PARIS: Le Premier ministre français, Jean Castex, a rencontré une délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM), le 16 septembre à Matignon, à laquelle étaient présents le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, et ses deux vice-présidents, Chems-Eddine Hafiz et Ibrahim Alci. L’objet de cette rencontre consiste à émettre des pistes permettant «une réforme ambitieuse» de l’islam de France. «Le chef du gouvernement a été attentif et à l’écoute et a pris le temps de répondre à nos interrogations», déclare le CFCM.
De nouvelles pistes de réformes ont été évoquées avec le Premier ministre permettant une réorganisation de l’islam de France. Ainsi, pour permettre plus de cohésion et de proximité avec les Français de culte musulman, la piste de la création de Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) a été évoquée. «Le Premier ministre s’est montré très favorable à la création des CDCM qui permettront davantage de proximité avec les acteurs du terrain et une meilleure gestion de dossiers de culte avec les préfectures, les mairies et les départements», précise le communiqué publié par le CFCM, à la suite de la rencontre avec Jean Castex.
Un autre sujet, et non des moindres, qui suscite le débat et resurgit régulièrement dans la société française, a aussi été abordé lors de cette rencontre: la formation des imams et aumôniers français.
Quelle stratégie gouvernementale contre les séparatismes?
Lors de l’annonce faite par le président de la République, Emmanuel Macron, concernant le projet de loi contre les séparatismes, ce dernier a évoqué la volonté du gouvernement de mettre fin à l’accueil des imams «détachés», notamment en provenance de Turquie et du Maghreb. Ainsi, la rencontre entre Jean Castex et la délégation du CFCM avait aussi pour objectif de définir une formation «de qualité et à même de répondre aux grandes attentes des musulmans de France dans leur vie spirituelle et dans la lutte contre les idéologies extrémistes».
Dix jours plus tard, c’est au tour de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, de recevoir la délégation du CFCM. Lors de cette rencontre, le ministre de l’Intérieur a affirmé qu’il était nécessaire «de renforcer le dialogue entre les pouvoirs publics et les cultes». Le ministre a indiqué, que dans le cadre de la future loi contre les séparatismes, il est primordial de «renforcer l’ordre républicain et promouvoir les valeurs qui fondent notre vivre ensemble».
Ce week-end, à l’occasion de sa visite dans une synagogue à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, pour la célébration de la fête juive Yom Kippour, Gérald Darmanin a déclaré lors d’un point de presse: «Nous sommes dans une situation extrêmement critique, nous sommes en guerre contre le terrorisme islamique et peut-être que nous l’avons collectivement un peu mis derrière nous.»
Parmi les pistes les plus évoquées, le gouvernement français compter accentuer la surveillance des actions des associations et aussi permettre, dans un cadre légal, la fermeture des structures qui seraient soupçonnées de séparatisme. Le projet de loi examinera aussi un des sujets des plus sensibles: la question du circuit de financement. L’exécutif souhaiterait la création de nouveaux circuits financiers, plus transparents, tout en préservant les principes fondamentaux de la loi de 1905 dont celui, essentiel, qui concerne la séparation entre les religions et l’État.
Radicalisme, les musulmans sont aussi visés
Profanations, incendies de mosquées et de lieux de culte, attaques contre des citoyens de confession musulmane dont des élus de la République, sont aussi récurrents en France, dénonce le CFCM. «La lutte contre le radicalisme se réclamant de l’islam a fait, à juste titre, l’objet de nombreuses missions et commissions parlementaires», précise le CFCM. «Il est temps que le radicalisme qui s’attaque aux citoyens de confession musulmane et à leurs institutions (…), fasse également l’objet d’une commission d’enquête parlementaire.»
«Ce projet de loi contre les séparatismes pourrait permettre de faire avancer le débat qui s’éternise auprès des politiques et des médias en France, notamment à l’approche des échéances électorales. Je suis musulmane et je condamne avec la plus grande fermeté les actes odieux des terroristes, dont celui qui a été commis récemment à Paris à proximité des anciens locaux de Charlie Hebdo», confie à Arabnews en français Malika, une Franco-Algérienne, informaticienne dans une entreprise privé. «J’espère que ce projet permettra, enfin, d’adopter u ne position, ferme et républicaine, contre tous les radicaux, les racistes, les xénophobes, tous ceux qui commettent des actes odieux contre l’ensemble des communautés religieuses en France. J’ose espérer que cela ne concernera pas uniquement les musulmans. Je souhaite vivement que ce projet de loi porte vraiment son nom: le séparatisme au pluriel, telle qu’est composée la société française aujourd’hui», ajoute-t-elle.
Pour rappel, le chef de l’État définira, le 2 octobre prochain, sa stratégie contre les séparatismes. Le projet de loi, quant à lui, sera présenté au débat à l’Assemblée nationale cet automne.