Desmond Tutu, la conscience de l'Afrique du Sud

Desmond Tutu est né le 7 octobre 1931 dans l'anonymat de Klerksdorp, petite cité minière au sud-ouest de Johannesburg. (AFP)
Desmond Tutu est né le 7 octobre 1931 dans l'anonymat de Klerksdorp, petite cité minière au sud-ouest de Johannesburg. (AFP)
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Publié le Dimanche 26 décembre 2021

Desmond Tutu, la conscience de l'Afrique du Sud

  • Volontiers blagueur, y compris à ses dépens, il n'hésitait pas à agrémenter ses harangues de quelques pas de danse et d'un rire proche du gloussement devenu sa marque de fabrique
  • Affaibli, depuis quelques temps il ne parlait plus en public. Mais il saluait les journalistes, sourire ou regard malicieux, à chacune de ses sorties récentes

LE CAP: Il était un rire, une énergie et surtout une conscience. L'ancien archevêque sud-africain Desmond Tutu est décédé dimanche à 90 ans, au terme d'une vie de combat, d'abord contre l'apartheid puis pour la réconciliation de son pays et la défense des droits de l'Homme.


Jusqu'à son dernier souffle, le prix Nobel de la paix a imposé sa petite silhouette ronde et son franc-parler légendaire pour dénoncer les injustices et écorner tous les pouvoirs, quels qu'ils soient. 


Affaibli, depuis quelques temps il ne parlait plus en public. Mais il saluait les journalistes, sourire ou regard malicieux, à chacune de ses sorties récentes, lors de son vaccin contre le Covid ou d'un office pour ses 90 ans.


"C'est un grand privilège, un honneur que les gens pensent que votre seul nom peut changer les choses", confiait le prêtre anglican en 2011.


S'ils ont inspiré les foules, les engagements de Desmond Tutu ont aussi beaucoup irrité.


Son église anglicane par exemple, quand il défendait les droits des homosexuels ("je ne pourrais pas vénérer un Dieu homophobe") ou, plus récemment, le droit de mourir dignement. La Chine aussi, chaque fois qu'il prenait partie pour le Dalaï Lama. Ou encore les gouvernements sud-africains successifs, dont il a dénoncé les turpitudes.


Même son ami Nelson Mandela n'a pas échappé à ses foudres. A son arrivée au pouvoir en 1994, Tutu a reproché à son Congrès national africain (ANC) une mentalité de "profiteur".


Ses convictions étaient fermes, mais "the Arch", un de ses surnoms, les a toujours défendues avec une joyeuse exubérance. 


Volontiers blagueur, y compris à ses dépens, il n'hésitait pas à agrémenter ses harangues de quelques pas de danse et d'un rire proche du gloussement devenu sa marque de fabrique.

Nation arc-en-ciel
Desmond Tutu a acquis sa notoriété aux pires heures du régime raciste de l'apartheid. Alors prêtre, il organise des marches pacifiques contre la ségrégation et plaide pour des sanctions internationales contre le régime blanc de Pretoria.


Seule sa robe lui épargnera la prison. Son combat non-violent est couronné du prix Nobel de la paix en 1984.


A l'avènement de la démocratie dix ans plus tard, celui qui a donné à l'Afrique du Sud le surnom de "Nation arc-en-ciel" préside la Commission vérité et réconciliation (TRC) qui, espère-t-il, doit permettre au pays de tourner la page de la haine raciale.


"Je marche sur des nuages. C'est un sentiment incroyable, comme de tomber amoureux", confie-t-il. "Nous, Sud-Africains, allons devenir le peuple arc-en-ciel du monde".


Ses espoirs sont vite déçus. La majorité noire a acquis le droit de vote, mais reste largement pauvre.


Fidèle à ses engagements, le "curé" du Cap devient alors le pourfendeur des dérives du gouvernement de l'ANC, à commencer par les errements de l'ancien président Thabo Mbeki dans la lutte contre le sida.


En 2013, il promet même de ne plus jamais voter pour le parti qui a triomphé de l'apartheid. "Je n'ai pas combattu pour chasser des gens qui se prenaient pour des dieux de pacotille et les remplacer par d'autres qui pensent en être aussi", déplore Tutu.

Témérité

Inlassable militant de l'unité raciale, il ne craint pas en 2011 de proposer une taxe sur la richesse des seuls Blancs pour corriger les inégalités. "Ils ont profité de l'apartheid", plaide-t-il. 


A l'étranger, on le voit aussi sur tous les théâtres de conflits, RDCongo, Soudan, Kenya ou Palestine. Il appelle à juger les dirigeants occidentaux pour la guerre en Irak.


Chemin faisant, il gagne le coeur de nombreuses personnalités.


Le Dalaï Lama en fait son "frère aîné spirituel", le président américain Barack Obama "un symbole de gentillesse et de paix". Et le dernier président sud-africain blanc Frederik de Klerk confessait "un immense respect pour sa témérité".


Nelson Mandela en faisait même un saint. "Dieu attend l'archevêque, il va l'accueillir à bras ouverts", écrit-il. "Si Desmond arrive au paradis et se voit refuser l'entrée, alors aucun de nous n'y entrera".


A l'inverse, l'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe, dont il a étrillé la dérive dictatoriale, le taxait de "méchant petit homme en robe".


Quand on l'interrogeait sur sa célébrité, l'archevêque souriait. Et remerciait sa famille de l'aider à garder les pieds sur terre.


"Ma femme a mis une pancarte dans notre chambre, qui dit +tu as le droit d'avoir tes opinions erronées+", racontait-il. "Ils sont là pour dégonfler la haute opinion que j'ai de moi-même!"

Vitalité stupéfiante 
Desmond Tutu est né le 7 octobre 1931 dans l'anonymat de Klerksdorp, petite cité minière au sud-ouest de Johannesburg.


Enfant, il souffre de poliomyélite. Marqué par cette expérience, il veut devenir médecin mais y renonce faute de moyens. Il sera enseignant, avant de démissionner pour protester contre l'éducation de moindre qualité réservée aux Noirs et d'entrer au séminaire.


Ordonné prêtre à 30 ans, il étudie et enseigne au Royaume-Uni et au Lesotho, puis s'établit à Johannesburg en 1975. Avant d'être nommé archevêque du Cap et chef de la communauté anglicane de son pays.


Il était marié depuis 1955 à Leah, dont il a eu quatre enfants.


Malgré un cancer de la prostate diagnostiqué en 1997 et plusieurs séjours à l'hôpital, cet homme d'une vitalité stupéfiante ne s'est retiré que très progressivement de la vie publique, partageant un compte Twitter avec sa fille Mpho, qui dirige sa Fondation.


Jusqu'au bout, il s'est accroché à son rêve d'une Afrique du Sud multiraciale et égalitaire.


A la mort de Nelson Mandela en 2013, Desmond Tutu avait réveillé une cérémonie officielle bien ennuyeuse en faisant hurler un puissant "oui" à la foule après lui avoir lancé "nous promettons à Dieu que nous allons suivre l'exemple de Nelson Mandela!"


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.