BAGDAD: Des centaines d'Irakiens ont laissé exploser leur colère mardi lors de l'enterrement de cinq enfants et deux femmes d'une même famille fauchés la veille par une roquette tirée vers l'aéroport de Bagdad, où sont postés des soldats américains.
« Ce village, c'est comme un petit Irak, si le gouvernement n'est pas capable de le protéger, comment pourrait-il assurer la sécurité de l'Irak tout entier ? », s'emporte un des membres du cortège funéraire du village d'Al-Bouchaabane, à quelques kilomètres de l'aéroport de Bagdad.
Cette tragédie est une nouvelle étape dans le bras de fer entre le gouvernement de Moustafa al-Kazimi, pris en étau entre ses alliés américain et iranien, et des groupes armés pro-Iran qui disent vouloir bouter hors d'Irak « l'occupant américain ».
Si les attaques à la roquette contre l'ambassade américaine, des convois logistiques irakiens ou des bases abritant des soldats américains sont désormais quasi-quotidiennes, elles ne font guère de victimes en général.
Mais le bilan de l'attaque de lundi soir est sans précédent et place les groupes armés pro-Iran dans une position délicate vis-à-vis d'une opinion publique excédée par des années de violences et de rançonnements des diverses factions armées du pays.
Signe que les conséquences pourraient être lourdes pour ces groupes, les comptes pro-Iran qui habituellement saluent rapidement sur les réseaux sociaux ce genre d'attaque, sont restés silencieux.
Cette nouvelle attaque contre des intérêts américains, la dernière d'une série d'une quarantaine depuis début août, intervient alors que Washington a menacé de fermer son ambassade et de retirer ses 3 000 soldats d'Irak si les tirs de roquette ne cessaient pas.
Devant la petite maison d'Al-Bouchaabane, non loin du cratère creusé par la roquette, des trous dans les murs laissés par ses éclats et de flaques de sang, des dizaines de dignitaires tribaux en keffieh reçoivent les condoléances.
Plusieurs haut-gradés et officiels ont fait le déplacement pour rassurer, mais pour les centaines d'Irakiens qui entourent les cercueils, « on n'est nulle part en sécurité », selon les mots de plusieurs d'entre eux qui rapportent comment les enfants ont été fauchés, alors qu'ils jouaient devant leur maison, profitant de la fraîcheur de la fin de journée.