PARIS: L’année qui est sur le point de s’achever était censé être une année de remise en forme avec la levée des contraintes sanitaires qui ont plombé son premier semestre.
La pandémie de Covid-19 avait mis le moral des Français en berne, le pays pataugeait dans la morosité et l’incertitude.
La vie oscillait entre des périodes de confinement qui cédaient la place au couvre-feu imposé par le président, Emmanuel Macron, pour freiner la propagation du virus.
Il a fallu tenir jusqu’au 19 mai 2021, date à laquelle la France amorçait le retour d’un semblant de vie normale avec la réouverture des bars, restaurants et autres lieux de loisir.
Le pays reprenait des couleurs même si le couvre-feu était toujours en vigueur mais repoussé à 23 heures.
Ce n’est que le 20 juin avec la levée du couvre-feu que les Français ont retrouvé la liberté, et l’espoir d’un véritable retour à la normalité renaissait.
Les rues fourmillaient à nouveau de passants, les terrasses des cafés et restaurants débordaient sur les trottoirs.
L’air était empreint d’une sorte de joie, l’ambiance était presque festive comme à la fin d’une guerre.
Face à la pandémie, le «quoi qu’il en coûte» initié par le chef de l’État a fonctionné.
Arlette Khouri
C’est d’ailleurs une guerre que les autorités françaises ont dû mener contre la pandémie qui a été circonscrite et à peu près vaincue grâce au vaccin.
Les mesures de protection telles que le masque dans les lieux publics étaient maintenues, mais l’embellie sanitaire était là, de même que le redémarrage économique.
Le «quoi qu’il en coûte» – initié par le chef de l’État pour injecter des aides massives dans les entreprises et notamment les PME pour les empêcher de sombrer à cause du ralentissement économique imposé par la pandémie – a fonctionné.
Les salariés ont repris leurs activités sur leurs lieux de travail, et le pays a recommencé à fonctionner à une cadence normale.
Mieux encore, l’embellie sanitaire s’est accompagnée d’une embellie sur le marché du travail.
Selon la Banque de France, l’activité économique a retrouvé son niveau d’avant-pandémie et la reprise s’est manifestée par une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 6,7 % en moyenne alors que le chômage a régressé pour se stabiliser à 8 % de la population active.
Parallèlement, la vie politique, un temps dominée par les aléas de la pandémie, redémarrait à son tour.
Après de longs mois de gel, le pouvoir mettait à nouveau sur la table son calendrier des réformes, particulièrement celle de l’assurance chômage et des retraites.
L’opposition – toutes tendances confondues – fourbissait en parallèle ses armes pour mettre en échec les aspirations de l’exécutif.
Entre-temps, la France vaccinait largement, la vaccination étant devenue le cœur de la stratégie gouvernementale pour contrer la pandémie.
Les Français ont reçu une première dose de vaccin, puis une deuxième s’est avérée nécessaire face au variant Alpha venu du Royaume-Uni.
Avec ses variants multiples et imprévisibles, la pandémie nourrissait les peurs et les tentations de repli, provoquant une faille sociétale entre vaccinés et ceux qui refusent le vaccin.
Arlette Khouri
Vinrent ensuite le variant Delta venu d’Inde puis, au cours des dernières semaines, le variant Omicron venu d’Afrique du Sud qui ont rendu nécessaire l’injection d’une troisième dose vaccinale.
La pandémie n’était jamais loin, mais toujours en embuscade, jouant de mauvais tours au pouvoir et aux citoyens.
Avec ses variants multiples et imprévisibles, elle nourrissait les peurs et les tentations de repli, provoquant une faille sociétale entre les vaccinés et ceux qui refusent le vaccin.
Pendant plusieurs mois, ces derniers se sont mobilisés, ils ont manifesté dans la plupart des grandes villes de France pour exprimer leur rejet du vaccin et du passe sanitaire qui va avec.
Au milieu de ce tumulte, la France a glissé dans une ambiance de précampagne présidentielle sous l’impulsion du polémiste et chroniqueur d’extrême droite, Éric Zemmour.
Arlette Khouri
Ce rejet des mesures gouvernementales qualifiées par eux de «discriminatoires et liberticides», tombait à point nommé pour l’extrême droite et l’extrême gauche en leur fournissant un angle d’attaque de la politique suivie par Emmanuel Macron.
Au milieu de ce tumulte, la France a glissé dans une ambiance de précampagne présidentielle sous l’impulsion du polémiste et chroniqueur d’extrême droite, Éric Zemmour.
Dès la rentrée, il s’est propulsé sur la scène politique par le biais de la promotion de son livre La France n’a pas dit son dernier mot, sillonnant le pays pour décliner ses propos sur l’islamisation rampante et mettant en garde contre une guerre civile inévitable à ses yeux.
Malgré l’étroitesse de son discours et son manque d’envergure présidentielle, il est parvenu à échauder les instituts de sondages et les médias qui suivaient pas à pas ces faits et gestes.
Par effet de mimétisme et même avant l’officialisation de la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle le 30 novembre dernier, de nombreux politiques ont cru bon de devoir se positionner par rapport à lui, d’autant plus que certains sondages le donnaient présent au second tour face à Emmanuel Macron.
Avant Éric Zemmour, la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait annoncé sa candidature à la présidentielle prévue en avril prochain sans susciter de remous.
D’ailleurs, depuis cette annonce, Anne Hidalgo, candidate du parti socialiste, peine à faire décoller sa campagne, étant conspuée à droite comme à gauche, pour son autoritarisme et son incapacité supposée à diriger le pays.
Ses déboires se sont aggravés le 17 décembre lorsque l’ancienne ministre socialiste Christiane Taubira a annoncé qu’elle envisageait d’être candidate à la présidentielle, fragilisant encore plus sa position.
Pendant ce temps, alors que les analystes et les sondeurs s’acharnaient à deviner qui d’Éric Zemmour ou de la dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen, va affronter Emmanuel Macron au second tour, une surprise de taille leur est tombée dessus.
La fièvre de la précampagne est tombée d’un coup car la pandémie a frappé à nouveau.
Arlette Khouri
Les résultats des primaires de la droite républicaine ont débouché sur le choix de la présidente du Conseil régional d’Île-de-France, Valérie Pécresse, pour porter les couleurs de son parti au scrutin présidentiel.
Avec ce choix, le parti Les Républicains retrouve son A.D.N. après des années de dérive et d’opération de séduction à l’adresse de l’électorat d’extrême droite, sous le fameux slogan de «la droite décomplexée».
Il est vrai que Valérie Pécresse manque de charisme, qu’elle est considérée comme trop parisienne et trop scolaire, mais elle incarne une droite traditionnelle caractérisée par un penchant pour le libéralisme économique et la fermeté sécuritaire.
Sa présence parmi les candidats à la course présidentielle a rebattu les cartes avec des sondages la donnant présente au second tour de l’élection.
Mais la fièvre de la précampagne est tombée d’un coup car la pandémie a frappé de nouveau.
Les contaminations dues au nouveau variant se sont aggravées, atteignant le niveau de cent mille cas par jour, et la menace d’un nouvel engorgement des services hospitaliers a refait surface.
Il n’est plus question de faire des pronostics électoraux ni de s’interroger sur le timing que choisira Emmanuel Macron pour annoncer la confirmation de sa candidature.
Encore une fois, la pandémie met l’exécutif à l’épreuve et des décisions doivent être prises.
Aux dernières nouvelles, le gouvernement a choisi de miser une fois de plus sur la vaccination pour ménager les vies des citoyens sans paralyser de nouveau la vie économique.
L’année 2021 se termine comme elle avait commencé, par une épreuve de force entre le pouvoir politique et la pandémie.
La nouvelle année nous dira-t-elle qui aura gain de cause?