A Erevan, des bougies et des fleurs pour commémorer le massacre des Arméniens

Les Arméniens marquent le 106e anniversaire des massacres de centaines de milliers d'Arméniens pendant la Première Guerre mondiale, alors que l'Empire ottoman s'effondrait. Les Arméniens ont longtemps cherché à faire reconnaître internationalement ces massacres comme un génocide, avec le soutien de nombreux autres pays, mais cette demande a été farouchement rejetée par la Turquie. (Karen MINASYAN / AFP)
Les Arméniens marquent le 106e anniversaire des massacres de centaines de milliers d'Arméniens pendant la Première Guerre mondiale, alors que l'Empire ottoman s'effondrait. Les Arméniens ont longtemps cherché à faire reconnaître internationalement ces massacres comme un génocide, avec le soutien de nombreux autres pays, mais cette demande a été farouchement rejetée par la Turquie. (Karen MINASYAN / AFP)
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Publié le Samedi 24 avril 2021

A Erevan, des bougies et des fleurs pour commémorer le massacre des Arméniens

  • La foule s'est rendue depuis le centre-ville de la capitale jusqu'au mémorial dédié aux victimes de ce que l'Arménie, une trentaine de pays du monde et une communauté d'historiens qualifient de génocide, un terme rejeté avec véhémence par la Turquie
  • Emmanuel Macron s'est rendu samedi midi devant un mémorial du génocide arménien au centre de Paris, pour "participer à un moment de recueillement"

EREVAN : Des milliers d'Arméniens ont défilé samedi, des bougies et des fleurs à la main, à Erevan pour commémorer le 106e anniversaire des massacres d'Arméniens par l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale.

La foule s'est rendue depuis le centre-ville de la capitale jusqu'au mémorial dédié aux victimes de ce que l'Arménie, une trentaine de pays du monde et une communauté d'historiens qualifient de génocide, un terme rejeté avec véhémence par la Turquie.

Des militaires, des dignitaires religieux, des femmes avec des enfants et les autorités du pays, dont le Premier ministre Nikol Pachinian, sont venus se recueillir près de ce mémorial surplombant Erevan, comme c'est la tradition en Arménie tous les 24 avril, jour du début des massacres en 1915.

Samedi, le président américain Joe Biden devrait aussi reconnaître ces massacres d'Arméniens comme un génocide, un geste qui risque d'aggraver davantage les tensions entre Washington et Ankara, membre de l'Otan.

Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d'Arméniens ont alors été tués par l'Empire ottoman.

Mais Ankara refuse l'utilisation du terme "génocide" et récuse toute velléité d'extermination, évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.

La colère des Arméniens contre la Turquie ne fait que monter depuis la défaite de l'Arménie cet automne dans la région séparatiste du Nagorny-Karabakh, face à l'Azerbaïdjan soutenu par la Turquie.

Le Premier ministre arménien a qualifié ce conflit qui a éclaté en septembre et s'est terminé six semaines plus tard, après par un cessez-le-feu signé en vertu d'une médiation de la Russie, d'"agression azerbaïdjano-turque visant à anéantir la trace arménienne" au Karabakh.

'Idéologie génocidaire' 

"La politique étrangère expansionniste de la Turquie et ses aspirations territoriales à l'égard de l'Arménie sont une preuve de la renaissance de leur idéologie génocidaire", a affirmé M. Pachinian dans un communiqué publié samedi matin.

"L'Arménophobie est l'essence du panturquisme, et aujourd'hui nous pouvons voir ses manifestations les plus dégoûtantes en Azerbaïdjan", a-t-il ajouté.

Armé par la Turquie, l'Azerbaïdjan a infligé en automne une défaite humiliante à l'Arménie qui avait vaincu les forces de Bakou lors d'une première guerre dans les années 1990.

L'Arménie a ainsi dû céder d'importants territoires au Nagorny-Karabakh qu'elle avait contrôlé depuis des décennies, en vertu d'un cessez-le-feu négocié sous l'égide de Moscou qui a déployé ses soldats de maintien de la paix dans la région.

Durant la guerre, l'Arménie a accusé la Turquie d'être impliquée directement dans les combats, ce qu'Ankara dément. Plusieurs pays dont la France ont également dénoncé l'envoi aux côtés des forces azerbaïdjanaises de combattants pro-turcs venus de Syrie.

"La vieille plaie s'est rouverte et saigne de nouveau", dit à l'AFP Sonik Petrossian, une retraitée de 72 ans, en se souvenant de cette dernière guerre de six semaines qui a fait plus de 6.000 morts des deux côtés.

"Les Arméniens doivent rester unis pour que le pays puisse surmonter ces difficultés", estime-t-elle en déposant des fleurs près du mémorial aux victimes des massacres.

Vendredi soir, près de 10.000 personnes avaient défilé à Erevan, portant des flambeaux, pour rendre hommage à ces victimes. Des militants du parti nationaliste et d'opposition Fédération révolutionnaire arménienne (FRA), qui étaient à la tête du cortège, ont brûlé eux des drapeaux turcs et azerbaïdjanais.

Génocide arménien : Macron se recueille devant un mémorial à Paris

Emmanuel Macron s'est rendu samedi midi devant un mémorial du génocide arménien au centre de Paris, pour "participer à un moment de recueillement" en ce 24 avril, devenu en 2019 Journée nationale de commémoration du génocide de 1915, a constaté l'AFP.

Arrivé place du Canada, où a été érigé en 2003 un monument en mémoire du génocide, il devait se recueillir aux côtés de la maire de Paris Anne Hidalgo, de l'ambassadrice d'Arménie Hasmik tolmajyan, ainsi que des co-présidents du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, Ara Toranian et Mourad Papazian.

Son geste survient alors que dans la journée Joe Biden devrait devenir le premier président américain à reconnaître le génocide arménien, reconnu par une trentaine de pays mais vigoureusement contesté par la Turquie.

Il s'inscrit aussi sur fond de tensions entre la France et la Turquie, régulièrement accusée d'ingérence auprès des musulmans français. La loi contre le séparatisme islamiste voulue par Emmanuel Macron, qui veut notamment lutter contre les influences étrangères sur les musulmans français, a également suscité une violente réaction du président turc contre Paris.

En février 2019, le chef de l'Etat avait annoncé que le 24 avril deviendrait Journée nationale de commémoration du génocide arménien, que la France a reconnu le 29 janvier 2001. C'est la première fois depuis qu'il participe à une commémoration officielle de cette journée.

La date du 24 avril, la même que celle retenue en Arménie et dans de nombreux pays, correspond au jour d'une rafle d'intellectuels arméniens assassinés à Constantinople par le pouvoir ottoman.

Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l'Autriche-Hongrie.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.