BASSE-TERRE : "S'il le faut, on passera Noël ici". Dans l'hémicycle de la région Guadeloupe qu'ils ont envahi jeudi, les manifestants antipass sanitaire et obligation vaccinale des soignants assurent une nouvelle fois de leur détermination à rester mobilisés.
Ils sont des dizaines a être entrés de force jeudi en fin de matinée à l'issue d'une séance plénière des élus dans l'hémicycle à Basse-Terre, provoquant des dégradations et suscitant une condamnation unanime des responsables politiques de Guadeloupe. Certains y ont passé la nuit.
"On est là et tant qu’on n’a pas d’engagement ferme (des autorités sur les revendications, NDLR), une rencontre urgente, eh bien on reste là. S'il le faut on passera Noël ici. Mais on restera là", affirme dans l'hémicycle Maïté Hubert M’toumo, secrétaire générale de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG).
Ce coup d'éclat intervient après des semaines de contestation contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale faite aux soignants sur fond de crise sociale.
"C'est devenu la maison du peuple", a déclaré à la presse locale Gaby Clavier, syndicaliste de la branche santé de l'UGTG, après une réunion avec le président de région Ary Chalus.
A l'issue d'une rencontre avec lui, les manifestants ont décidé de passer la nuit de jeudi à vendredi dans l'hémicycle. Ils doivent maintenant trancher sur la suite à donner au mouvement.
L'Etat, que les manifestants veulent voir venir à la table des pourparlers, exclut, lui, toute négociation qui viserait à "abroger une loi de la République", en l'occurrence celle sur l'obligation vaccinale des soignants.
Jeudi, sur la place du Conseil régional, certains jouaient et dansaient sur du gwoka, musique traditionnelle guadeloupéenne, pendant qu'à l'intérieur s'élevaient des chants en créole.
Dans l'hémicycle, une manifestante assure: "Nous ne sommes pas des casseurs. Il n'y a que des travailleurs".
Certains s'énervent contre les élus.
"Une fois de plus on voit leur mépris, qu’ils n'en ont rien à faire, ils ne sont là que pour leur mandat, que pour leur argent", lance l'une d'eux.
Familles « sans revenus »
Pour Maïté Hubert M’toumo, de l'UGTG, "le problème c'est qu’on dit qu'on a une représentation politique qui aujourd’hui n’est pas légitime". "Pour qu’elle soit légitime, il faut qu’elle puisse répondre aux revendications des travailleurs et du peuple, et ce n'est pas la situation actuelle", fait valoir la représentante syndicale.
Raphaël Cécé, membre du journal Rebelle, argumente: "Nous ne sommes pas contre le vaccin, mais nous nous battons contre cette injustice de la sanction, de la suspension contre les soignants, obligés de se faire vacciner".
Depuis plusieurs mois "il y a eu les barrages, aujourd’hui il y a la mobilisation à la région, pour réclamer la réintégration immédiate de ces soignants et de ces pompiers dans leur travail. C’est le premier point", défend-il.
Les manifestants se veulent déterminés. "On est là jusqu’à tant, parce que là, on a des mères et des pères de famille qui sont en souffrance, on ne peut pas penser aller fêter Noël en les laissant seuls, sans revenus", plaide Jean-Pierre Baden, membre de la Confédération générale du travail de Guadeloupe (CGTG).
Teddy Bernadotte, conseiller d'Ary Chalus, a participé à l'entretien avec une délégation de manifestants. "C’est une crise qu’on essaie de gérer depuis trois mois, donc je suis très prudent, je ne sais pas ce qu’il va se passer", dit-il.