Exclusif: Le président arménien se félicite d’ouvrir une «nouvelle page» avec l’Arabie saoudite

Le président arménien Armen Sarkissian remercie le monde arabe d’avoir accueilli son peuple après le génocide (Photo, Arab News)
Le président arménien Armen Sarkissian remercie le monde arabe d’avoir accueilli son peuple après le génocide (Photo, Arab News)
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Publié le Jeudi 23 décembre 2021

Exclusif: Le président arménien se félicite d’ouvrir une «nouvelle page» avec l’Arabie saoudite

  • L’Iran ne joue aucun rôle sécuritaire ou militaire en Arménie
  • Le prince héritier saoudien «mène l’Arabie saoudite dans la bonne direction»

EREVAN: Lorsqu’il décrit sa vision pour l’Arménie, Armen Sarkissian aime répéter la phrase «petit pays, État mondial». En tant que président de la République, il ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit des forces, des faiblesses et des opportunités de son pays ainsi que des menaces auxquelles il est confronté.

Avec une superficie de 29 743 km2, l’Arménie est comparable en taille à la Belgique ou à l’État américain du Maryland. Cependant, si le pays compte moins de trois millions de citoyens, la diaspora arménienne dans le monde est estimée entre cinq et sept millions, les États-Unis en comptant à eux seuls jusqu’à 1,5 million d’Arméniens.

Réputés pour leurs contributions au niveau mondial, notamment dans le monde arabe, les Arméniens ont laissé leur empreinte dans les domaines de la science, de la politique, du sport, de la culture et du divertissement. C’est probablement la raison pour laquelle Sarkissian ne considère pas seulement la diaspora de son pays comme un atout majeur, mais va jusqu’à dire que les Arméniens de l’étranger sont une ressource nationale aussi importante que le pétrole pour les pays du Golfe. En fait, il croit tellement à cette idée qu’il souhaite que la constitution de son pays soit modifiée, afin de permettre à davantage d’Arméniens vivant à l’étranger de participer au gouvernement.

«Selon la constitution, un Arménien de l’étranger ne peut pas devenir ministre à moins de vivre les quatre dernières années en Arménie, et de ne posséder qu’un passeport arménien, ce que je considère comme une absurdité totale dans ce nouveau monde», a-t-il déclaré à Arab News dans sa première interview avec un média saoudien. «Cela devrait être l’inverse. Il faut faire venir des gens qui ont beaucoup de succès dans le monde entier. Il y a des centaines de milliers de personnes expérimentées mais nous ne les utilisons pas. Imaginez un État du Golfe qui déciderait de ne pas utiliser le pétrole.»

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Armen Sarkissian (à droite) assis près du prince héritier, Mohammed ben Salmane (à gauche), lors de la conférence de la Future Investment Initiative. (Photo, SPA)

En outre, Sarkissian pense qu’il faut investir massivement dans le capital humain au niveau national et il est fier de ce que l’Arménie a réalisé dans les domaines de la technologie et de la science, chose que, selon lui, toutes les nations intelligentes, comme l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, font déjà.

Mais malgré cette vision prometteuse, l’ambiance n’est pas si positive à Erevan, car les citoyens sont parfaitement conscients des faiblesses de leur pays et des menaces auxquelles il est confronté. Les ombres géopolitiques du passé semblent hanter le présent, tout comme la flamme éternelle au cœur de Tsitsernakaberd, le mémorial du génocide dédié à la vie des 1,5 million d’Arméniens qui ont péri aux mains de l’Empire ottoman en 1915-1916.

La Turquie actuelle — l’un des quatre voisins de l’Arménie, avec l’Iran, la Géorgie et l’Azerbaïdjan — ne reconnaît toujours pas le génocide et reste en désaccord avec Erevan. L’année dernière, une deuxième guerre a éclaté entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Une fois encore, le conflit portait sur la région contestée du Haut-Karabakh, internationalement reconnue comme azérie. La Turquie a publiquement soutenu Bakou, tandis que l’Iran aurait discrètement soutenu l’Arménie, bien que cela soit contesté par certains universitaires et analystes à Erevan.

La guerre s’est achevée par une victoire azérie et un cessez-le-feu négocié par la Russie, laissant l’Arménie confrontée à une lutte pour empêcher les dures réalités géopolitiques du présent d’interférer avec sa vision ambitieuse de l’avenir.

C’était un défi pour Sarkissian, mais cela signifiait aussi la découverte de nouveaux horizons et de nouvelles opportunités nécessaires pour l’Arménie. Une opportunité évidente était l’Arabie saoudite qui, depuis l’année dernière, plaide pour une solution pacifique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Une visite historique

Sarkissian a marqué l'histoire en octobre lorsqu'il est devenu le premier président arménien à se rendre en Arabie saoudite depuis l'indépendance de son pays en 1991. Bien que les deux pays n'aient jamais été hostiles l'un à l'autre, ils n'ont pas non plus de relations diplomatiques depuis que Riyad a soutenu la position de l'Azerbaïdjan dans la première guerre du Karabakh de 1988 à 1994.

Sarkissian affirme que cette situation est «regrettable» et que l'un de ses «premiers objectifs» en devenant président en 2018 était d'établir des liens diplomatiques avec le Royaume, qu'il décrit comme un «État très important, très influent et très éminent, ainsi que le gardien de la foi de l'Islam».

Lors de sa visite, Sarkissian s'est assis à côté du prince héritier, Mohammed ben Salmane, à la conférence de la Future Investment Initiative, souvent appelée «Davos du désert.» Il a révélé à Arab News la teneur de ses discussions avec le prince héritier, qui, selon lui, n’ont pas été longues, mais «très spécifiques».

«Tout d'abord, il s'agissait d'une discussion sur le respect des deux parties l'une pour l'autre en tant que nations, en tant qu'États, et en tant qu’individus. Le deuxième sujet que nous avons évoqué était celui de nos relations diplomatiques, et nous sommes convenus qu'en réalité nos liens diplomatiques ont commencé avec cette visite. J'ai ainsi invité le ministre d'État et le ministre des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, et bien sûr Son Altesse Royale, à visiter l'Arménie.

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Sarkissian (à gauche) a confié à Abbas (à droite) que l’échange d’ambassadeurs et l’ouverture d’ambassades n’est qu’une question de temps qui relève des départements concernés de son gouvernement et du ministère saoudien des Affaires étrangères. (Photo, Ziad al-Arfaj)

«La troisième partie la plus importante de notre discussion était axée sur l'avenir, et j'ai été très heureux de constater lors de mes entretiens avec Son Altesse Royale qu'il était très concentré sur l'avenir de son pays, sur l'avenir de la région, sur l'avenir du Golfe et l'avenir du monde.»

Sarkissian a déclaré que l’échange d'ambassadeurs et l'ouverture d'ambassades n’est qu’une question de temps qui relève des départements concernés de son gouvernement et du ministère saoudien des Affaires étrangères. «Pour être honnête, pour moi c'est secondaire, car ce dont nous sommes convenus, c'est de considérer que nous avons ouvert une nouvelle page dans nos relations», a-t-il précisé.

Sarkissian regrette que sa visite ait été limitée à une seule journée. Il a toutefois rencontré de nombreuses personnes – et le principal facteur d'influence pour lui a été sa conversation avec le prince héritier. «Je crois en sa sincérité en tant que dirigeant, et en la direction dans laquelle il mène son pays, et c'est tout à fait la bonne direction», a-t-il déclaré.

Cependant, l'Arménie entretient également des relations amicales avec l'Iran, un régime tristement célèbre pour s'ingérer dans les affaires de ses voisins et influencer les décisions pour servir ses intérêts. Cela découragerait-il toute perspective de normalisation des relations avec l'Arabie saoudite et les États arabes modérés? «Non, pas du tout», répond Sarkissian. L’Arménie n’est pas un État religieux et entretient déjà «d’excellentes relations» avec les pays arabes ainsi qu’avec l’Iran, qui «n’a pas emprunté la voie de la destruction du patrimoine ou des églises arméniennes – le gouvernement a en fait financé la restauration des églises arméniennes en Iran».

Il explique qu'il est dans l'intérêt de son pays d'entretenir de bonnes relations avec Téhéran. «Nous sommes un État enclavé», et Erevan a déjà des relations problématiques avec deux voisins (la Turquie et l'Azerbaïdjan). Il ne peut donc pas se permettre de perturber les relations qu'il entretient avec les deux autres, l'Iran et la Géorgie, qu'il décrit comme la porte de son pays vers la Russie et la mer Noire.

Néanmoins, Sarkissian comprend ce qu'il appelle les «préoccupations» de l'Arabie saoudite. «Je comprends et je vois les tensions, je comprends et je vois l'Iran et le Golfe, l'Iran et le Liban, d'accord, et je vois ce que l'Arabie saoudite fait dans la région et le Golfe.»

Mais quelle est exactement l’étendue des relations arméno-iraniennes? Téhéran joue-t-il un rôle militaire ou s’ingère-t-il dans les affaires de sécurité ou de politique, comme il le fait avec presque tous ses voisins?

«Je comprends les préoccupations de l’Arabie saoudite. Je comprends et je vois les tensions, je comprends et je vois l’Iran et le Golfe, l’Iran et le Liban»

«Ils n'interfèrent pas dans les domaines militaire ou sécuritaire», insiste Sarkissian. «Ils ont leurs intérêts dans ce qui se passe actuellement dans le sud de l'Arménie, ce qui intéresse bien sûr l'Iran.» Erevan et Téhéran entretiennent des relations historiques et culturelles et ont des intérêts mutuels tels que l'énergie et le commerce, affirme-t-il.

Mais qu'en est-il de la perception du soutien secret de Téhéran à l'Arménie pendant la récente guerre du Karabakh? Et comment le président Sarkissian interprète-t-il les exercices militaires iraniens près de la frontière azérie?

«C'est leur propre politique, ils n'interfèrent pas en Arménie», répond-il. «Je pense […] que s'ils sentent qu'un danger se produit à leurs frontières, c'est leur problème interne.»

Sarkissian rejette également fermement l’idée selon laquelle le conflit du Karabakh n'était pas seulement un litige territorial, mais aussi une guerre de religion entre l'Arménie à majorité chrétienne et l'Azerbaïdjan à majorité musulmane. «Le conflit n'a jamais été une guerre de religion», soutient-il. «L'Arménie entretient d’excellentes relations avec de nombreux pays où l'Islam est une religion majeure, des pays où l'Islam est la seule religion, ou des pays qui ont l'Islam comme religion d'État.»

«L'autre partie (se référant à l'Azerbaïdjan et à la Turquie) aime parfois utiliser cela (la description de la «guerre de religion») afin d'obtenir le soutien du monde islamique, mais l'Arménie n'a jamais essayé d'obtenir le soutien des pays chrétiens.»

Par ailleurs, plusieurs analystes arméniens ont critiqué ce qu'ils décrivent comme le soutien ouvert et idéologique du Pakistan à l'axe azerbaïdjano-turc, et affirment que les exercices militaires conjoints avec la partie azérie compliquent encore la situation. Sarkissian précise qu'Erevan n'a pas de relations diplomatiques avec le Pakistan: «J'essaie de les établir, parce que je ne suis pas d’avis que si quelqu'un soutient mon concurrent ou l'ennemi, je ne dois pas lui parler.

«Le Pakistan n'est pas un pays que nous pouvons ignorer. Nous ne sommes pas en mesure d'entrer en guerre avec le Pakistan, c'est complètement absurde. Nous devrions essayer de dialoguer et de voir où cela nous mène, et encore une fois, je ne vois aucune contradiction entre le fait d’avoir un dialogue avec le Pakistan et nos profondes et étroites relations avec l'Inde.»

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La paix dans le Caucase du Sud

Le vice-président turc, Fuat Oktay, a déclaré la semaine dernière qu'Ankara s’efforçait de faire progresser le dialogue avec l'Arménie, en coordination avec l'Azerbaïdjan. «La Turquie défend non seulement la normalisation des relations avec l'Arménie, mais aussi la paix et la stabilité dans l’ensemble du Caucase», a-t-il révélé. La Turquie s'est engagée dans une série de conflits régionaux ces dernières années, et son économie s'est maintenant détériorée à des niveaux sans précédent. Bien qu’il ne s’agisse pas de la première tentative de combler le fossé entre les deux voisins, de nombreux observateurs estiment que les difficultés politiques et économiques d'Ankara représentent une véritable opportunité pour l'Arménie.

Alors, Erevan accueille-t-elle ces développements? Cette bonne volonté arménienne exprimée par son président s'étend-elle à la Turquie, son grand rival?

«L'Arménie est politiquement divisée, surtout après la guerre, comme vous pouvez l'imaginer», explique Sarkissian. «Quand vous avez une guerre, que vous la perdez et qu’autant de tension se fait sentir, l’État n'est pas homogène dans son comportement. Je ne dirais jamais que je parle au nom de tous les Arméniens.

«Je suis le président d'une république parlementaire, je suis le chef de l'État, mais je ne suis pas le pouvoir exécutif qui gère les affaires courantes du gouvernement. C'est le gouvernement qui doit répondre à la partie turque et à l'offre.» Il aurait tort de commenter ou de juger à ce stade, dit-il.

«Tout accord… doit passer par un processus formel de présentation au Parlement», explique-t-il. «Je m’exprimerai à son arrivée sur ma table. En tant que président de la République, je peux soit signer tout ce qui a été convenu – si je considère que c'est en harmonie avec l'intérêt national de l'État et du peuple arménien – soit j'ai la possibilité de ne pas le signer, et de l'envoyer, par exemple, à la cour constitutionnelle afin que les meilleurs juristes puissent discuter de cette question et me donner des conseils.»

Quant à l'Azerbaïdjan, étant donné que la communauté internationale a reconnu le Karabakh comme azéri et que les tentatives de résolution du problème se poursuivent, Sarkissian voit-il un rôle pour des organismes régionaux ou religieux influents tels que le Conseil de coopération du Golfe ou l'Organisation de coopération islamique dans le soutien des efforts de paix dans le Caucase?

«Mon conseil serait le suivant: essayons de trouver une solution logique qui serait acceptable pour les deux parties. Toute solution forcée ne durera pas», signale-il. Sarkissian soutient que ce sont les Azéris qui devraient proposer des compromis pour assurer une paix durable. «Il n'y a pas grand-chose sur lequel la partie arménienne peut faire des compromis aujourd'hui», dévoile-il. «Nous aurions pu faire des compromis à partir de 1994, lorsque nous étions victorieux… C'était le moment de faire des compromis et de parvenir à une solution diplomatique plutôt qu'à une solution de guerre. C'est un grand regret, car des milliers de jeunes vies ont été perdues pour quelque chose qui aurait pu être obtenu par des voies diplomatiques.»

«Essayons de trouver une solution logique qui serait acceptable pour les deux parties. Toute solution forcée ne durera pas»

Néanmoins, la guerre n’a pas été une perte totale pour l'Arménie. Sarkissian établit une analogie intéressante avec la Turquie, et explique pourquoi il y a encore beaucoup d'opportunités pour son pays.

«Pendant la guerre, nous avons perdu. Mais la devise arménienne, le dram, était stable. Elle a perdu un peu, mais après la guerre, elle est devenue plus forte qu'avant. Par rapport au dollar américain, la livre turque a baissé de façon spectaculaire.»

La principale différence, selon Sarkissian, est que l'Arménie a sauvegardé l'indépendance de sa banque centrale, contrairement à la Turquie. «Il y a quelque chose que nous avons fait au début des années 1990; nous avons reconstruit notre secteur bancaire. Nous avions plus de 150 banques et, comme dans toutes les républiques soviétiques, la plupart étaient des systèmes pyramidaux, mais nous avons réussi à faire venir des banques internationales.

«La première banque était la HSBC, je suis fier de dire que je les ai fait venir ici, et ils nous ont aidés à mettre en place nos lois dans le secteur bancaire. Et en Arménie, nous avons une banque centrale qui est vraiment indépendante du gouvernement.»

Le secteur banquier n'est pas le seul secteur dont Sarkissian est fier. Il fait l'éloge des secteurs technologique et agricole de l'Arménie, et même de l'eau naturelle de son pays. Sirotant une bouteille d'eau plate d'origine locale, il explique à quel point son pays est riche en eau naturelle et insiste sur le fait qu'il peut en distinguer les différents goûts, comme un connaisseur en vin.

L'Arménie a rejoint l'Union économique eurasienne en 2015, mais entretient également de solides relations économiques avec l'UE. Selon Sarkissian, les alignements fiscaux et douaniers qui en découlent constituent une opportunité pour les entreprises du Golfe et d'autres pays de s'enregistrer en Arménie et d’y gérer leurs affaires. «Plusieurs pays, dont Singapour, souhaitent approfondir leurs relations avec l'Union économique eurasienne, et l'Arménie peut être une porte d'entrée», ajoute-il.

Un message au monde arabe

Sarkissian rappelle le rôle crucial joué par les États du Golfe et le monde arabe dans l'accueil des Arméniens qui ont échappé au génocide de 1915-1916.

«Ils ont trouvé refuge en Syrie, au Liban, en Égypte, dans les États du Golfe, dont l'Arabie saoudite», explique-il. «Je profite de cette occasion pour remercier ces nations, et les chefs d'État de tous ces États du Moyen-Orient, en particulier les États arabes, qui ont été si fraternels avec nous.

«Ce sont des États où la religion principale est l'islam, ou la seule religion est l'islam, et ils ont accueilli des Arméniens sans abri qui étaient chrétiens comme leurs frères et sœurs. C'est donc l'occasion de les remercier.»

De manière significative, plus de cent ans plus tard, cette migration se produit en sens inverse, les Arméniens fuyant leur situation désespérée dans des pays comme la Syrie et le Liban. Sarkissian estime que, certainement dans le cas du Liban, il serait préférable d’aider la communauté arménienne à rester dans son pays d'adoption.

«Il y a cinq ou dix ans, c'était un pays qui vivait en harmonie», déclare-il. «Bien sûr, il y avait des ingérences, mais ce qu'ils ont mal fait, c’était l’aspect financier, à cause de la structure de la constitution et de la façon dont ils géraient leurs affaires.

«Mais j'aimerais bien aider notre communauté arménienne là-bas à rester, car il y a beaucoup de culture, beaucoup de présence, et ils sont importants, tout comme nos communautés arméniennes dans de nombreux autres endroits.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".