesures plus structurelles permettant le développement économique et social du territoire sur de nouvelles bases », selon le ministre des Outre-mer Manuel Valls.

Mayotte, le département le plus pauvre de France, est confronté à plusieurs défis majeurs : une forte pression migratoire, un habitat précaire avec de nombreux toits de tôle et bidonvilles, ainsi que des difficultés économiques et sociales.

Ce texte, attendu depuis plusieurs années par les élus mahorais, prévoit notamment un durcissement des conditions d'obtention du titre de séjour dans l'archipel, une aide au retour volontaire et la facilitation des évacuations d'habitats insalubres et illégaux.  


Emmanuel Macron entame lundi à Mayotte une tournée dans l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron réagit lors d'une réunion diplomatique avec le chef du bureau présidentiel ukrainien, le conseiller à la sécurité nationale du Royaume-Uni, l'envoyé spécial américain, le secrétaire d'État américain et le conseiller à la sécurité nationale de l'Allemagne au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron réagit lors d'une réunion diplomatique avec le chef du bureau présidentiel ukrainien, le conseiller à la sécurité nationale du Royaume-Uni, l'envoyé spécial américain, le secrétaire d'État américain et le conseiller à la sécurité nationale de l'Allemagne au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 17 avril 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron entame lundi à Mayotte une tournée de cinq jours dans l'océan Indien afin d'accélérer la reconstruction de l'archipel français
  • Le président français, venu constater l'ampleur des dégâts le 18 décembre, avait alors promis aux Mahorais de revenir pour "lancer le temps de la reconstruction"

PARIS: Emmanuel Macron entame lundi à Mayotte une tournée de cinq jours dans l'océan Indien afin d'accélérer la reconstruction de l'archipel français, dévasté par le cyclone Chido, et de renforcer la place de la France dans cette région stratégique très convoitée.

Le président français, venu constater l'ampleur des dégâts le 18 décembre, avait alors promis aux Mahorais de revenir pour "lancer le temps de la reconstruction", a rappelé la présidence.

Quatre mois après le passage du cyclone, qui a fait 40 morts et causé quelque 3,5 milliards d'euros de dommages, les habitants du département le plus pauvre de France, déjà fragilisé par une forte pression migratoire venue des Comores, peinent à entrevoir le bout du tunnel, au-delà des travaux d'urgence pour rétablir l'eau, l'électricité et les télécommunications.

Le chef de l'Etat, déjà confronté à l'impatience et la colère des Mahorais en décembre, risque de se heurter au même climat lors de ses échanges avec la population et les élus.

"On voit encore des montagnes de déchets, des fils électriques par terre, des toits à l'air libre", déplore le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla.

Emmanuel Macron s'est engagé à rebâtir l'habitat et les infrastructures de Mayotte sur le modèle de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont la restauration s'est achevée cinq ans et demi après un incendie dévastateur, avec des règles spéciales et des délais raccourcis.

"Mayotte doit être plus belle demain qu'elle n'a été même avant le cyclone parce qu'il y avait déjà un territoire qui était en pleine fragilité", assure l'Elysée.

- "Intérêts partagés" -

Emmanuel Macron s'entretiendra aussi avec les responsables de la lutte contre l'immigration clandestine qui reste un défi majeur, alors que le Parlement vient d'adopter un texte très contesté durcissant les restrictions au droit du sol à Mayotte.

Dans la foulée, il rejoindra l'autre département français de la région, La Réunion, également frappé par de violents aléas climatiques et une épidémie de chikungunya, une maladie infectieuse transmise par le moustique tigre.

Le cyclone Garance y a fait cinq morts le 28 février et généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans.

Le président, qui restera mardi et mercredi matin à la Réunion, abordera aussi les enjeux sanitaires liés au chikungunya qui a fait six morts sur l'île depuis le début de l'année.

Il va aussi réaffirmer le "rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique" où la France entend s'imposer comme un acteur majeur grâce à ses multiples territoires et son immense espace maritime, le deuxième du monde derrière les Etats-Unis.

La Réunion abrite une base navale dans une zone stratégique pour le passage du commerce international, qui renferme aussi de nombreuses richesses en hydrocarbures et halieutiques et attise les rivalités entre grandes puissances.

Dans ce contexte, les visites que le président effectuera ensuite à Madagascar et à l'île Maurice visent à "valoriser nos intérêts partagés", résume l'Elysée.

- Iles Eparses, le sujet qui fâche -

Emmanuel Macron entend renforcer coopérations et alliances dans la région en temporisant sur les multiples points de friction hérités de la décolonisation.

A Madagascar, où la dernière visite bilatérale d'un président français remonte à 2005 avec Jacques Chirac, l'accent sera mis mercredi sur le renforcement des échanges commerciaux et des investissements.

Parmi les sujets qui fâchent, les Iles Eparses, territoire français revendiqué par Madagascar, seront "évoquées" par le président français et son homologue Andry Rajoelina, avec l'idée de relancer la Commission mixte sur l'avenir de l'archipel initiée en 2019, pointe sobrement l'Elysée.

La question de l'intégration de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), instance de coopération intergouvernementale qui réunit Madagascar, l'île Maurice, l'Union des Comores, les Seychelles et La Réunion pour la France, sera l'autre sujet délicat.

Les Comores ne reconnaissent pas la souveraineté de la France sur Mayotte et s'opposent à son entrée dans la COI, réclamée par les Mahorais.

Emmanuel Macron évoquera le sujet de façon "pragmatique" au cinquième sommet de la COI jeudi à Madagascar, "l'enjeu étant d'arriver à progresser sur l'inclusion de Mayotte dans les programmes" de coopération de l'organisation, a tout aussi sobrement esquissé l'Elysée.

A Madagascar puis l'île Maurice vendredi, la sécurité maritime sera au cœur des discussions, tout comme la protection des océans face au changement climatique et à la pollution plastique.


Tensions diplomatiques: Paris réplique à Alger, sans fermer la voie de la négociation

Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune alors qu'ils posent pour une photo de famille avec les chefs d'État du G7 et les chefs de délégation des pays d'outre-mer au Borgo Egnazia, lors du sommet du G7 organisé par l'Italie, à Savelletri, le 14 juin 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune alors qu'ils posent pour une photo de famille avec les chefs d'État du G7 et les chefs de délégation des pays d'outre-mer au Borgo Egnazia, lors du sommet du G7 organisé par l'Italie, à Savelletri, le 14 juin 2024. (AFP)
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  • L’esprit de dialogue qui a prévalu pendant quelques jours s’est soudain émoussé, à la faveur du rapport de force diplomatique
  • L’Algérie a expulsé douze agents diplomatiques servant auprès de l’ambassade de France à Alger, en riposte à la mise en examen et au placement en détention à Paris de trois ressortissants algériens

PARIS: Entre Paris et Alger, l’ambiance est à nouveau à l’orage, après un semblant d’embellie de très courte durée.

L’esprit de dialogue qui a prévalu pendant quelques jours s’est soudain émoussé, à la faveur du rapport de force diplomatique.

Ce changement brutal survient après l’expulsion par l’Algérie de douze agents diplomatiques servant auprès de l’ambassade de France à Alger, en riposte à la mise en examen et au placement en détention à Paris de trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire.

Les trois Algériens sont accusés d’avoir participé à la séquestration de l’opposant algérien Amir Boukhors, influenceur surnommé Amir DZ.

De son côté, Alger estime que cette mise en accusation est l’œuvre du ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau, accusé de vouloir rabaisser l’Algérie.

C’est d’ailleurs ce qui a dicté aux autorités algériennes le choix des agents français expulsés, qui sont tous en charge de la sécurité et, par conséquent, rattachés au ministère de l’Intérieur.

Se disant «consterné» par la décision algérienne, le palais de l’Élysée a fait savoir dans un communiqué que la France «procédera symétriquement» à l’expulsion de douze agents diplomatiques algériens servant sur son territoire.

Sur un ton sec et direct, le communiqué soutient que la décision d’Alger «méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires» et qu’elle est «injustifiée et incompréhensible».

Il indique, par ailleurs, que Paris a également décidé de rappeler son ambassadeur en Algérie, Stéphane Romatet, pour consultation.

Tout au long de la journée d’hier (mardi), les spéculations allaient bon train sur une possible rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Le rapprochement esquissé récemment, à la suite d’un échange téléphonique entre les deux présidents – français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune – ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique française, y compris dans les rangs de la majorité.

Mais tel n’a pas été le choix du président français, qui continue à vouloir maintenir une porte de sortie honorable, et éviter les désagréments d’une rupture nette au niveau des intérêts des deux pays et de leurs peuples.

En effet, dès l’annonce des expulsions par l’Algérie, Macron avait exprimé la nécessité de tout mettre en œuvre, dans les 48 heures imparties, pour obtenir des autorités algériennes un retour sur cette décision.

Paris indique cependant que, malgré les échanges entre le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot et son homologue algérien Ahmed Attaf, aucune évolution de position n’a été constatée.

Les autorités françaises regrettent profondément cette situation, d’autant plus qu’elle intervient à un moment où les deux chefs d’État avaient exprimé leur volonté commune de relancer un dialogue exigeant et constructif.

Cependant, Paris constate que les autorités algériennes ont fait le choix d’instrumentaliser une décision judiciaire française, prise de manière totalement indépendante, prenant ainsi la responsabilité d’une dégradation brutale des relations bilatérales.

Face à cette situation, la France fera tout pour défendre ses intérêts, notamment en matière de sécurité et de coopération migratoire, tout en rappelant à l’Algérie ses engagements internationaux, en particulier ceux qui découlent de conventions bilatérales entre les deux pays.

Néanmoins, côté français on laisse la porte ouverte en soulignant que le président de la République appelle les autorités algériennes à faire preuve de responsabilité et à revenir au dialogue qu’il avait lui-même initié avec son homologue algérien le 31 mars dernier.

Commentant cette dégradation, une source diplomatique française estime que les autorités algériennes ne peuvent pas continuer à saborder les efforts et la volonté d’aller de l’avant affichée par le président français depuis son arrivée au pouvoir en 2017.

Cette même source rappelle que si le rapprochement avec l’Algérie ne fait pas l’unanimité en France, les Algériens aussi sont appelés à accorder leurs violons, d’autant plus qu’une large frange de l’institution militaire algérienne reste elle aussi farouchement hostile à l’harmonisation.

En attendant des jours meilleurs, Paris écarte des répercussions économiques négatives et assure que la procédure reste circonscrite à la sphère diplomatique.

La visite prévue à Alger par le garde des Sceaux Gérald Darmanin est donc suspendue, de même que le sort de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu en Algérie.